quand il ne reste plus rien à grignoter ?

 

Sarkozy est déjà passé, et le gras qu’il a laissé dans les services de l’État, vient d’être mangé par les contraintes budgétaires. Nous en serions à ne plus payer l’essence des voitures de police au ministère de l’intérieur. Cela devient inquiétant, les factures payées aux entreprises le sont avec plus de trois mois de retard, la gendarmerie est privée pour la seconde année consécutive d’achats de véhicules. Bientôt on ne pourra plus acheter de crayons. Les services de l’État sont exsangues, hôpitaux en déroute au point qu’il n’y a plus assez de médecins et qu’il faut avoir recours aux intérimaires qui coûtent plus cher, la police exsangue et sous équipée, éducation nationale défaillante, prisons d’un autre temps, inhumaines, …..etc..

Services administratifs décharnés, lancée sous le quinquennat Sarkozy, la Révision Générale des Politiques Publiques, RGPP, qui prévoyait de ne remplacer qu’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique, les a profondément déstabilisés. Il y a cinq ans, 26 personnes qui travaillaient dans une trésorerie d’Ile-de-France, ne sont plus aujourd’hui que 21, encadrement compris. Mais sa charge de travail, est restée toujours aussi lourde, accueillir les contribuables qui veulent régler leurs impôts, assurer le paiement des dépenses engagées par des collectivités locales provoque du stress. Il arrive que parfois les bureaux soient fermés. Cela permet de respirer et de travailler sans avoir à gérer le public.

Les restaurateurs des Landes ne se plaignent plus, ils reçoivent de moins en moins souvent la visite des fonctionnaires de la répression des fraudes. Dans le département, le service a perdu près de la moitié de ses effectifs depuis début 2010…..

L’État n’assure plus son rôle. La France n’est plus qu’un pays «ordinaire» vestige d’une gloire que les Français ont minée. Cette dette nous prend à la gorge, nous étouffe, on ne respire plus. Pourrons-nous la réduire, c’est peu probable, l’effort est trop important, et elle augmente tous les jours. 3 % de déficit à la fin de l’année c’est de la méthode Coué, personne n’y croit. Mais, il faut tenir, ne pas lâcher, tout n’est jamais perdu. Bruxelles nous a accordé deux années de plus, pour atteindre ces 3 % de déficit, mais est-ce possible chaque année la dette plombe tous nos efforts.

On en est à regarder du coté de la garde républicaine pour quelques économies, c’est triste. Et ce qui paraît le plus sidérant c’est d’entendre de l’opposition clamer qu’il faut réduire les dépenses de l’État, mais qu’elles dépenses ? Les retraites sont prévues puisqu’il faut palier au déficit de 21 milliards en 2017, ainsi que les allocations familiales en déficits, quoi d’autre ? La formation des chômeurs dont le coût atteint 30 milliards d’euros a besoin d’être revue. C’est un échec gouvernemental et patronal qui profite aux entreprises de formation, pas aux chômeurs.

Nous ne pouvons plus augmenter les impôts, nous sommes à 46,5 % du PIB de prélèvements obligatoires en 2013. La France n’étant plus devancée que par le Danemark à 48,2 %. Notre dépense publique se montre à 56, 9 % du PIB, nous avons donc un différentiel de – 10, 4 % du PIB. Nous dépensons donc trop ! En 2011 les dépenses publiques étaient par rapport au PIB de 56 % et les prélèvements obligatoires de 43, 9 %, soit un différentiel de – 12, 1 %.

Nous avons gagné 1, 7 points en un peu plus d’une année, ce n’est pas suffisant pour réduire ce différentiel. Notre charge de la dette en 2012 dans la loi de finances rectificatives était de 48, 7 Md€, et cette charge diminuera peu en 2013 d’autant plus que notre dette fin 2012 augmenta à 90,4 % du PIB. L’équation est simple, les dépenses de l’État hors charge de la dette augmentent spontanément de 6 milliards par an selon la Cour des comptes, et de 7 milliards selon le ministre du budget Bernard Cazeneuve. En 2014 il faudra trouver 7,5 milliards d’euros pour une baisse de 1,5 milliards sans que le différentiel se réduise de beaucoup.

Le rapport de la Cour des comptes, Le rapport situation perspectives finances publiques_2012, dans les perspectives pour 2013 et au delà, décrit l’ampleur de l’effort à réaliser. L’analyse porte sur l’effort structurel à faire en 2013 pour passer le déficit de 4,4 % à 3 % en 2013, avec un PIB brut de 2. 033,7 milliards d’euros fin 2012, l’économie faire est de 28,5 milliards d’euros. On sait que cela ne sera pas possible on mesure donc qu’il faudra faire plus que ce qui est prévu, d’autant que notre dette pourrait atteindre 100 % du PIB en 2017 et à 108 % en 2020 si aucune mesure de redressement n’est prise. Sans augmentation des primes de risque, donc des taux d’intérêts, la charge des intérêts passerait à 3,5 % du PIB soit, 80 milliards d’euros en 2016 pour un PIB de 2.285,7 milliards d’euros.

Le rapport dit que la composante conjoncturelle ne peut être diminuée que si la croissance du PIB est supérieure à son rythme potentiel, c’est évident. Or la composante conjoncturelle dépend de la croissance de nos partenaires, et dans la zone euro elle est principalement négative. Comme par ailleurs, la croissance sera nulle, voir négative en 2013, le solde conjoncturel se dégrade de 0,7 points. L’effort structurel équivaut à 1,1 point de PIB et pour une croissance nulle, il représente 44 Md€ en 2013. Le graphique ci dessous donne les économies nécessaires à faire pour ramener le déficit à 3 % du PIB en 2103 en fonction de la répartition des dépenses et des prélèvements obligatoires.

 

 

Si par exemple l’effort est réparti 1/3 en recettes et 2/3 en dépenses, soit courbe verte pour une croissance nulle en 2013 les économies nécessaires s’élèveraient à 28,5 Md€ comme précédemment calculées.

Bruxelles nous accorde deux années pour l’objectif de 3 % du PIB, et comme chaque année les dépenses incompressibles de l’État augmentent de 6 à 7 milliards d’euros, l’économie à réaliser serait fin 2015 de 40, 5 à 42, 5 milliards d’euros dans l’hypothèse d’une croissance nulle. Or les courbes du graphique nous montrent une linéarité de l’économie à réaliser en fonction de la croissance du PIB. Pour une croissance du PIB de 2 % dans les deux années 2014 et 2015 ce qui est une hypothèse hasardeuse compte tenu du chômage, le gain d’économie s’établirait à 13 milliards d’euros, ce qui compenserait juste l’augmentation systématique des dépenses de l’État. Il nous faudrait donc faire 28,5 milliards d’euros d’économie à fin 2015. Cela paraît irréalisable, il faudrait plus de 2 % de croissance.

 

Nous n’atteindront pas 3 % de déficit en fin 2015.

 

Que peut faire le gouvernement ?

François Hollande avait promit l’équilibre en fin de mandat en 2017. Or les conditions de la Commission de Bruxelles, par suite de nos engagements pris sous la précédente gouvernance nous obligent à 3 % de déficit fin 2015. Faire infléchir ces conditions avec l’aide de nos partenaires portugais, espagnols et italiens qui ne peuvent continuer dans cette rigueur austère est une possibilité.

Pour Martin Wolf éditorialiste et économiste au Financial Times, le modèle allemand n’est pas exportable; voir Le Monde.fr. Pour lui les énormes déficits enregistrés par les pays, Grèce, Portugal, Espagne, Irlande étaient constitués en termes de demande intérieure sur essentiellement des dépenses privées alimentées par le crédit. Puis survint la crise financière mondiale. Les apports de capitaux se tarirent et la dépense privée s’effondra, générant d’énormes déficits budgétaires. Émergea alors, notamment à Berlin, un consensus fondé sur l’idée erronée qu’il s’agissait d’une crise budgétaire….. Il n’en reste pas moins que cette chute des crédits privés s’est traduite par une crise budgétaire.

Dans l’immédiat que faire d’autre que de rééquilibrer les retraites, les allocations familiales, et la formation des chômeurs, il faut tailler partout sans aggraver la compétitivité, c’est à dire agir sur des économies non productives. Tout d’abord se défaire autant que faire se peut de nos participations dans les entreprises d’État, EDF et autres. Supprimer tous les logements de fonction, préfets compris, et autres avantages des fonctionnaires. Dans les prisons réduire le nombre de détenus pour éviter d’investir, développer le bracelet électronique. Agir sur la TVA de la restauration rapide qui ne donne pas le rendement prévu. Revoir le financement de la formation professionnelle afin de donner plus de marge aux entreprises, 1,9 milliards en 2009, et sur les exonérations d’impôt sur le revenu du salaire de l’apprenti ainsi que sur le crédit d’impôt des sociétés pour les employeurs d’apprentis, 2 milliards en 2009.

Quant à réduire le coût du travail comme le réclame Bruxelles, ce ne sont pas les quelques euros de moins sur le tarif horaire qui feront retrouver à nos entreprises leur manque de dynamisme chronique comparé à celui des allemands. Sur le premier trimestre 2013, la production de Renault et de PSA chuta de 32 % pour tomber à 350.000 unités, voitures particulières et véhicules utilitaires, Les Echos.fr.

Réduire le financement des collectivités locales en favorisant le groupement des communes afin d’éviter des doublures d’emplois et des services communaux, et combattre la fraude plus efficacement pour faire rentrer de l’argent. Parallèlement , il faut créer des emplois par la banque d’investissement PME, PMI, activer les emplois jeunes et de génération par une meilleure information en combattant l’offensive de la droite qui étouffe ce qui est fait par le gouvernement.