Un poil racoleur, le dossier central de ce Siné Mensuel nº 15, consacré au cannabis médicinal. J’avais collaboré (vaguement : je ne me souviens même plus du sujet traité) au défunt Éléphant rose, du regretté Gérard Jubert, tous deux prématurément décédés (carrément assassiné judiciairement pour le premier). Lequel Gérard rappelait que « quand le café et le chocolat sont arrivés en France, il y a eu un tollé monstrueux ». Chocolate ! Tel est l’euphémisme employé à Barcelone par les vendeurs à la sauvette. Or donc, voici Siné Mensuel, 32 ans après les propositions Mitterrand de « dépénalisation de l’usage des drogues douces », qui en remet une couche. J’aurais préféré un dossier spécial « petites culottes », mais bon, va pour la couche de fumées en volutes.

Au fait, l’iboga, racine d’origine gabonnaise aux pouvoirs hallucinogènes, mais très fortement supposée concourir au sevrage des toxicomanes, qui pourrait avoir d’autres applications thérapeutiques, se cultive-t-elle en serres ?

Apparemment, les laboratoires n’en veulent pas car trop efficace pour obtenir des sevrages d’opiacés en une seule prise (c’est tellement mieux, les traitements de longue durée, beaucoup plus coûteux).

C’était en avril 2002 et Gérard Jubert, fondateur de L’Éléphant rose, remémorait les promesses de 1981 et de l’Union de la gauche (vous vous souvenez : « Liliane, fais les valises, Mitterrand, y veut plus d’l’Union d’la gôche » ?).
Le même approuvait les campagnes sanitaires du style « tu t’es vu quand t’a méfu ? » : « il faut les prévenir, les gamins, le cannabis, oui, c’est dangereux, c’est désocialisant, ça a des tas d’inconvénients. ». Bing ! Kolossales, démesurées peines et amendes.

Mais Manuel Valls se déclare farouche opposant à la dépénalisation du cannabis. Va-t-il faire un exemple ?

30 ou dix ans après, Siné mensuel risque-t-il la même chose avec son dossier cannabis ? Certes, il y a eu Duflot et les écolos. Mais c’est tellement bon, un sondage favorable, après une démonstration de gant de fer.

Le sujet central de ce nº 15 est donc le Cannabis social club-France, coopérative autogérée de production et distribution de marijeanne. « Bio », la marijuana, évidemment !
Dominique Broque, son chef de file, veut « constituer un réseau de petites unités de consommateurs qui partagent des récoltes solidaires sans faire le moindre bénéfice. ».
Sans TVA, sans impôt sur des bénéfices aussitôt réinvestis sur le mode associatif ? Trois CSC français se déclarent prêts à se déclarer en préfecture sous la forme d’associations loi 1901. On verra si Siné va se retrouver pour dix ans derrière les barreaux pour apologie de la fumette. Franchement, le contribuable y perdrait : il lui faudrait une cellule lourdement médicalisée (j’y reviendrai infra).

Or donc, pour qui en ignore encore, des clubs sociaux  voués  au partage du cannabis existent dans  d’autres pays européens,dont l’Espagne, et Siné mensuel fait le tour de ces clubs. Il donne aussi la parole à un  médecin, un de plus…
Bon, on verra demain si ce numéro sera saisi en kiosques.

Fessenheim, mon amour

Laure Noualhat est allée à la rencontre des habitants de Fessenheim. « Le village paisible refuse de croire à la fermeture de la centrale en 2016 ». Il ne croit guère non  plus au reclassement de plus de 15 % de la main-d’œuvre locale. Une fabrique de bombes et mines antipersonnels qui ferme, et c’est encore l’un de nos beaux villages de France qui meurt.
Tenez, un sex-shop qu’on ferme, c’est un clocher qu’on abat ! Celui du boulevard Bonne-Nouvelle à Paris a été remplacé par une enseigne de bouffe bio, hors de prix, mais le clocher de Notre-Dame, rue de la Lune, est  toujours là. 
De même celui qui jouxte les deux magasins 1969 (sex toys et godemichés divers), fermés à la suite de pétitions, de Beaubourg.

« L’empreinte du passé, l’énergie du  présent dans un élan d’avenir »,  comme  le proclame le site de la commune, fera  distribuer des  friandises par des pères Noël à moto. Électriques, les motos ? Le 12 janvier, crémation festive des sapins de Noël. Histoire de faire  du  charbon de bois ?
La commune vante « une taxe professionnelle qui est l’une des plus attractives du département ». Sans la centrale, comment compenser ? En faisant de Fessenheim le centre du projet d’un canal  Rhin-Rhône  (vieille  lune…)  revitalisé ? Délicat. Bref, les 3 000 habitants, en majorité, se rebiffent.

Taubira-ci, Taubira-là

Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature, considère que l’arrivée de Christiane Taubira n’a pas fait avancer le schmilblick des magistrats. La garde des Sceaux fait de beaux discours, mais « pas d’avancée à ce jour ».

On attend de voir si les TGI de Saumur, Guingamp, Millau, Dôle, Marmande… voir d’autres supprimés par Rachida Dati, auront droit à une seconde chance. Pour le reste, soit la suppression des peines planchers, des tribunaux correctionnels pour mineurs, ou la rétention de sûreté, c’est aussi l’expectative.

Du côté des Prud’hommes, dont Véronique Brocard est l’une des spécialistes les plus en vue (si ce n’est la seule) pas vraiment d’améliorations non plus. Retrouvez ses chroniques régulières sur le site de Siné mensuel pour vous imprégner de l’ambiance des audiences.

Autre sujet au sommaire : Notre-Dame-des-Landes. Naoned International Airport. The Breizh hub. Pas sûr du tout qu’il soit économiquement viable. Certes, davantage que celui, voisin, d’Angers. Mais si Orly étendu « confisque » de trop nombreuses destinations lointaines, l’ancien (et maintenu) aéroport nantais pourrait suffire à la tâche.

Nouvelles du front

Siné va mieux. On pourrait même dire beaucoup mieux puisqu’il a pu – pour quelques jours – sortir de l’hôpital Avicenne. Il se gavera à domicile des dattes de Boutef’ (le président algérien qui lui fournit un petit colis de secours chaque Noël, alors même que Siné ne vote pas en Algérie).
Siné mensuel publie sa collection de couvre-chefs post-chimiothérapie. Le fils Debré lui a-t-il refilé l’entonnoir de papa Michel ?

Jean-Marie Laclavetine est aussi au sommaire. C’est un éditeur, romancier, essayiste. Il paraît qu’il cause « des intellectuels domestiqués par les médias », de « restriction démocratique ». Il s’inquiète de nous voir « abandonner nos banlieues aux islamistes » et s’insurge contre « la lâcheté des socialistes en matière d’immigration ». 

À mon sens, on retrouvera bientôt son entretien sur le site de Siné mensuel. Le dernier en ligne, c’est celui d’Elias Sanbar sur les Palestiniens.

Et Fillon, Copé, et l’UMP dans tout cela ? Siné mensuel attend le résultat des courses. Et ne se prive pas de commenter en caricatures, mais pas vraiment autrement. Sauf Siné qui, depuis son lit d’hôpital, écrivait le 26 novembre dernier :

« il y en a deux qui pédalent à donf’ dans le couscous et qui méritent chacun une médaille d’or au podium de la connerie noire, c’est les deux clowns, le blanc et l’auguste, Jean-François Copé et François Fillon.
Les autres UMPistes qui se bagarrent comme des chiffonniers pour accéder aux deux marches restantes sont tout aussi lamentables. Tous les coups sont permis dans la course à l’Assiette au beurre ! Des coups de boule aux coups de Jarnac en passant par les coups bas : les fers à repasser (Ndlr. depuis, Siné admet qu’il s’agit plutôt de fers à cheval) glissés dans les gants de boxe, comme dans les vieux dessins animés de mon enfance, les coups de poing américains en acier trempé, les nunchakus, les couteaux à cran d’arrêt, les matraques plombées, tout est bon pour massacrer l’autre ! Les masques tombent et leurs gueules hideuses d’insatiables apparaissent au grand jour ! C’est pas joli joli mais c’est rigolo rigolo ! ».

Râh, je ne m’en lasse pas non plus. Plus cela cloche là-dedans, plus j’y retourne immédiatement. Mais Siné mensuel nº 15 valait bien une parenthèse. Mais je ne voudrais pas rater la beigne que David Douillet va refiler à Fillon et Copé (enfin, je veux y croire… sans trop croire, mais cela serait farce).