Ah les vitrines. Que n’y met-on pas ! Cela nous fait loucher, de temps en temps…Parfois on les évite, et on s’empresse de traverser la rue. Ce n’est pas tant notre reflet que nous fuyons, mais la tentation…Mais de l’autre côté, tout est à l’identique. Sur toutes les rives, l’attirance est la même. Les vitrines nous font « de la lèche » et nous on est dans la dèche. Alors, on essaye tant bien que mal de garder la tête froide, de garder nos distances, et de garder nos sous pour le supermarché. Le supermarché, ça, c’est notre rayon. Parce que manger, ça n’est pas du luxe !

Mais il parait que tout le monde ne « crise » pas. Oui, selon le cabinet de conseil en stratégie et management Bain & Company, on ne serait pas tous dans le même bain… Le marché mondial du luxe (textile, alimentation, maroquinerie, haute culture) va culminer à 212 milliards d’euros cette année. Soit une croissance de 10% par rapport à 2011… Pour la troisième année d’affilée, que cette hausse s’écrit en deux chiffres….  C’est la zone Asie-Pacifique qui enregistre la plus forte hausse, suivie par l’Amérique du Nord, et l’Europe. La Chine, pays « émergeant » devrait bientôt passer devant le Japon. L’empire du Milieu ne compte- t-il pas plus d’un million de millionnaires… Le nombre d’enseigne de luxe y a triplé en deux ans… Mais les Etats-Unis reste les champions toutes catégories. Je vous épargne les chiffres en milliards, relatifs à la seule ville de New-York.  Poussons quand même notre cocorico, ne serait-ce que pour éviter de nous étrangler, après cette riche énumération. La France, première destination mondiale touristique maintient son assiette… Paris reste l’une des destinations préférées des amateurs de luxe…  Ouf !

Que de bonnes nouvelles pour l’économie, en somme ! Au XVIIIème siècle, cependant, le luxe était jugé responsable de tous les maux de la terre. Les riches s’engraissaient au détriment des besoins élémentaires des pauvres. La morale ne l’acceptait pas. Le luxe était accusé aussi de favoriser la corruption des mœurs, en particulier celles de la jeunesse…

Côté « humain », il semble que les classes moyennes s’appauvrissent tandis que les riches le deviennent encore davantage. Il faut accepter les différences, là aussi… Il y en a qui sont motivés par la raison et achète « utile » et  d’autres pour qui le faste est un mode de vie, et la nécessité une faute de goût. De là à briser les vitrines…  Allez, réprimons tout sentiment d’injustice, et persuadons-nous que le vrai luxe, c’est d’avoir un toit, un peu de chaleur, des amis, un chat, de la conversation, et du rêve… Peut-être que l’avenir est à ceux qui se contenteront de peu… Le ballon, à force de gonfler, ne va-t-il pas éclater ?

Voltaire a dit : « Ceux qui crient contre ce qu’on appelle le luxe ne sont guère que des pauvres de mauvaise humeur ».   Et vous, ça va ?

Non ? Alors, il vous reste peut-être à entrer en religion. Croire en Dieu est le luxe des pauvres. Il échappe à toute taxe.

Sur ce, je vais m’agenouiller…