Le masculinisme : un mouvement à l’encontre du féminisme ?

Le masculinisme

 

Depuis le début du XXe siècle, le féminisme a fait beaucoup de bruit, permettant à la femme d’acquérir les droits qu’elle méritait. De nombreuses luttes ont permis d’améliorer la condition féminine, mais qu’en est-il de la condition masculine ? Le mouvement se préoccupant de la condition des hommes se nomme le masculinisme.  Ce terme est encore assez abstrait dans les outils linguistiques, ce qui démontre la nouveauté du mouvement. Il est d’ailleurs défini dans le dictionnaire «LE dictionnaire»  comme étant une «Pathologie» et qu’il s’agit du «fait de présenter des attributs masculins pour une femme». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les hommes n’ont pas nécessairement la vie plus facile que les femmes en ce qui a trait aux rôles sociopolitiques et à l’étiquette qu’on leur inflige quant aux rôles traditionnels qui leur sont imposés dans la société. Effectivement, le taux de décrochage est plus élevé chez les garçons que chez les filles et le taux de suicide est plus élevé chez l’homme que chez la femme. 


Avant tout, mettons une chose au clair. Le terme masculinisme ne désigne pas un mouvement antiféminisme. Le féminisme n’est pas un mouvement contre les hommes, mais bien pour améliorer la condition féminine dans notre société. Il en est de même pour le masculinisme. Comme partout, certains extrémistes se servent du mouvement pour dénigrer l’autre sexe, mais essentiellement, le but de ces deux mouvements est de favoriser les hommes et les femmes pour arriver à l’égalité. Ce qui, j’en conviens, relève d’une pure utopie. Patrick Guillot, professeur et auteur du livre Quand les hommes parlent, amène un nouveau point de vue sur le sujet. Il propose «l’hominisme», qui désigne l’homme au sens de l’humain, bien sûr. Patrick Guillot s’explique en mentionnant qu’«il n’est pas souhaitable de reproduire à l’envers ce que l’on peut reprocher au féminisme (et même si cela s’explique au départ par le contexte historique), à savoir de n’envisager la plupart du temps les problèmes que du point de vue d’un genre, et donc d’exclure l’autre genre, alors que lesdits problèmes concernent les deux genres indissociablement. […] La défense des droits et de la dignité d’un genre, qui implique aussi et indissociablement la défense des droits et de la dignité de l’autre genre, et non pas la concurrence ou l’opposition avec lui. L’hominisme est un prolongement du féminisme, et son élargissement à la dimension de l’humain». L’approche qu’apporte Patrick Guillot est intéressante puisqu’elle se rapproche un peu plus d’un monde idéal où les deux sexes avancent dans le même sens. Cependant, on est encore loin de ce monde idéal, donc regardons de plus près ce que revendiquent les masculinistes.
Tout d’abord, les masculinistes dénoncent le manque d’encadrement auprès des garçons dans le milieu scolaire. Selon une étude de Statistique Canada : «Les filles démontrent un niveau d’engagement scolaire plus grand que celui des garçons (intérêt pour apprendre, respect des consignes et obligations), aidant aussi à comprendre pourquoi elles ont moins tendance à décrocher que leurs homologues masculins». Les luttes féministes pour accorder le droit aux filles l’accès aux bancs d’école ont porté  fruit. Il ne faudrait néanmoins pas oublier les garçons, en adaptant les programmes scolaires pour eux aussi et en adoptant des méthodes d’enseignement propices à la réussite masculine. Pourtant, il semblerait que les filles soient encore plus encadrées à poursuivre leur cheminement scolaire, entre autres avec des programmes tels que Chapeau les filles, un programme exclusivement destiné à encourager les filles.

                                                                                     

Ensuite, le taux de suicide chez les hommes est plus qu’inquiétant. Selon le journal Le Devoir en 2003: «Chez les hommes, [le] taux a même bondi de plus de 60% en 25 ans, hissant le Québec sur le podium des trois nations industrialisées les plus suicidaires». Le Québec n’a pas de quoi être fier de cette statistique qui démontre qu’il y a beaucoup de travail à faire au Québec. Les causes sont multiples et les solutions le sont tout autant. Parmi les causes de suicide, le rôle social accordé aux hommes est un exemple de pression qui les pousse à passer à l’acte. On pense entre autres aux hommes qui perdent leur emploi, alors qu’ils ont dans notre société, même si cela tend à changer, le devoir de rapporter l’argent pour faire vivre la famille. Une même pression est observée pour les homosexuels ou les autres groupes déviants des normes de la société. Le divorce est aussi une grande source de stress, qui peut inciter les hommes à en finir. La plupart du temps, les hommes sortent perdants d’un divorce, puisque la garde des enfants est plus facilement accordée à la mère et les pères se retrouvent aux prises avec une pension alimentaire. Tous ces facteurs sont des éléments mettant une pression qui peut mener à la dépression et trop souvent, au suicide. La catégorie d’âge la plus touchée est celle des baby-boomers et on comptait 1055 hommes contre 279 femmes qui se sont suicidés en 2001. Il est donc clair que les hommes sont plus tentés par le suicide que les femmes et il faut remédier à cette situation. Brian Mishara, professeur et directeur du CRISE (Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie), affirme qu’au Québec : «On a trop misé sur le traitement des maladies mentales […] Il y a d’autres choses qu’on pourrait faire et qu’on ne fait pas.» Il soutient : « Un meilleur suivi en clinique externe des patients hospitalisés pour des problèmes psychologiques, le contrôle de l’accès à certains médicaments en vente libre, la construction de barrières anti-saut sur certains ponts, ainsi qu’une meilleure autoréglementation des médias, dont les publications influencent grandement certains gestes suicidaires». Quoi qu’il en soit, le problème ne se règlera pas en un tour de main, mais il est évident que certains changements à nos méthodes de prévention doivent être apportés, particulièrement pour soutenir davantage les hommes.


En conclusion, le masculinisme a raison d’être pour améliorer la condition masculine qui est souvent laissée de côté, un peu plus loin derrière la condition féminine. Les masculinistes revendiquent entre autres un meilleur encadrement scolaire pour les garçons puisqu’ils ont plus tendance à décrocher que les filles et que des mesures soient prisent en charge afin de réduire le taux de suicide masculin, nettement plus élevé que les femmes. Il faut se rappeler que le masculinisme ne va pas à l’encontre du féminisme, mais il recherche plutôt à aller dans la même direction, celle de l’égalité. 

2 réflexions sur « Le masculinisme : un mouvement à l’encontre du féminisme ? »

  1. Pas d’angélisme ! Je suis bienheureux de l’avènement du masculinisme en France. Il était temps de voir naître ici le pendant indispensable et juste du féminisme dont la contribution à la modernité est indéniable. Mais, ne nous voilons pas la face, le masculinisme français ne sera pas plus homogène que ne l’est le féminisme français. Il sera lui aussi raillé, honni, diabolisé tout comme le féminisme l’a été dans ses jeunes années. les modernistes d’hier sont bien souvent les conservateurs d’aujourd’hui ne l’oublions pas et ils feront subir aux modernes d’aujourd’hui ce que les conservateurs d’hier leur on fait subir naguère. juste retour des choses j’imagine. de même il faudra du temps pour que les médias, qui aiment les raccourcis et les clichés en tous genres, apprennent à faire le distingo entre les différents courants qui agiteront le masculinisme français : modérés égalitaires, radicaux plus ou moins revanchards et pour finir extrémistes haineux. mais arrivent-ils, ces médias, à faire en 2013 ce même distingo entre les différents courants féministes ? on en doute souvent tant l’amalgame règne. dommage car il serait plus qu’utile de faire une claire distinction entre une archaïque radicale comme Caroline Fourest et une moderniste éclairée comme Elisabeth Badinter. Le masculinisme français n’échappera pas à ces travers mais il n’en mourra pas. toute naissance suppose un temps nécessaire pour arriver à la maturité, c’est une loi naturelle. visiblement.
    RD

  2. Quelques réflexions me viennent…
    Les hommes et les femmes doivent arriver à la même égalité en droit et devoir, ça, c’est certain et d’un point de vue social cela ne fait aucun doute !
    Cependant, physiquement, physiologiquement il existe des différences que l’on ne peut pas nier malgré la théorie du genre que l’on veut à tout prix nous inculquer : à quoi reconnaît-on un homme d’une femme ?
    On tend de plus en plus vers une société matriarcale, où l’essentiel des enseignants est féminin, tout particulièrement dans les petites classes. Dans les services également, à croire que l’homme se débine, ou ne trouve plus sa place ?
    Il me revient en mémoire, cette jeune femme enceinte, qui sur un chantier industriel travaillait sur un échafaudage à une dizaine de mètres de haut comme « petite main », parce qu’ayant le vertige, son compagnon lui avait demandé de le remplacer. Vu son état, le chef de chantier avait refusé. Était-elle courageuse, soumise, forte, amoureuse ? Était-il « macho », faible, incapable ?

Les commentaires sont fermés.