Voilà près de deux semaines que François Bozizé a été chassé du pouvoir par la rébellion du Séléka. Et, à ce jour, tout semble aller normalement dans le pays. Car, après la confirmation de Nicolas Tiangaye à la Primature, le nouveau gouvernement a été mis sur pied en début de cette semaine. Et, à ce moment, la seule chose qui manque au nouveau régime centrafricain est la légitimité internationale. Une légitimité qui semble bien à sa portée ; au regard de la souplesse avec laquelle la communauté internationale accueille ce putsch de Michel Djotodia.
En effet, afin d’apporter un «habillage constitutionnel » au coup d’Etat perpétré en Centrafrique à la fin du mois de mars dernier, les dirigeants de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) se sont réunis cette semaine à Ndjamena la capitale tchadienne, dans le cadre d’un sommet extraordinaire. Et, presque à l’unanimité, ils ont prescrit aux nouvelles autorités centrafricaines de mettre sur pied et au plus vite un « Conseil National de la Transition », qui organiserait dans un délai de 18 mois une élection présidentielle libre et transparente. Une prescription qui émanerait de l’Union Africaine, qui est jusqu’ici le seul organisme à avoir condamné très fermement ce coup de force. Un responsable de cette organisation panafricaine a d’ailleurs indiqué sur place à Ndjamena a l’hebdomadaire jeune Afrique que « La transition ne doit pas durer trois ans, on doit faire une courte transition. Et les bonnes transitions sont celles qui ne durent pas »
Et, ces jours-ci, Michel Djotodia s’évertue à mettre en place ce fameux conseil dont il sera vraisemblablement le Président. Entre temps, François Bozizé depuis l’Hotel Hilton de Yaoundé continue de pointer du doigt Idriss Deby, qu’il considère comme celui qui l’a renversé ; il l’a réitérer cette semaine sur les antennes de la BBC, non sans ajouté que la dizaine de soldats Sud-Africains a été massacrée par les forces spéciales tchadiennes. Une accusation que si elle est fondée risquerait de courroucer très profondément Jacob Zuma, qui a lui-même effectué cette semaine le déplacement de Ndjamena, pour de s’enquérir davantage de la situation.
Dès lors, plusieurs spécialistes craignent de voir la République sud-africaine user à son tour de tous les moyens, pour renverser le régime d’Idriss Deby. Surtout que le régime tchadien fait lui-aussi face depuis plusieurs années à de nombreux mouvements rebelles. Cette fois, Idriss Deby comprendra qu’il ne sert à rien d’aller allumer le feu chez un voisin !