Comment vous dire que je n’ai rien à vous dire ? Comment vous expliquer que je n’ai plus envie d’écrire, et encore moins de vous lire ? Comment vous faire comprendre la vérité, celle que vous ne voulez pas entendre et que vous faites semblant d’ignorer ? Cette vérité qui dérange plus qu’elle n’arrange, qui vous dérange sans que vous le sachiez et qui risquerait, peut-être, de faire basculer votre vie.

 

 Vous savez quoi ? Non, bien-sûr, vous ne pouvez pas savoir puisque vous ne me connaissez même pas. Et puis quoi encore, il manquerait plus que je vous raconte ce qu’il m’arrive. Vous ne savez pas qui je suis, pourquoi devrais-je me mettre à nu sur la page de C4N ?

 

 Après-tout, je suis invisible sur votre écran et je peux tout écrire sur mon clavier vengeur. Je pourrais, par exemple, vous dénoncer. Non pas vous, vous…  Oui, oui, je pourrais si je voulais vraiment le faire. Mais pour quoi faire ?

 

 

 

 Par exemple, je pourrais raconter les frasques de mon voisin, celui qui crie toute la journée contre sa femme et ses enfants et qui, le soir venu, va promener son chien pour rencontrer une drôle de demoiselle plus vulgaire que belle. D’ours mal léché il devient toutou, c’est dire !

 

 Ou alors, mon collègue de travail qui cherche tous les prétextes pour parler de sexe à longueur de journée. Il y a certains mots à éviter devant lui, sinon c’est la course à la vulgarité gratuite. Ah, les blagues salaces qu’il semble cultiver comme des salades et qu’il répète en boucle pour récolter des sourires amusés. Car oui, vraiment, comment pourrions-nous survivre sans ces jeux de mots indécents qui riment avec "plus je choque, mieux je me porte" ? Que ferions-nous sans ces histoires obscènes et triviales qui tuent tout espoir d’érotisme ? 

 

 Il y a aussi le gentil monsieur gentil comme c’est pas possible, mais qui devient méchant comme c’est impossible dés qu’il est au volant de sa voiture. Que dis-je, de sa bagnole qu’il semble plus souvent cajoler que sa femme. Fier comme une Ferrari, il roule comme un fou en ville dans sa vieille casserole en prenant des airs de cow-boy. Ah, mais c’est que le brave type croit qu’il ne risque rien sur la route. Non, non, bien-sûr, les accidents c’est pour les autres. Toujours, n’est-ce pas ?

 

 Sans oublier le mec hirsute qui se fouille le nez devant moi dans la file d’attente, la dame pas souriante du tout qui ne me remercie pas pour lui avoir tenu la porte, les gens dans mon quartier qui ne répondent pas à mon aimable bonjour, enfin ça dépend des jours, les je m’en fous de la propreté et de l’environnement qui sèment leurs déchets dans la rue : papiers gras, emballages, mégots, bouteilles, canettes de boisson, etc.

 

 La liste n’est pas exhaustive, je ne vous le cache pas. Mais c’est promis, je vous raconte la suite dans un prochain article pire que celui-ci. Vous voilà prévenu !