La réouverture à la Haye du procès de l’assassinat de Rafik Hariri devant le TSL, le Tribunal spécial pour le Liban, dans un climat particulièrement délétère a quelque chose de désuet . Comme si au rythme infernal où vont les choses, il suffisait que s’emballe cette gigantesque machine judiciaire dans le but éminemment louable de « mettre fin à l‘impunité » , « de déraciner la terreur du Liban » pour que s’inverse la tendance actuelle.  

Dans l’œil du cyclone judiciaire se trouvent cinq membres du Hezbollah devenus introuvables malgré des mandats d’arrêts internationaux contre eux. Ils endosseraient une grosse part de responsabilité dans l’immonde apocalypse qui avait fait trembler la zone de l’hôtel St Georges et de ses alentours, ce 14 février de 2005. 

Ces présumés assassins jugés par contumace auraient réussi jusque là à déjouer les surveillances d’Interpol lancé à leurs trousses ! Devant un procès controversé aux allures théâtrales qui a autant défrayé les chroniques,  la théorie de « la banalité du mal » que le procès d’Eichmann avait inspiré à Hannah Arendt  ne peut que s’appliquer. L’incapacité de ces individus à « penser et juger » par eux-mêmes une opération de cette envergure les réduits à des numéros : de piètres intermédiaires astucieusement situés entre commanditaires et exécutants. 

Prétendre démanteler un réseau à partir de ces maillons faibles de la chaîne afin d’éradiquer la violence dans le pays rend sceptique quant au bien fondé de ce procès. Dans ce pays atteint d‘une maladie chronique, plus rien ne semble toutefois pouvoir intimider les terroristes ; capables de contourner l‘incontournable, ils sèment la mort au nez et à la barbe de la Justice, avant de se volatiliser. 

Justement vient d’avoir lieu  un nouvel attentat suicide  à Haret Hreik, la banlieue chiite de Beyrouth ! Revendiquée par le front Al Nosra, l’explosion s’est produite juste à quelques mètres de celle perpétrée dans le même quartier le 2 janvier dernier. Comme toujours, le lieu et l’heure de l’horreur ont été minutieusement étudiés pour occasionner le plus de mal, de deuils ! 

Il est dur d’imaginer des solutions miracles à l’issue du procès en cours, lequel a plus contribué à envenimer les choses que l’inverse. Quand on touche le fond de la sorte, on remonte généralement : Saad Hariri a pris de court aussi bien ses partenaires de la Coalition du 14 Mars que ses opposants du 8 Mars : sans doute éprouvé par ce douloureux procès, comme par ses trois années d’exil forcé, l’ancien Premier ministre a décidé contre toute attente de mettre un peu d’eau à son vin en revisitant sa position par rapport à sa conception de la formation du nouveau gouvernement qui tarde à voir le jour ; le sectaire pur et dur a décidé en définitive de faire prévaloir « la raison sur le coeur »dans l‘intérêt du Liban. L’Alliances du 8 Mars n’est pas en reste ; elle y a mis du sien aussi. 

Subsistent toutefois certains nœuds dont le fameux triptyque hezbollahi, et le principe de la politique de distanciation par rapport à la crise syrienne…L’échéance présidentielle approchant, certains se trouvent entre le marteau des ambitions personnelles et l’enclume de l’intérêt du pays. Les deux ne faisant pas bon ménage, le pire n‘est toujours pas à exclure.  

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Pourquoi s’exprimer en français, quand on ne maîtrise pas la langue

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