Ce matin du 25 septembre, dans les rues de Rangoun, deux camions équipés de mégaphones sillonnent la ville, un responsable gouvernemental dans chaque véhicule, avec pour but de dissuader les moines et la population de manifester ce jour.
"Nous avertissons les moines et la population de ne pas participer aux marches de protestations", crient-ils, "Nous prendrons des mesures conformément aux lois en vigueur", cela fait échos aux menaces du régime, annonçant hier qu'il prendrait des "mesures".
Mais les manifestant ne se sont pas découragés,  ils étaient peut-être 100 000, et parmi eux 30 000 moines qui manifestaient.

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Ils ne scandent que des prières: "Soyons libérés de la torture", "Que la paix soit dans nos coeurs et nos esprits", "Que notre bonté se répande à travers le monde", et la foule de reprendre les prières. Aucun uniforme n'est visible dans le centre ville que traverse la procession pour se rendre à la pagode, mais au retour des manifestants, vers 17h00 heure locale, onze camions de 20 militaires ou policiers anti-émeutes seront présents. Sur des banderoles, est écrit "un mouvement non-violent". Les bonzes ne portent que des fleurs ou des bannières religieuses, et sur le côté, des passants applaudissent et pleurent parfois.
Certains observateurs sont pessimistes quant à un renversement du régime, terré dans sa nouvelle capitale, et qui jusqu'ici a laissé faire, car il pourrait réprimer dans le sang comme il le fit par le passé lors de la révolte de 1988, tuant 3000 personnes, et parmi eux, déjà, des moines. Les meneurs des partis démocratiques ont aussi pris de l'âge, et ne représenteraient pas forcément une alternative crédible.
Et pourtant, à voir la détermination des moines et de la population, tout semble possible! le prix du carburant et du riz ont atteint de tels sommets, que la population est de plus en plus vulnérable, et que de jeunes femmes en arrivent à se prostituer pour nourrir leurs familles, depuis ces derniers mois, témoignage d'une dégradation considérable de la situation économique. Depuis l'augmentation du prix du carburant, le riz a lui aussi augmenté de 30%.
Les moines ont aussi pour fonction de recevoir des dons, ce qui crée un karma très positif pour le donneur, et certains moines refusent les dons des militaires actuellement, (ce qui peut les condamner à rester dans le cycle des réincarnations selon les croyances bouddhistes des birmans), aussi les militaires issus de la même ethnie généralement que les moines, pourraient peut-être refuser d'obéir? C'est ce qu'on peut souhaiter, que comme disent les moines, la bonté l'emporte.
Cependant selon certains témoignages, les militaires attendraient l'ordre de tirer sur les manifestants, tandis que d'autres se trouveraient mélangés aux moines, crânes rasés à leur façon, afin d'alimenter la violence dans le cortège, pour justifier la répression.