(à la manière de JM…)

Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.

Le 29 janvier 2011, un témoignage était publié dans la rubrique International. Signé d’une jeune femme italienne, ancienne élève du Lycée International de Saint-Germain en Laye, mariée à un Tunisien, il décrivait en des termes émouvants le sit-in organisé sur la place de la Kasbah par les marcheurs du sud du pays qui venaient de rallier la capitale.

Trois ans et demi plus tard, au moment même où j’écris ces lignes, de graves affrontements se déroulent au Bardo, quartier de Tunis où siège l’Assemblée Nationale Constituante.


Une foule de manifestants venus du cimetière du Jallez, au sud de Tunis, où ils s’étaient rassemblés pour les obsèques de Mohamed Brahmi, sont allés au Bardo pour faire entendre haut et fort leur protestation contre l’assassinat dont il a été victime le jour de la fête nationale, survenant quelques mois après celui qui a été fatal à Chokri Belaïd, tous deux tombés sous les balles de la même arme.

« Au Bardo c’est très violent … les milices sont là … les gaz coulent à flot … notre seul et unique moyen de les battre : le nombre … VENEZ si vous êtes physiquement aptes … », peut-on lire dans un appel pathétique posté sur Facebook.

Les démocrates semblent en effet en train de tomber dans un traquenard que leur ont tendu les Ligues de Protection de la Révolution (en fait, des milices d’Ennahdah), soutenues par la police gouvernementale, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de tazers.

Et pendant ce temps-là,ici, à Paris …

A part penser très fortement et très solidairement à eux, que pouvons-nous faire concrètement ? Une première action consiste à faire entendre le plus loin et le plus fort possible la voie de l’opinion publique internationale, par exemple en se joignant à la manifestation d’hommage et de soutien qui se déroule en ce moment même place de la République, à Paris ; puis en rejoignant les prolongements qu’elle pourrait vraisemblablement engendrer devant l’ambassade, rue Barbet de Jouy …

Il sera largement temps, après, d’ouvrir entre nous des débats et de faire connaître nos opinions forcément divergentes. Mais pour l’instant, il y a urgence et l’heure est véritablement grave.

A vous y voir, peut-être !