Nawaz Sharif a fait hier un retour fabuleux au pouvoir pakistanais après 14 ans à l’écart, dans une victoire électorale qui a été saluée par l’Inde, soulevant l’espoir de meilleures relations entre New Delhi et Islamabad. Appartenant toujours à la Ligue musulmane du Pakistan, Sharif s’est dirigé vers une victoire de plus de 128 des 272 sièges directement élus de l’Assemblée nationale.

Le décompte a été extraordinaire en comparaison avec ce que ses principaux rivaux, le pakistanais Imran Khan du « mouvement du Pakistan pour la justice » et Asif Ali Zardari du « parti populaire », ont gagné ; de 30 à 35 sièges chacun.

Deux fois premier ministre et une fois emprisonné et exilé après avoir été renversé par un coup d’Etat militaire en 1999, Sharif a promis d’améliorer les relations avec l’Inde, y compris la reprise des pourparlers sur le Cachemire et une enquête sur le rôle présumé de l’agence d’espionnage du Pakistan dans les attentats de Bombay.

« Nous allons prendre les filets d’où nous sommes partis. Nous voulons aller vers de meilleures relations avec l’Inde pour résoudre les questions en suspens par des moyens pacifiques, y compris celles concernant le Cachemire », a dit le dirigeant âgé de 63 ans.

Félicitant Sharif sur sa « victoire éclatante », le premier ministre Manmohan Singh lui a adressé dans une lettre : « Le peuple de l’Inde salue votre engagement articulé publiquement sur une relation entre l’Inde et le Pakistan, qui est définie par la paix, l’amitié et la coopération. J’ai hâte de travailler avec vous et votre gouvernement ».

Les pourparlers entre l’Inde et le Pakistan vont mettre fin à leur vieille rivalité datant de plusieurs décennies, principalement ancrée dans un différend sur le Cachemire. Les pourparlers ont été interrompues après que Sharif ait été destitué par le chef de l’armée de l’époque, le général Pervez Musharraf qui est largement soupçonné d’avoir été derrière les incursions transfrontalières dans Kargil qui a déclenché une petite guerre entre les deux pays.

« Nawaz Sharif est très sérieux au sujet de meilleures relations avec l’Inde. Zardari a été contrecarré par l’établissement. Etant du Pendjab et ayant eu un mandat là bas, Sharif peut faire beaucoup plus », pense un général pakistanais en retraite.

Dans le manifeste de son parti, Sharif a expliqué que l’accord de Lahore qu’il a signé en 1999 avec le premier ministre indien de l’époque, Atal Bihari Vajpayee, reste la pierre angulaire de sa politique en Inde. Aux termes du traité, les voisins sont parvenus à un accord mutuel sur le développement et l’utilisation des armes nucléaires. Sharif est très fier de Lahore, y voyant une responsabilité personnelle dont il doit s’occuper.

Toutefois, la normalisation des relations avec l’Inde s’inscrit dans deux éléments que Sharif devra poursuivre dans les années à venir : normaliser les relations économiques et contrôler l’armée face à l’Inde.