Non, il ne s’agissait pas d’introduire une dose de solutions homéopathiques dans la bière ou d’autres boissons vendues dans les public houses anglaises ou galloises afin d’améliorer la santé publique, mais tout simplement de publicité. L’équivalent anglais du bureau de vérification de la publicité, l’Asa (Advertising Standard Authority), vient tout simplement, en appel, de contraindre les annonceurs à ne pas publier une publicité émanant de la firme Homeophaty: Medecine fort the 21st Century. En cause, l’efficacité des traitements homéopathiques, considérée par beaucoup ne reposer que sur l’effet placebo. Ce n’est pas non plus toute publicité pour l’homéopathie qui est bannie, mais seulement les annonces visant à lui conférer une efficacité thérapeutique supérieure à l’effet placebo.
Vous vous souvenez de la polémique qui a opposé Jacques Benveniste (et de rares autres) au reste du monde à propos de son hypothèse sur « la mémoire de l’eau » (des doses infinitésimales diluées dans l’eau laisseraient des traces pouvant conserver leurs principes actifs) ? Hélas, hélas, pour divers laboratoires homéopathiques français (Boiron notamment) et autres, il ne reste que le biologiste Luc Montagnier et de très rares autres à considérer que, peut-être, Benveniste pouvait avoir raison d’explorer cette hypothèse.
Ce qui fait que les sciences dures n’apportent toujours pas leur aval à l’hypothèse, et donc au fondamental de l’homéopathie. Ce qui ne veut pas dire que les médecins allopathes prescrivant des traitements homéopathiques (mais pas exclusivement, selon les cas) soient des charlatans. Ils ont une autre approche, une autre écoute des patients, et laissent sa chance à ce que les sciences dures excluent… jusqu’à nouvel ordre.
Mais dans sa publicité « Homeopathy cares », la société dont le siège est à Stoke Ferry, dans le Norfolk, avait poussé la dilution du liège (c’est une image) un peu trop loin au gré de l’Asa. Une première interdiction de l’annonce avait été ordonnée début octobre 2011, c’est confirmé en appel ce 3 juin 2013.
Sur les 13 points litigieux, l’un des plus cruciaux tenait à l’affirmation, réelle, que des patients d’un hôpital homéopathique de Bristol avaient majoritairement estimé le traitement reçu efficace. Sauf que, tout comme des études précédentes avaient montré que l’effet placebo pouvait être aussi opératoire qu’un traitement homéopathique, l’étude ne se fondait que sur l’appréciation des patients. Certains avaient réduit leurs traitements conventionnels et disaient ne pas s’en porter plus mal, mais l’Asa a relevé l’absence d’examen clinique de l’évolution de leur état.
Environ dix pour cent des Anglais, Gallois (pardon pour le &c.), ont eu recours à un médicament homéopathique, et l’Asa ne conteste pas ce point : il est permis à la société H:MC21’s d’estimer ce pourcentage à peu près conforme à la réalité. Ni celui pointant que près d’un traitement allopathique ou autre sur deux, pour un vaste nombre d’affections, ne peut prouver son efficacité. De nombreux tests dits en « double aveugle » (le prescripteur ne sait pas à qui il prescrit, ou tire au sort placebo ou autre substance, le patient ne sait ce qu’il reçoit) tendent à prouver que c’est bien le cas.
Mais cela s’appliquerait tout aussi bien aux traitements homéopathiques qu’aux autres, du moins pour les affections listées dans l’annonce. Il est cependant admis qu’en soi, surtout si l’on considère qu’administrer de l’eau pure en quantités raisonnables, l’homéopathie n’entraîne pas d’effets secondaires néfastes, alors que certains médicaments à l’efficacité prouvée peuvent induire des effets indésirables. Ce n’est pas vraiment une découverte, ni un argument en faveur de l’efficacité de l’homéopathie. Dans un tout autre domaine (non évoqué par l’Asa), on peut considérer que l’application à des plantes de purin d’ortie n’a pas d’effet néfaste pour la santé des plantes. C’est d’ailleurs ce à quoi les autorités françaises ont conclu, autorisant de ce fait la commercialisation, longtemps interdite, du purin d’orties. Après tout, le talc est bien en vente libre.
Conclusion en 13 points : l’encart publicitaire ne peut être publié sous sa forme présente.
Car ce qui était présenté en tant que faits relevait majoritairement d’une ou d’opinions (hormis les faits invoqués vérifiés ou admissibles, qui n’apportaient pas d’élément sur l’efficacité de l’homéopathie).
D’ailleurs, y compris dans les tests menés par la Faculty of Homeopathy ou British Homeopathic Association, 7 % étaient négatifs, 49 % non concluants. Que moins d’un patient sur deux ait vu son état amélioré ne peut permettre de conclure que l’homéopathie est plus efficace.
L’Asa ne dit pas que les traitements homéopathiques soient nuisibles ou n’auraient aucun effet en toutes circonstances (en tout cas, pas forcément moins que l’effet placebo). Ce n’est pas non plus une autorité médicale. Elle rappelle simplement que les effets vantés dans une annonce particulière sont fallacieux, infondés ou improbables.
Un vieil adage médical énonce : « avec traitement, sept jours, sans traitement, une semaine ». Cela ne vaut évidemment pas pour toutes les affections ou maux. N’attendez pas systématiquement une semaine avant de consulter. Ne considérez pas non plus que tel traitement ayant réussi à un tiers ne peut que vous être bénéfique. Ni surtout que ce qui est « vu à la télé » (le plus souvent sous forme de publicités) soit la panacée.
Comme le résume Wikipedia « si le fournisseur du produit homéopathique doit toutefois garantir son innocuité, la preuve de son efficacité thérapeutique n’est en revanche pas requise. ».
Au fait, si vous êtes adepte de la Jouvence de l’abbé Souris… Dont les effets n’ont pu être cliniquement prouvés. Diluez le flacon environ dix mille fois : vous en aurez pour toute une vie et vous mourrez possiblement guéris, en ayant économisé quelques dizaines d’euros sur le produit (pas sur la citerne nécessaire pour sa conservation qui pourra présenter quelques risques non négligeables). Ce « conseil » est libre de toute publicité…