Beaucoup de choses s’expliquent de nos jours.
Depuis que l’homme est homme en se redressant sur ses pattes arrières, son cerveau s’est développé de façon progressive et extraordinaire.
Il s’est surpassé au niveau de sa compréhension.
Le chemin du néandertalien à l’homme moderne fut un fabuleux voyage, quand on y pense.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous nous targuons de pouvoir donner une explication à tant de choses.
L’homme a compris, grâce à son instinct de guerrier et de prédateur, que la société qu’il construisait devait être régie par des lois, sous couvert, plus tard, de la religion.
Quelle belle évolution depuis Lucie jusqu’au siècle des Lumières.
Nous saccageons tous ces acquis, mais c’est une autre histoire.
L’instinct de survie passait par la reproduction.
Et, au fil du temps, cet instinct s’est affiné.
De la reproduction, il a débouché, après de longs siècles, sur l’amour courtois, perdu à jamais, et je le déplore.
Donc, tant de choses peuvent s’expliquer!
Il reste (et il restera) des mystères comme la création de l’univers, ou l’amour tout simplement, et ses mécanismes non physiques.
Au sujet de ce dernier, je ne cesse de me poser des questions qui tombent sans cesse dans le silence.
J’ai beau tourner ces points d’interrogation dans tous les sens : RIEN.
On peut dire que c’est une question de chimie, alchimie, de destin.
Rien à faire.
Qu’est-ce qui crée ce sentiment profond qui fait que nous fondons devant un être ?
Juste au début, avant même d’ouvrir la bouche ?
Et qu’est-ce qui fait que ce sentiment flou peut déboucher sur la passion ?
Cette envie furieuse d’un corps et pas un autre.
D’un être et pas un autre.
Et pourquoi cette envie de ne faire plus qu’un avec lui ?
Pourquoi ce vide absolu quand il s’évapore de notre vie ?
Son absence laisse un goût amer dans le coeur qui se noie dans une souffrance, elle aussi, absolue.
Pour l’avoir lu, vu ou entendu, je savais que la passion existait et qu’elle laissait des séquelles indélébiles en nous.
Je n’aurais jamais cru qu’elle me toucherait.
Je ne le souhaite à personne.
Chaque jour qui passe, c’est comme si une force invisible m’arrachait une parcelle de ma peau, laissant mon corps à vif.
On se tortille dans tous les sens, ne sachant plus comment se mettre.
Il n’y a plus de logique, de rationnel, de bon sens.
On désespère, on voudrait cet être dans ses bras, le voir mort, pouvoir le battre ou l’injurier puis, l’instant suivant, on se surprend à penser à lui en souriant, sans savoir pourquoi.
C’est comme si on avait été amputé de la moitié de soi-même.
Et ça fait mal, très mal.
Tant de faux espoirs, de trahisons, de folies nocturnes, d’horizons aux teintes du quotidien qui ne suppriment pas le souvenir de celui que vous transpirez par tous les pores de votre peau.
Je comprends, aujourd’hui, le sens de cette banale phrase : "le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas".
Soit!
Mais pourquoi alors avoir ce feu qui brûle lentement l’âme, pour un être quasi absent, égocentrique, pervers et menteur ?
Les atomes crochus…
L’âme soeur…
Tous ces beaux mots qui ne reflètent pas la réalité de la passion!
S’il était l’âme soeur, la souffrance ne serait pas.
La passion ne touche pas tout le monde, et c’est tant mieux!
(Ainsi, il y a moins de quiproquos concernant l’individu qui accroche notre intérêt.)
Au début de l’histoire, on est envahi par un bonheur insoupçonné.
On se sent très vite belle, et la force ressentie nous rend fière telle une impératrice au-dessus du monde.
Sentiment unique et … présomptueux!
Ce n’est que plus tard que l’on comprend que les atomes crochus ne sont qu’une fusion purement sexuelle et que rien de beau ne gravite autour.
La passion crée une désolation autour de soi sans précédent et rien ne peut éteindre ses braises qui consument nos profondeurs.
Le coeur est brisé à jamais, emportant très loin la confiance, le sourire, la tendresse et la vision généreuse qu’on avait de l’Autre, et qui s’étend, par la suite, à tout individu rencontré çà et là.
La vie perd ses couleurs, et l’humain son attirance.
Voici le côté terriblement négatif et destructeur de la passion, bataille dont on ne sort jamais vainqueur.
D’autres diront que c’est une question de volonté.
Foutaises! Sornettes!
Et l’immense tendresse éprouvée pour l’autre ? Qu’a t-elle à y voir ?
Dans la passion, qui peut parler de contrôle ?
Personne.
Sa puissance échappe à tout raisonnement sensé.
On se sent happé vers quelque chose de monstrueusement fort, jusqu’au point d’en être effrayé, mais on continue à foncer, tête baissée, dans ce monde qui se referme autour de soi, sans pouvoir trouver la moindre échappatoire.
Je comprends maintenant l’association de la passion au drame.
Toute ascension fulgurante implique une descente en enfer.
C’est le prix à payer.
Et c’est cher payer!