Oui si Néjib, j’ai lu ce matin votre déclaration. Elle est bien écrite et résume parfaitement la situation actuelle du pays. D’abord, peu de Tunisiens vont la lire parce que l’accès à internet en particulier et à l’information émanant de l’opposition radicale en général parvient à peu de monde. Et puis cette déclaration, aussi pertinente soit-elle, ressemble à tant d’autres, qu’elle émane de votre part ou d’autres dirigeants de l’opposition, n’a jamais constitué une solution efficace pour résoudre les problèmes du pays. Si vous comptez vous adresser à ceux qui détiennent le pouvoir et leur demander de le changer, vous perdez carrément votre temps, tout simplement parce que changement causera leur perte. Si vous exigez une alternance démocratique qui passe par des élections transparentes, vous pétrissez la pâte dans un ustensile troué, comme on dit dans le monde rurale tunisien » tethred fi halleb mag’our « , parce que la mentalité des Arabes n’a jamais respecté la volonté populaire et les clans qui dirigent aujourd’hui le pays ne veulent tout simplement pas courir le risque de rendre des comptes après leur déposition.
Alors que faire, me diriez-vous, comme l’a écrit en son temps Lénine? C’est à cela que les intellectuels de l’opposition démocratique doivent s’atteler. Sortir pour une fois des sentiers battus, des discours creux, de la simple phraséologie, des slogans, de la seule lutte pour les droits de l’homme, pour dessiner des stratégies de lutte nouvelles, proposer un programme d’alternance, réécrire l’histoire de ce pays, analyser les divers bouleversements de la société. Il est temps de parler des problèmes réels des gens et des moyens de les résoudre. Il est urgent d’éduquer politiquement le peuple et de lui inculquer les moyens réels qui lui permettent de prendre son destin en main. Il est temps pour que tout le monde comprenne que sans sacrifice, sans unité, sans stratégie efficace, sans travail sur le terrain des luttes et des revendications, rien ne changera.
Les » vieux briscards » des premiers mouvements de lutte des années 60 à 80, par exemple, devraient ne plus se suffire de l’activisme politique dans les cafés et lieux privilégiés de Tunis pour se mettre à table et écrire leurs expériences, leur luttes, la vision qu’ils ont de la société actuelle, les leçons qu’ils tirent de leurs échecs. etc.. Et c’est déjà énorme car la génération actuelle va en bénéficier et ainsi mieux comprendre l’Histoire récente de son pays, pour mieux lutter après.
Cela fait 52 ans que les discours ne constituent que des voeux pieux et les changements dûs à une seule personne ou à un groupe de personnes, sans l’implication de la population, se sont avérés un leurre et une nouvelle confiscation du pouvoir.
Regardez du côté de l’Amérique latine et même de l’Afrique. Des peuples entiers se sont libérés du joug des dirigeants de leurs pays corrompus et répressifs parce qu’il y a eu stratégie de lutte, unité d’action, programme d’avenir, éducation politique et esprit de sacrifice pour une noble cause.
Il est quand même extraordinaire que la déclaration d’Ahmed Néjib Chabbi ne contient aucun appel à la solidarité effective et concrète de la part des autres régions et des organisations qui militent pour un changement dans le pays. Ni appel à une quelconque grève, manifestation, protestation ou quête pour soutien matériel des habitants du bassin minier.
On dirait, en réalité, que les dirigeants de l’opposition démocratique et des organisations des droits humains, sont là à guetter un quelconque événement de protestation ou de lutte spontané suivies de répression pour s’en emparer après avec de simples déclarations de soutien et de compassion, afin d’en tirer un profit politique personnel!
La stratégie actuelle de l’opposition démocratique tunisienne me rappelle la pièce de Samuel Beckett, « En attendant Godot », qui exprime une vaine attente puisque dans cette pièce, deux misérables clochards essaient de tuer le temps dans l’attente du mystérieux individu pour les sauver. C’est exactement le cas du peuple tunisien et de son opposition.
Houcine.Ghali – TUNISNEWS – Dimanche 08 juin2008
Voici Le texte de la déclaration d’ Ahmed Nejib Chebbi :
DECLARATION
Un mort et des dizaines de blessés par balles sont tombés à l’issue d’une nouvelle journée d’affrontements entre la population et les forces de l’ordre à Rédeïef, ville minière du Sud-ouest tunisien.
La persistance de la contestation sociale dans le bassin minier depuis le 5 janvier dernier et la tournure dramatique des derniers évènements attestent de la gravité de la situation et de l’inanité des atermoiements de la politique gouvernementale. La crise est grave et grosse de menaces quant à la stabilité sociale et politique du pays.
Les habitants de Redeïef, Moulares et Metlaoui, réclament plus d’égalité dans la répartition des richesses nationales, plus de transparence et une égalité des chances dans l’emploi.
Le mouvement est en effet parti d’une protestation contre le népotisme et l’opacité dans le recrutement à la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et contre le chômage endémique qui sévit dans une région particulièrement frappée par la pauvreté.
Oui si Néjib, j’ai lu ce matin votre déclaration. Elle est bien écrite et résume parfaitement la situation actuelle du pays. D’abord, peu de Tunisiens vont la lire parce que l’accès à internet en particulier et à l’information émanant de l’opposition radicale en général parvient à peu de monde. Et puis cette déclaration, aussi pertinente soit-elle, ressemble à tant d’autres, qu’elle émane de votre part ou d’autres dirigeants de l’opposition, n’a jamais constitué une solution efficace pour résoudre les problèmes du pays. Si vous comptez vous adresser à ceux qui détiennent le pouvoir et leur demander de le changer, vous perdez carrément votre temps, tout simplement parce que changement causera leur perte. Si vous exigez une alternance démocratique qui passe par des élections transparentes, vous pétrissez la pâte dans un ustensile troué, comme on dit dans le monde rurale tunisien » tethred fi halleb mag’our « , parce que la mentalité des Arabes n’a jamais respecté la volonté populaire et les clans qui dirigent aujourd’hui le pays ne veulent tout simplement pas courir le risque de rendre des comptes après leur déposition.
Alors que faire, me diriez-vous, comme l’a écrit en son temps Lénine? C’est à cela que les intellectuels de l’opposition démocratique doivent s’atteler. Sortir pour une fois des sentiers battus, des discours creux, de la simple phraséologie, des slogans, de la seule lutte pour les droits de l’homme, pour dessiner des stratégies de lutte nouvelles, proposer un programme d’alternance, réécrire l’histoire de ce pays, analyser les divers bouleversements de la société. Il est temps de parler des problèmes réels des gens et des moyens de les résoudre. Il est urgent d’éduquer politiquement le peuple et de lui inculquer les moyens réels qui lui permettent de prendre son destin en main. Il est temps pour que tout le monde comprenne que sans sacrifice, sans unité, sans stratégie efficace, sans travail sur le terrain des luttes et des revendications, rien ne changera.
Les » vieux briscards » des premiers mouvements de lutte des années 60 à 80, par exemple, devraient ne plus se suffire de l’activisme politique dans les cafés et lieux privilégiés de Tunis pour se mettre à table et écrire leurs expériences, leur luttes, la vision qu’ils ont de la société actuelle, les leçons qu’ils tirent de leurs échecs. etc.. Et c’est déjà énorme car la génération actuelle va en bénéficier et ainsi mieux comprendre l’Histoire récente de son pays, pour mieux lutter après.
Cela fait 52 ans que les discours ne constituent que des voeux pieux et les changements dûs à une seule personne ou à un groupe de personnes, sans l’implication de la population, se sont avérés un leurre et une nouvelle confiscation du pouvoir.
Regardez du côté de l’Amérique latine et même de l’Afrique. Des peuples entiers se sont libérés du joug des dirigeants de leurs pays corrompus et répressifs parce qu’il y a eu stratégie de lutte, unité d’action, programme d’avenir, éducation politique et esprit de sacrifice pour une noble cause.
Il est quand même extraordinaire que la déclaration d’Ahmed Néjib Chabbi ne contient aucun appel à la solidarité effective et concrète de la part des autres régions et des organisations qui militent pour un changement dans le pays. Ni appel à une quelconque grève, manifestation, protestation ou quête pour soutien matériel des habitants du bassin minier.
On dirait, en réalité, que les dirigeants de l’opposition démocratique et des organisations des droits humains, sont là à guetter un quelconque événement de protestation ou de lutte spontané suivies de répression pour s’en emparer après avec de simples déclarations de soutien et de compassion, afin d’en tirer un profit politique personnel!
La stratégie actuelle de l’opposition démocratique tunisienne me rappelle la pièce de Samuel Beckett, « En attendant Godot », qui exprime une vaine attente puisque dans cette pièce, deux misérables clochards essaient de tuer le temps dans l’attente du mystérieux individu pour les sauver. C’est exactement le cas du peuple tunisien et de son opposition.
Houcine.Ghali – TUNISNEWS – Dimanche 08 juin2008
Voici Le texte de la déclaration d’ Ahmed Nejib Chebbi :
DECLARATION
Un mort et des dizaines de blessés par balles sont tombés à l’issue d’une nouvelle journée d’affrontements entre la population et les forces de l’ordre à Rédeïef, ville minière du Sud-ouest tunisien.
La persistance de la contestation sociale dans le bassin minier depuis le 5 janvier dernier et la tournure dramatique des derniers évènements attestent de la gravité de la situation et de l’inanité des atermoiements de la politique gouvernementale. La crise est grave et grosse de menaces quant à la stabilité sociale et politique du pays.
Les habitants de Redeïef, Moulares et Metlaoui, réclament plus d’égalité dans la répartition des richesses nationales, plus de transparence et une égalité des chances dans l’emploi.
Le mouvement est en effet parti d’une protestation contre le népotisme et l’opacité dans le recrutement à la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et contre le chômage endémique qui sévit dans une région particulièrement frappée par la pauvreté.
Lire la suite : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/06/09/a-propos-de-la-declaration-de-nejib-chebbi.html.