Le groupe franchisé Les Fromentiers (ex-enseignes La Fromenterie, L’Épi gaulois, La Maison des pains) va lancer une carte de fidélité « sans contact » de type Adelya. Histoire de personnaliser les promotions, paraîtrait-il. Damned, cela se répercutera-t-il sur les prix du pain, de la viennoiserie ? Et pour l’année prochaine, un type de fève de galettes des rois à la demande ?
D’un, je ne sais trop pourquoi a été créée cette rubrique « communiqués de presse » ; de deux je me refuse généralement à l’alimenter, surtout du fait que les communiqués que je reçois encore du fait de mon activité passée sont trop spécialisés (informatique, graphisme, &c., plutôt vraiment professionnels).
En sus, cela me gonfle grave de procéder à du coupé-collé.
Légère exception confirmant la règle, cet inattendu communiqué d’Adelya.
Je dois être resté enfoui dans un annuaire professionnel ou, comme c’est parfois le cas, un·e attaché·e de presse d’un domaine sans rapport (édition, arts, création graphique…) a refilé, au cas où, mon courriel à une copine ou un pote.
Or donc, la fameuse nouvelle : munis d’une carte Adelya, les clients fidèles du réseau des boulangers Les Fromentiers (« 140 boutiques ») vont pouvoir communiquer « mieux » avec leurs fournisseurs.
Avant, ils bénéficiaient de cartes de fidélité en carton, là, tout change : vive le plastique.
Avant, c’étaient « des consommateurs anonymes ».
Désormais, ils sont « interactifs ».
Espérons que leur courriel ne sera pas refilé à leur insu (total, ce serait étonnant, vu la Cnil) à des minotiers leur fournissant à domicile des pains pré-cuits, leur évitant le passage à la boulangerie-pâtisserie.
J’espère en tout cas que les prix courants ne grimperont pas de ce fait. Oh, qu’il est bon de vivre à Paris dans un quartier populaire !
La baguette dite « tradition » y est chère, mais on peut toujours se rabattre sur l’ordinaire du supermarché du coin (au moins quatre à proximité). Là, dimanche dernier, je vais en lointaine banlieue, genre bourg sans trop d’immeubles collectifs. Aïe, aïe, aïe, un pâtissier chicos, une boulangerie-pâtisserie franchisée, une autre indépendante. J’vous dis pas le prix de la galette des rois rikiki, pour trois personnes, vendue pour quatre. À pleurer ! Surtout éviter…
Par chez moi, chez le boulanger tunisien, on a trois gâteaux maousse-costauds (et bons) pour cinq euros. Là, pour plus de quatre fois davantage, on a une galette suffisante à peine pour trois.
Je n’y résiste pas, au copié-collé : « Dans une conjoncture difficile, il est primordial, de tisser un lien fort avec ses clients, ceci passe par la récompense mais surtout par la reconnaissance du client et la connaissance de ses habitudes de consommation. » explique Jean-François Novak, Président d’ADELYA.
Je vous le donne brut, tel quel, avec ce P et les capitales d’Adelya, le point final suivi de guillemets chevrons fermants non suivis d’une virgule. Et puis surtout, j’adore ce genre de phrase qui ne veut pas dire grand’ chose mais fait pro.
Il s’agit d’identifier les clients « en temps réel » (et même à flux tendu ?) grâce à un « véritable opérateur de fidélisation ».
Tenez-vous bien : au lieu de s’entendre dire « et vous la préférez plutôt bien cuite ou pas ? », vous tendez votre carte. Qui n’aura plus besoin, comme la précédente, de son « coup de tampon papier ». L’emploi adjectival de « papier » me ravit.
Et la caisse est sonorisée pour vous dire « bonjour » et « merci, au revoir », ce qui évite au vendeur ou à la boulangère de perdre du temps à converser ? Au final, on reçoit un peu des écus de la boulangère ou pas ?
« Avec Loyalty Operator, les fromentiers interagit en temps réel avec chaque client. Plateforme NFC, il suffit au client d’approcher sa carte de fidélité vers le lecteur en caisse pour être immédiatement reconnu. L’acte de vente est alors totalement personnalisé. ». J’espère que, accompagné d’une, mettons, liaison, on ne s’entend pas dire par haut-parleur un truc comme « et comment donc va Madame votre épouse, et le petit dernier, dites donc, cela vous fait une grande famille à présent ! ».
Pas si « smooth », le loyalty operator ?
Un conseil amical pour la responsable des contacts de presse : c’est pas mal de placer, après tout le baratin qu’on ne lit pratiquement jamais, les liens vers les PDF en ligne. Car au moins, on peut voir si le destinataire a cliqué ou non, téléchargé ou non. D’un autre côté, s’il ne les voit pas d’emblée, ces foutues illustrations sans lesquelles rien ne dépasse la brève ultra-brève (car non illustrée, et à présent, pas de visuel, nib ou presque), il peut tout poubelliser. Ah ben non, en fait, j’avais mal vu. Les liens sont en tête et en fin de communiqué. Bien joué ! Je retire ma remarque superflue (qui m’a cependant permis de tirer à la ligne).
Ce que je crains le plus, c’est la promotion annoncée par texto, courriel, pire, message sonore accompagné d’un visuel : chronophage et dérangeant (surtout si je suis au clavier en train de traiter un communiqué de presse).
Mention quand même (car il n’y a pas de mauvaise publicité, disait Barnum), de « Loyalty Avenue ». Pourquoi pas Loyauté™ boulevard® de Chez Adelya© ? En tout cas, cela marche avec une loyalty wallet (tiens, pas de L ou W ?). Histoire de consulter ses avantages consultables sur téléphones futés.
Contamination des pratiques nord-américaines, cela se termine par : « Loyalty Operator est une marque déposée de la société ADELYA. Tous les autres noms de sociétés ou produits appartiennent à leurs propriétaires respectifs. ». Peut mieux faire… J’en connais qui en font une dizaine de lignes sur la question. Mais aussi, quand même, il y a un lien « pour ne plus recevoir d’information ». Certainement pas, j’en redemande ! Je me délecte d’un tel « souffle nouveau » (en matière de fidélisation; et je ne voudrais pas me défidéliser de ce type de prose).
Mais est-il bien raisonnable de composer : « Leur choix s’est naturellement porté vers ADELYA, spécialiste de la Relation Client pour les Enseignes et Commerçants. » ? Les ENSEIGNES et COMMERÇANTS ne vont-ils point en prendre ombrage ?
Bravo en tout cas au graphiste pour cette CARTE DÉLICE (et non DELICE). Quand même beaucoup mieux que ce « COMMUNIQUE » (ah que, coucou, la non-accentuation des capitales).
La mie panière
Juste un truc : pourquoi seulement 140 enseignes alors que le site des Fromentiers mentionne « plus de 150 magasins, dont 90 sont franchisés, et cinq sites industriels » ?
Pour qui chercherait les magasins, voyez le site (un seul, à Vincennes, près de Paris, pour la région Île-de-France, sauf erreur d’inattention).
Cela ne doit pas être donné, le pain, les gâteaux, la petite restauration, à cette enseigne.
En sus du droit d’entrée, pendant sept ans, il faut concéder deux pour cent hors taxes du chiffre HT plus 820 euros… par mois.
2 % pour un établissement employant quatre à cinq personnes. À récupérer sur le consommateur.
Lequel client, grâce à la carte de fidélité « Délice » est invité à parrainer parents, amis et connaissances afin de bénéficier d’avantages supplémentaires.
Bon, je crois que je vais rester fidèle à Jaurée.
C’est ma mienne boulangère, enfin, j’exagère, car ma « mie » Jaurée n’est qu’une voisine, à la voix mielleuse, comme le miel de ses friandises orientales, acheté en gros chez Metro et non pas livré direct par un site industriel, qui finira par lui proposer des préparations de pâtisseries orientales toutes faites.
C’est peut-être finalement moins classe, le plastique. Tenez, Meridian Communications Srl me vantait récemment les papiers Favini. Gammes Crush, Majestic (eh, hein, classieux, non ? métallisé, satiné…), et Tube dont les papiers « à la fois doux et sensuel, viennent en trois nouveaux coloris qui font fureur dans l’univers du stylisme créatif : sage, graphite, marrone ». Mais cela, c’était le communiqué auquel vous avez échappé…