Le fleurissement urbain a connu depuis une vingtaine d’années un essor remarquable et il n’est point de villes ou villages qui ne s’embellissent de nos jours de parterres, massifs, allées fleuries et suspensions diverses… C’est bien agréable d’ailleurs pour leurs habitants ou les touristes qui les traversent…

A Cahors comme ailleurs, le fleurissement est un véritable « art de vivre » et les particuliers rivalisent d’ardeur avec les services municipaux  pour donner à leur ville  couleurs et odeurs estivales remarquables et maintes fois reconnues aux niveaux national et international.

Cependant une balade initiée par l’Université du Temps libéré des pays du Lot  ( sise à Prayssac) en collaboration avec le service du Patrimoine de la ville de Cahors nous a permis de découvrir hier samedi , une initiative due à la créativité de Patrick Charoy, responsable des espaces verts cadurciens.Depuis son arrivée en 1999 à la tête de ce service, cet amoureux de la nature et des jardins  n’a de cesse de valoriser les espaces verts urbains en les associant à un patrimoine mobilier d’une rare richesse, témoin d’une histoire plusieurs fois séculaire.

closelet20croisade.jpgCahors possède en effet une vieille ville où les vestiges moyenâgeux sont nombreux, bien conservés ou joliment restaurés. Notre magicien jardinier et son équipe ont pris le parti  de traiter d’une manière originale  le fleurissement urbain en utilisant de petits espaces existants ( cours, courettes, passages, jardinets privés ou publics)  ou créés de toute pièce sur des friches laissées à l’abandon, pour permettent aux visiteurs de découvrir  des plantes cultivées au Moyen-âge, des espèces rapportées par les commerçants pour leur négoce, des plantes associées en écho aux activités humaines, des plantes rappelant  l’histoire ( présence mauresque dans le Sud-Ouest) etc… Bref, c’est à un voyage passionnant qu’ils nous convient et ne pouvant vous prendre par la main pour vous y guider réellement, je veux juste aujourd’hui vous donner l’envie de le parcourir un jour à votre tour si , par chance vos pas vous guident vers ma ville !jardins_secrets_de_cahors_001bis.jpgSuivant au sol des feuilles d’acanthe en bronze, déroulons le fil des noms évocateurs de ces jardins secrets : vous partirez du Jardin d’ivresse au pied du Pont Valentré, pour découvrir ensuite l’hortulus des Capucins ou l’enclos des Cordeliers, qui rappellent la présence des moines et mêlent en harmonie fleurs et légumes…Le jardin des Pèlerins et celui de St Jacques nous rappellent que Cahors est situé sur la route de St Jacques de Compostelle  et sont des havres de paix aux doux parfums de menthe, sauge verveine et violettes. Le closelet des croisades sis près de la Barbacane et de la Tour des pendus est lui d’inspiration militaire  et présente des plantes rapportées des croisades. Le jardin mauresque  et ses céramiques d’un bleu vif, sa végétation méditerranéenne luxuriante aux parfums capiteux fait référence à l’occupation maure.jardins_secrets_de_cahors_005.jpgPlusieurs jardins rappellent le souvenir des nombreux couvents de la ville : le petit clos des Clarisses, le clos des Jacobins, Hortus des dames de Cahors ou Bénédictines, le courtil des moines, le préau céleste du cloître de la cathédrale composé de buis et de lavandes et qui fait référence au Cantique des cantiques, ou encore le lavandier des Chanoines. Ils sont les témoins de la forte influence de la vie religieuse  et des congrégations au Moyen-âge.D’autres jardins enfin nous révèlent l’importance des plantes dans la vie de tous les jours  de cette époque difficile : l’Herbularius ou jardin des simples près de la cathédrale  présente les plantes et herbes utilisées pour se nourrir, se soigner, se vêtir…Le jardin bouquetier  propose des fleurs pour la décoration des autels et les cérémonies religieuses fort nombreuses à cette époque, le sentier du colporteur est agrémenté de vignes, richesse de la région et de plantes médicinales.jardin-courtil-des-moines.jpgEnfin, l’herbularium de l’hôpital de Grossia  et le capitulaire de Villis évoque pour nous les connaissances « scientifiques » de l’époque comme la théorie des signatures végétales ( association  dans l’imaginaire collectif de telle plante pour soigner telle maladie : la pulmonaire et ses taches blanches  destinée à soigner les maladies  des poumons) ou le seul répertoire de cette époque récapitulant toutes les plantes recommandées en médecine. C’est en tout une trentaine de « jardins secrets »  dont Cahors vous offre la découverte subtile et charmeuse….laissez donc vos pas vous guider dans cet univers de formes, de senteurs, de savoir et d’imaginaire …je suis certaine que vous ne le regretterez pas !