La faute est peut-être imputable pour partie à Servier, mais elle l`est encore plus aux agences gouvernementales de santé publique, les médecins remplissant les ordonnances avec les patients qui en demandaient et en redemandaient.
Réflexions sur le rapport Even/Debré
Le rapport des Pr Debré et Even ( Les Leçons du Mediator, rapport sur les médicaments, ed. ChercheMidi) concernant les leçons à tirer du Mediator m`ont permis d`appréhender le dossier sous un autre angle.
En effet, si les medias se sont engouffrés comme il est d`usage sur les déclarations émanant du livre de Irène Frachon, sans aller plus loin dans l`investigation, le rapport précité aura au moins démontré que Servier n`est que le bouc-émissaire d`un nouveau scandale de santé publique, histoire une fois encore pour l`Etat, ses services et multiples commissions de cacher les collusions de soi-disant experts et de dérives dans la structure même du système au bénéfice de petits chefs de département ou de cabinet divers et variés.
Sans exclure qu`il y ait eu des victimes a priori du fait du détournement de la molécule de son objet (et c`est à la Justice de trancher s`il y a lieu), la Cour des Comptes pointe du doigt l`IGAS, l`AFSSAPS et ses cadres en premier lieu (p25) et présente l`innocence de Servier du fait de sa bonne foi (p26) tout en marquant la responsabilité de l`Etat qui n`a dans cette affaire comme dans celle du sang contaminé ou du Distilbene et autres qu`un seul but : ne pas apparaitre comme coupable !
En effet comment ne pas se poser les vraies questions de l`absence d`éthique de l`Etat et comment une molécule dont il aurait semblé exister un doute sur son efficacité, son détournement et ses effets secondaires, ait pu ainsi être administré pendant 30 ans.
La faute est peut-être imputable pour partie à Servier, mais elle l`est encore plus pour les agences gouvernementales de santé publique, les médecins remplissant les ordonnances avec les patients qui en demandait et en redemandait.
Le rapport rappelle également (p81) que le contrôle de la publicité pharmaceutique exercé par l`AFSSAPS, ou du moins aurait-il du l`être via le FOPIM n`a pas effectué son travail.
Des experts qui n`en sont pas, des scientifiques qui exercent à la limite du conflit d`intérêt, j`en passe et d`autres, l`audit, révèle qu`au-delà du Mediator, c`est l`AFSSAPS qui a échoué de bout en bout (p129).
Le rapport néglige par ailleurs le bénéfice-risque, à savoir sur le nombre de prescriptions durant 30 ans, combien ont eu un effet bénéfique sans effet secondaire, au regard des cas présentés en justice.
Delà à ne rien faire, non, mais le citoyen ne peut pas se contenter de se dédouaner pas plus que l`Etat.
Il est temps que nous arrêtions dans ce pays de jeter l`opprobre sur 1 et de le bruler en place de Greve, et que chacun se responsabilise. Il en est de même dans notre engagement ou pas dans la gestion de notre environnement, de la pollution et dans tous les domaines composant de notre société.
Cela reste très « français » comme comportement, laissant le soin à l`autre de gérer et de payer, c`est déplorable.
Il est temps que cela change !
Véronique Lafitte