Nicolas Fargues nous transporte dans une histoire de couple, d’adultère et de passion amoureuse en sortant avec brio des sentiers battus et du déjà vu.
C’est un roman où règne le double tranchant. Le narrateur est un jeune homme, la trentaine, marié, 2 enfants, qui soudain, voit sa vie maritale et sentimentale dégringolé suite à un petit écart de conduite de sa part, son aveu, et la vengeance terrible de sa femme, tyrannique au plus haut point. Plutôt que de se morfondre chez lui, à Tanambo, Madagascar, il part ….
… en Italie, prendre l’air chez son père et va vivre une passion brève mais violente avec une jeune étudiante. Cette idylle va déclencher chez lui un certain nombre de questionnements sur le mensonge, l’humiliation, l’usure de son couple, le sacrifice de soi ou pas pour sa famille, … des thèmes ressassés par tous les écrivains.
Cependant, le style familier d’un narrateur qui apostrophe son lecteur et l’implique comme un ami ou un confident, son regard cruel et cynique, ce partage d’une introspection sans pudeur ni limite a un effet déroutant sur le lecteur. Nicolas Fargues se veut il le témoin de sa génération de trentenaires oscillant entre l’enthousiasme et la résignation, luttant contre la désillusion du mythe de la passion éternelle.
Le narrateur peut se révéler à certains moments insupportables tant il est indécis, lâche et résigné. Pourtant en tant que femme-lectrice j’ai été séduite par sa voix enivrante, désarmante, si touchante. Le désir, la perversité amoureuse, la sensualité, tout est examiné sans pudeur. Les confessions, les analyses des évènements pour tenter de comprendre le pourquoi du comment de ce chaos sentimental donnent l’impression que le héros est dans un piège psychologique qui se referme sur lui.
En toile de fond Nicolas Fargue fait passer la difficulté d’amours métissés (la femme du narrateur est noir), la perception des corps, puisque sa femme le trompera, lui « petit blanc » avec un « grand beau black ». Chaque sentiment est exposé dans sa duplicité et l’on trépigne d’impatience de savoir comme le narrateur va se sortir de ce bourbier. In vit littéralement les évènements avec lui, sa quête d’affection, d’amour, mais aussi de plaisir sexuel partagé. Nicolas Fargues passe pour moi maître dans l’introspection amoureuse sous toutes ses coutures. On peut se demander la part d’autobiographie étant donné sa situation (marié, 2 enfants, vivant à Madagascar….)