Je ne sais si Pierre Bordage, l’un des maîtres reconnus de la Science Fiction version Fantastique, a eu ou non raison de bâtir ses Chroniques des Ombres selon le mode du feuilleton, en 36 épisodes, diffusés sur iTunes par l’éditeur, Au Diable Vauvert, à raison de trois par semaine jusqu’au 13 septembre dernier.
Le pavé – 750 pages – en mains, quelques jours plus tard, j’ai vraiment traînaillé à cheminer dedans.
Certes, plein d’aléas ont fait que je ne pouvais le dévorer (voyages impromptus, tâches imprévues, rencontres…), mais ce n’est que vers la page 242 que, soudain, l’intérêt d’un rebondissement (encore un !) m’a fait reprendre mon rythme de lecteur vorace et compulsif.
Ganesh, recrue récente, et Théodore, le vétéran, forment un binôme de fouineurs (super-policiers dotés de ressources biométriques) affecté au secteur parisien de Nylopa, l’une des très grandes cités de l’après-guerre cataclysmique. Ce secteur est relié à celui de New York par tunnel et l’ensemble formé avec celui de Londres est hyperprotégé. Mais l’ennemi semble venir davantage de l’intérieur que des diverses hordes claniques tentant de survivre tels une foultitude de peuples germains ou gaulois, ou en corporations (guérisseurs, chasseurs, colporteurs…). Ces clans tiennent un territoire ou alternent pauses et itinérances, mais ne peuvent vivre décemment d’une agriculture organisée en réserves pour le seul bénéfice des Cités Unifiées.
Le récit alterne entre la traque des Ombres, des sectes, des citoyens tournant amok dans les grandes cités, groupes ou individus se livrant à de véritables massacres impromptus, et une sorte de saga à la Roméo et Juliette, entre un jeune guérisseur et la survivante d’un clan massacré. C’est très péplum, guenilles, cape et sabre laser, genre Maciste et les Trois Mousquetaires (si, si… sauf que c’était Zorro et non Maciste, mais tout autant anachronique). N’ayant plus lu de SF depuis davantage que des lustres (soit des décennies), peut-être n’étais-je pas le lecteur qu’il fallait à ces Chroniques des Ombres. Sympa, avec tout plein de détails insolites, du suspense, des mystères, et pas trop de considérations philosophiques sur la folie (auto)destructrice des hommes.
Mais, à un peu plus d’un tiers de la saga, soit à 35 mm de tranche de la fin, voilà que nous découvrons que le vieux fouineur Théodore est « tenu » par un maître-chanteur. S’agit-il seulement de lui extorquer des fonds, au prétexte d’une atrocité filmée qu’il n’aurait pas forcément commise (ou alors, sous l’emprise de drogues), ou de tout autre chose ? Ganesh est tenu par une biopuce de toute dernière génération, Théodore est-il manipulé autrement ?
L’enfermement est devenu insupportable aux résidents des Grandes Cités pour lesquels la délinquance (popularisée par des séquences vidéo diffusées en loucedé) devient la seule distraction qui vaille. En pays horcite (hors cités), la survie suffit à mobiliser tous les instants.
Si intéressés, consultez donc la page Wikipedia consacrée à l’ouvrage : pas mal vu, et incluant un descriptif de tous les principaux personnages. Lesquels, y compris les très secondaires, les foules, sont tous menacés, en jungle horcite par les Cavaliers de l’Apocalypse, en cités, par les Ombres.
Ces Chroniques (adaptées aussi en BD-Vidéo, un format qui « vient de sortir », à l’aide d’une flopée d’illustratrices et coloristes) auront-elles le devenir de la trilogie de Tolkien ? L’éditeur, Au Diable Vauvert, semble parier dessus.
Il se produira (peut-être, dans une autre ère, voire une suite à ces Chroniques) une sorte de réconciliation entre cités et pays horcite, en tout cas entre leurs principales figures à portées mythologiques. La dystopie (univers hostile futur) de Bordage serait, selon Ela (sur onirik.net), encore plus captivante que les précédentes : « pour ceux qui veulent se lancer dans le sous-genre le plus sombre de la SF, ce livre est idéal car il est extrêmement prenant… ». M’moui, à condition peut-être de prendre le temps de s’attacher aux personnages qui, du fait de la psychologie qu’induisent des mondes soit terrifiant (hors cités) soit trop confiné et artificiel, ne se « livrent » pas facilement. Pour les adeptes, surtout les plus nombreux (des trentenaires, en général, appréciant autant BD que littérature ou jeux, dont de rôles encore peut-être) pas de problème, j’imagine, c’est du nanan. Pour qui aborde (ou revient fort tardivement) à ce sous-genre de type anticipation – qui a pris le dessus de la SF –, un temps de rodage s’impose. Mais quand il apparaît que la secte de la Main noire a des complicités dans… (découvrez par vous-même), quand la fuite incessante de Naja, Deux Lunes et Josp, entre ilots peuplés (ou décimés) et jungle, commence à vraiment vous intriguer, vous devenez hameçonnés.
Mais du coup, je me demande si c’était une si bonne idée de diffuser gratuitement, en format numérique, les deux premiers épisodes (chapitres 1 et 2). Certes, cela a généré des critiques élogieuses (genre : « c’est très intelligent, novateur, avec un suspens bien entretenu dans un décor agressif, toxique et pauvre (…) et un autre à l’opposé faussement idéal » ; lu sur lirecrire.be).
J’ai trouvé au contraire que la montée de l’envie d’aller jusqu’au bout se produisait par paliers. Remarquez, la « présentation littéraire » (j’ai donné dans la vraie chronique, genre exigeant) est un artisanat mineur qui dépend beaucoup de l’environnement et des tribulations de l’artisan·e. À la mer (ou montagne ou campagne), avec pour seuls carillons découpant la journée les appels aux apéros, ces Chroniques des Ombres peuvent peut-être sembler d’emblée idéales, y compris au néophyte.
Juste un truc ne prêtant pas à controverse : si le Diable (Vauvert) a tiré par les cheveux ce xième récit de Bordage aux éditions L’Atalante (plutôt spécialisées dans ces « mauvais genres » et maison habituelle de l’auteur), tout comme pour le précédent, Porteurs d’âmes, c’est qu’il a été estimé qu’un lectorat beaucoup plus large que l’habituel en redemanderait. Le Diable (Vauvert) se trompe très peu car de très bons anges l’inspirent vraiment fréquemment.
Pour aller plus loin avec l’auteur, consultez son entretien avec Jérôme Vincent pour Actus SF (actusf.com).
Juste un truc, jeunes hommes, messieurs : saviez-vous que le lectorat féminin de Bordage est beaucoup plus important que généralement suspecté pour le genre Anticipation ? J’ai découvert cela en discutant avec les filles (enfin, des femmes maintenant) d’un couple de copain. SF et Anticipation permettent de dévorer de la littérature populaire sans avoir l’air d’une dinde ou d’une oie adepte de la collection Harlequin, ai-je conjecturé. Bon, ok, ok, j’ai rien dit, rien écrit ou alors, je retire. Sous cette forme en tout cas.
bof ! Ou est la SF d’antan ? Je te rejoint Jef, c’est un peu facile ce genre d’imagination abracadabrantesque !
Euh, facile, je ne sais trop, Zelectron.
Faudrait que je m’y essaye… 😉
Question lourd pavé, j’ai sous le coude American Desperado, aux éds 13e rue.
Un truc réel soit le récit des turpitudes de Jon Roberts, un très grand voyou, au journaliste Evan Wright. 700 pages.
J’en suis sûr, tu a les atouts en main
Bonjour,
Z’avez-vu qui est le tireur de Libération ?
Il en pense quoi, le demi-cerveau Denis Robert ?
Combien de temps va-t-il encore soutenir les malades mentaux de la bande à Lulu en toutes leurs exactions à mon encontre, ou s’abstenir de les dénoncer, alors qu’il sait fort bien depuis très longtemps que je ne me suis jamais inventé une vie que je n’aurais pas eue ?
On rappelle qui est Lulu, c’est un malade mental, il le raconte lui-même sans en avoir aucune conscience :
[url]http://puy-l-eveque.blogspot.fr/2013/05/cyprien-luraghi-et-leducation-nationale.html[/url]
Non, oui, si… j’y crois pas ! Trop tôt pour en parler, je vous dirai plus tard si c’est bien oui, ou non, et croise les doigts en attendant, mais j’ai une vraie surprise depuis lundi.
Par ailleurs, il est bien évident que les faits suivants sont tous liés :
[url]http://www.rfi.fr/france/5mn/20131118-france-agression-main-armee-journal-liberation?ns_campaign=google_choix_redactions&ns_mchannel=editors_picks&ns_source=google_actualite&ns_linkname=france.5mn.20131118-france-agression-main-armee-journal-liberation&ns_fee=0[/url]
[url]http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2013/11/19/deni-de-service-attaque-par-saturation_948075[/url]
[url]http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2013/11/21/abdelhakim-dekhar-traque-sur-wikipedia_960999[/url]
L’explication que donnent les demi-cerveaux de Slate et Libé pour ce pic de fréquentation de la page Wikipédia de l’affaire de 1994 n’est absolument pas convaincante. Si elle était la bonne, alors l’afflux de lecteurs sur cette page aurait dû se poursuivre bien au-delà du créneau horaire indiqué, a priori tout le temps de la traque.
Vache ! Les tarés !
[url]http://www.lepoint.fr/politique/video-pour-financer-le-npa-besancenot-braque-liliane-chez-l-or-est-la-22-11-2013-1760707_20.php[/url]
J’en reviens pas…
Et on n’a toujours pas le droit de dire que c’est des tarés ?
C’était trop beau pour que ça dure.
Depuis lundi, 18 novembre 2013, à 20h58, mon harceleur-spammeur avait cessé de m’envoyer ses paquets quotidiens de faux spams.
Il a recommencé ce soir, 23 novembre 2013, à 19h26.
Je suppose que l’actualité de la semaine (encore un fantôme de l’année 1994 qui ressurgit brusquement de nulle part) a dû l’occuper un peu.
C’était la toute première interruption du flot quasi quotidien de ses attentions particulières à mon endroit depuis le 13 février dernier.