Le périple de Malony,(Rod Paradot), symbole de cette délinquance encapuchonnée, allant de son enfance périlleuse où s’enracine le mal être à son âge adulte, nous renvoie à ces faits divers devenus légion. Orphelin de père, l’enfant a pour mère une marginale dévergondée, loin d’être à la hauteur du devoir qui lui incombe. Sa progéniture, menacée de placements dans des familles d’accueil, aura très tôt l’opportunité de se familiariser avec le Palais de justice de Dunkerque. 

Spécialiste des vols avec violence, Malony alors impubère ne comptera plus ses démêlés avec la justice, déterminisme social oblige. Grâce à l’implication de ses anges gardiens que sont la juge pour enfants, (Catherine Deneuve) et Yann son éducateur, (Benoit Magimel), Malony échappera à l’incarcération et fréquentera des centres spécialisés pour mineurs délinquants. Un parcours du combattant fait de hauts,  de bas, de violence, d’autodestruction ! 
"Celui qui ouvre une porte d’école ferme une prison" : mais à y regarder de plus près, à l’issue de cette plongée dans les tréfonds de l’enfer  de la délinquance moderne, la mise en application de ce ce postulat vieux de plus d’un siècle, supposant une prise de risques inconsidérés, mériterait une remise à jour. Le travail des juges des éducateurs se faisant souvent par tâtonnements, les marges d’erreurs ne semblent pas négligeables. Et quand une tentative de réinsertion en système scolaire sera refusée à Malony par une directrice d’établissement assez pointilleuse sur les principes, on peut être à la fois soulagé et peiné, entre le marteau et l’enclume ! 
Ce film est une exploration en profondeur de l’univers de la délinquance où la place des juges, éducateurs, tient une place prépondérante dans le succès du recadrage des délinquants. La présence de Catherine Deneuve dans le rôle de la juge pour enfants n’est pas pour rien dans la force du film. 
Le choix d’Emmanuelle Bercot de verser toutefois dans le misérabilisme concernant l’incarnation du rôle de la mère (Sara Forestier)suscite auprès du spectateur plus d’exaspération que d’empathie… La réalisatrice a aussi cette fâcheuse tendance de dilater certaines séquences quand elles ne demandent qu’à être compressées pour mieux gagner en force. C’est notamment le cas de la séquence finale : après l’adieu bouleversant à la juge dans son bureau, on a encore cette envie de dire coupez, coupez ! Ce qui suit ne sert strictement à rien d’autre qu’à faire de la sensiblerie alors qu’on est saturés par ce tableau  pessimiste de la société, du système judiciaire,  même si une touche finale optimiste est venue s’y greffer par un hasard de circonstances…