Depuis la prise de Mossoul assortie de l’ultimatum à l’attention des minorités, les choses se sont emballées à une vitesse déconcertante. L’Etat en herbe a poursuivi son expansion inattendue foulant aux pieds yézidis, chrétiens, chiites, turkmènes, shabaks au grand dam de la majorité des sunnites sans que ni l’armée régulière, ni les Peshmergas ne puissent l’arrêter. Et pourtant, les Kurdes qu’ils soient du Kurdistan irakien, de Syrie ou de Turquie ont oublié leurs différends, joignant leurs efforts au nom de la bonne cause. 

Après une première tentative avortée, Sinjar à majorité yazidie a fini par tomber entre les mains des insurgés ; n’appartenant pas aux gens du Livre, considérés de surcroît par tous comme des "adorateurs du diable", les persécutions des yazidis ne doivent même pas poser de cas de conscience  ! Une élue, Vian Dakhil, a interpellé ses collègues lors d’un simulacre de séance parlementaire sur l’imminence des dangers qu’encourent les rescapés yazidis, perdus qu’ils sont dans les montagnes du Sinjar sous chaleur torride. 

Qaraqosh qui récemment avait vu grossir ses effectifs suite au déferlement de chrétiens mossoulois est à son tour prise au piège, livrant sa population au désespoir. Aussi des villages entiers de la plaine de Ninive, le grand barrage du nord de Mossoul et d’autres localités ont connu le même sort. Alors qu’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien voit sa fin approcher, se produit l’ultime coup de théâtre. 

L’Amérique, pompier pyromane par excellence, est entré en guerre via des chasseurs bombardiers, en cavalier seul, sans la moindre Résolution en poche ; Obama semble avoir fait l’impasse sur certaines de ses promesses nichées au coeur même de son programme dont celle de tourner la page noire de la guerre en Irak , pour assistance à personnes très en danger, au premiers rangs desquels diplomates et militaires américains. 

François Hollande a aussi fait savoir qu’il était partant ; à sa demande, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour nous sortir quelques lapalissades. Freiner la progression de ces terroristes est d’une extrême urgence mais quand ceux-là mêmes qui les ont crées s’en chargent, il y a de quoi s’inquiéter vu leurs antécédents ; jusque là on a pu se familiariser avec le radicalisme et le chaos que peuvent générer ces interventions sans jamais leur déceler  le moindre soupçon de bienfaits, d’où le scepticisme par rapport à cette recette à double tranchant. 

L’auréole qu’avait gagnée en 2003 la France sous Jacques Chirac, lors du discours de Dominique de Villepin aux Nations-Unies pour dire non à l’entrée en guerre contre l’Irak est inoubliable. Aujourd’hui, l’ancien Premier ministre nous livre dans " le Monde"ses réflexions sur les tragédies qui ensanglantent le Moyen-Orient en cette période charnière de son existence : "Ne laissons pas le Moyen-Orient à la barbarie". Un diagnostic éloquent de la situation assorti d’une prescription où la part belle est réservée au traitement politique de la crise.L’heure est  très grave. Nulle place aux tergiversations.   

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/08/09/ne-laissons-pas-le-moyen-orient-a-la-barbarie-par-dominique-de-villepin_4469585_3232.html#xtor=AL-32280515

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