Je ne sais pas ce qu’il se passe chez les journalistes, mais je pense qu’il serait temps de leur donner des cours de français, de leur apprendre que les mots et les tournures ne sont pas anodins, qu’il y a plusieurs niveaux de lecture etc. Car, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, depuis quelques jours, on a une nouvelle icône française : Redoine Faïd. J’ai entendu plusieurs spécialistes, journalistes et autres, louer cet homme. Qu’il est intelligent, qu’il est talentueux, qu’il est visionnaire, qu’il est en avance sur son temps. Je me demandais si on parlait bien de la même personne. Les gens semblaient en admiration devant lui, faisant passer ses crimes au second plan. Non, c’est un homme d’action super, un grand stratège. Un nouveau génie de l’évasion. Un magicien, presque. Les X-Men n’ont qu’à bien se tenir !

Mais, sauf erreur, ce n’est qu’un vulgaire criminel, une crapule. Pourtant, d’après ce qu’on entend sans arrêt à la télévision, on se demande si ce n’est pas la nouvelle superstar française. Il faudrait quand même prendre conscience qu’on est en train de fabriquer la nouvelle icône d’une jeunesse extrémiste déboussolée, tiraillée entre l’argent facile et la morale, le vice et le labeur. Pourquoi se fatiguer pour gagner le SMIG quand on peut passer à la télé en balayant tout sur son passage ? On a une vie trépidante digne des meilleures séries criminelles faisant passer Prison Break pour une histoire pour enfants. Il n’en faut pas plus pour leur donner des idées et prendre modèle sur leur nouvelle idôle. Et ensuite, on vient nous parler de moralisation…

Car l’autre sujet important du jour, c’est la déclaration du patrimoine de nos ministres. Là encore, c’est présenté de façon "objective", enfin, aussi objectivement que les médias peuvent le faire. Car, même si on nous matraque qu’ils peuvent avoir menti, ne pas avoir tout déclaré ou faire volontairement sous-évaluer leurs propriétés pour échapper à l’ISF (comme notre président
bien-aimé), on lit quand même qu’ils sont endettés, voire surendettés ! Mais c’est qu’il faudrait presque leur faire l’aumône, à nos pauvres ministres !

Remettons un peu les pendules à l’heure : aucune banque ne se risquerait à accorder plus d’un prêt immobilier et autre sans garanties (ou bons revenus) derrière. Alors quand on apprend que nos ministres ont jusqu’à 4 prêts à rembourser, on se demande s’il faut les plaindre ou les envier. Personnellement, j’ai eu du mal à obtenir un prêt sur 25 ans pour un appartement d’une valeur ridicule mais qui, pour mes revenus, est au maximum de mes capacités. Alors je ne vais pas m’apitoyer sur des ministres qui ont, selon les médias, du mal à rembourser les leurs en moins de 10 ans ! Surtout avec seulement 500 000 € placés en assurance-vie ou 900 000 € en action. Si c’est ça être pauvre, je veux bien faire comme eux. En revanche, avec leur taux d’endettement très élevé, aucun ministre n’a déclaré posséder de voiture de luxe. C’est la crise, personne n’y échappe. Après avoir payé les droits de succession, les travaux d’aménagement, les taxes foncières, les impôts locaux, les dîners au restaurant et autres sorties presque quotidiennes, on ne peut vraiment plus s’acheter de Ferrari. C’est là qu’on se rend compte que, finalement, ce sont des gens comme les autres, avec leurs problèmes d’argent à la mesure du Français moyen.

On comprend mieux pourquoi les élus sont aussi réticents à révéler leur patrimoine. Car, comment faire croire qu’on peut comprendre les gens qui vont perdre leur emploi à cause de décisions d’élus corrompus qui ne pensent qu’à se remplir les poches, quand on met sous les yeux des électeurs qu’ils ne sont que de braves pigeons qu’on plume sous de belles paroles ? Attention, car le peuple autrefois crédule pourrait se révolter, comme par le passé.

Un élu doit être proche du peuple qu’il représente. De ce fait, les privilégiés, les nantis, devraient démissionner car ils ne sont pas capables de remplir leur rôle. Il faudrait les remplacer par des personnes simples, qui connaissent la valeur du travail, qui savent ce que c’est que de ne pas pouvoir se payer tout ce qu’on désire, pour arriver à avancer. Mais ces personnes accrochées à leur place et aux largesses de l’état vont certainement trouver un stratagème pour faire passer la pilule en douceur. Après tout, il reste un an avant les prochaines élections. C’est plus qu’il n’en faut !

En attendant, la magie de la télévision va encore transformer la réalité en belles histoires abracadabrantes, alliée à la magie d’internet qui relaie et diffuse des contes à dormir debout que
les Français adorent. C’est beau le progrès !