au pacte de compétitivité de François Hollande.

 

Voir aussi «le faux problème des charges patronales», et «aux cris des industriels de l’automobile François Hollande,…». Et puis la mise en garde des Pigeons du CAC 40 qui viennent perturber le feuilleton de la compétitivité.

 

Encore au bal des hypocrites sur France 2 à l’émission des paroles et des actes du 25/10, des deux duettistes que sont François Fillon et Jean-François Copé, ont tirés à boulets rouges contre François Hollande, et Jean-Marc Ayrault, les accusant de mettre aux oubliettes le rapport de Louis Gallois sur le choc de compétitivité. Oubliant que le rapport n’est pas encore publié, se basant sur une annonce du Figaro économiequi cite plusieurs sources. Oubliant aussi au passage que lorsqu’ils étaient en affaire des rapports mis aux oubliettes furent nombreux dont celui de Jacques Attali en janvier 2008sur la relance de la croissance intitulé Commission Attali. 316 propositions, 20 décisions fondamentales et 8 ambitions. Aucune des 20 «décisions fondamentales» n’a été explicitement reprise.

 

En fait, on demande un rapport, on pressent des économistes ou des industriels compétents, et si politiquement le rapport qui se veut "apolitique" n’est pas dans la politique de celui qui l’a commandé, et bien, il reste sans effet ou presque. Si l’on se rapporte aux propos de Sarkozy qui déclara qu’il écoute et fait ce qu’il veut, la droite n’a pas d’autres choix que de se taire.

 

Ce n’est pas ce que François Hollande déclara devant 3.000 industriels réunis par la banque des PME Oseo à Paris le 25 octobre. Pour lui ce n’est pas un choc comme le suggère Louis Gallois, qu’il convient de faire mais un pacte, c’est à dire un accord, du donnant donnant en quelque sorte. Il déconseille l’idée d’un choc qui traduirait un effet d’annonce plutôt qu’un effet thérapeutique. La piste d’un allègement massif des charges sociales serait trop couteuse selon l’Élysée avec un résultat incertain. À cela deux risques, la récession qui pourrait augmenter et les syndicats qui exigeraient des augmentations de salaire. L’Allemagne, prise souvent en exemple, aurait d’abord fait de la modération salariale puis ensuite, l’allègement des charges.

 

Ce n’est pas ce que l’Association Française des Entreprises privées, AFEP, demande. Laurence Parisot veut un plan de 70 milliards sur trois ans, une paille ! Mais donc pourquoi ne l’a-t-elle pas demandé à Nicolas Sarkozy ?

 

C’est bien sur la contre attaque aux 10 milliards se hausses d’impôts sur les entreprises. Mais le problème n’est-il pas qu’il faut réduire notre dette, «et que cela est impératif parce que nous venons de faire un effort historique pour réduire nos déficits publics», avec l’objectif de les ramener de 5 % du PIB en 2012 à 3 % en 2013, selon le ministre Pierre Moscovici. De plus, il faut comprendre que les propos du ministre du redressement productif leurs hérissent le poil, ce qui donne un climat d’affrontement. Les Pigeons du CAC 40 déclarèrent,

 

  • l’État doit réaliser 60 milliards d’euros d’économies, 3 points de PIB, au cours des cinq prochaines années.
  • Pour les entreprises, il faut baisser le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens, 2 SMICS et plus. Un transfert financé pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21%, dans la moyenne Européenne, et l’autre moitié par une baisse des dépenses publiques.
  • Il faut garantir aux entreprises un environnement fiscal favorable et stable en baissant notamment l’impôt sur les sociétés pour le ramener au niveau de nos voisins européens, le JDD.

Pierre Moscovici répondit, «je pense pour ma part que nous allons d’abord agir sur ce qui n’est pas le coût du travail, mais nous allons aussi agir sur le coût du travail, mais pas comme le demande l’AFEP, par une augmentation de la CSG ou de la TVA de manière massive, parce que nous pensons au pouvoir d’achat». De plus, il renchérit, «il est exclu de compenser ces 30 milliards par une hausse de la TVA ou de la CSG car cela grèverait le pouvoir d’achat des Français qui sont les clients de ces mêmes entreprises».

 

A la suite d’un déjeuné à Matignon, les Pigeons du CAC 40 ont déclarés, «nous avons eu un échange très direct, très pragmatique, sur les points que nous avons eu l’occasion d’exprimer ni une agression, ni une menace ». François Hollande, qui participait au siège de l’OCDE le 29/10 à une réunion avec les organisations économiques internationales, avança quelques éléments devant l’impatience dont témoignent les dirigeants d’entreprise. Des «décisions seront prises dès le mois de novembre dans tous les domaines de la compétitivité», y compris le coût du travail.«Aucun sujet ne sera occulté, tout sera traité, tout sera mis sur la table».

 

Le gouvernement aurait examiné les scénarios de zéro à 60 milliards, et plus il avance, moins il serait enclin à un gros basculement. Pour François Hollande, il n’y a pas de formule magique, pas de mesures miracles, pas de réponses uniques. De toutes façons le transfert de charges se fera dans le temps clama-t-il. Le gouvernement veut surtout éviter les couacs de ces derniers temps l’obligeant à faire marche arrière, comme il le fit pour les pigeons.

 

Le patronat réuni n’a pas dû apprécier puisqu’il attendait ce choc proposé par Jean-Marc Ayrault en septembre. Ce n’est pas donner de l’argent comme le fit le précédent gouvernement, mais de définir une trajectoire. Tout à fait à l’opposé de la politique de la droite, et c’est tant mieux. On comprend maintenant que la droite tire à boulets rouges incapable d’avoir défini une politique de compétitivité laissant, comme à son habitude, aux entreprises l’utilisation des avantages distribués, on connait le résultat, l’enrichissement des grands patrons, sans amélioration de notre compétitivité. La droite n’a jamais politiquement admis que donner de l’argent public, sans contre partie d’un accord ferme et contrôlé, était favoriser une classe sociale au détriment des autres Français. Pour elle, il faut d’abord aider les riches à devenir encore plus riches dans l’espoir qu’ils donneront un peu de cette richesse aux autres. C’est un reste de la politique des seigneurs du Moyen-âge que l’on croyait dépassée, mais qui se perpétue.

 

L’exemple de la TVA sur la restauration en est le plus frappant, avez-vous vu la différence lorsque vous payez un café, une bière, ou que vous allez au restaurant ? Il était évident que c’était un transfert d’argent public pour satisfaire le groupe de pression des marchands de bière et de la restauration. Si, il y a eu des embauches, elles ont un coût de l’ordre de 60.000 €pour l’État, invraisemblable.

 

Une trajectoire permet d’adapter la réponse en fonction de l’évolution, sachant que la compétitivité d’un pays, surtout en tant de crise, ne peut se faire en une année. Ne faut-il pas avant tout bien maîtriser ce qui est à soutenir, car il n’y a pas que les charges sociales qui interviennent dans ce que l’on appelle la compétitivité, voir mes deux publications présentées en tête de cet article.

 

La première vague, du pacte de compétitivité prévu en trois vagues, serait programmée pour le 6 novembre à l’issue d’un séminaire rassemblant tout le gouvernement. Le programme porterait sur des actions secondaires, comme la simplification des procédures administratives, l’amélioration des dispositifs d’aide à l’exportation, ou encore le renforcement des mesures d’aide à l’innovation. La future Banque publique d’investissement, BPI, devrait, par exemple, mettre en place un système de préfinancement du crédit d’impôt recherche. Des mesures qui coûtent peu, mais qui ne changent pas la donne. Rien n’est donc définitivement arrêté, ni le montant de la baisse des charges, ni les éventuelles contreparties demandées aux entreprises, par exemple en matière d’investissement, ni les nouvelles recettes qui compenseraient l’allégement des charges. Au lieu de recourir à la CSG, certains préconiseraient des hausses ciblées de la TVA, par exemple un relèvement à 12 % de celle sur la restauration.

 

Certes, comme le souhaite Laurence Parisot et l’opposition, un abaissement des charges patronales donnerait du souffle, mais ne corrigerait rien en profondeur. Pour elle la situation est gravissime, et si avant l’élection la situation était préoccupante elle devient après gravissime, soyons sérieux. Les mesures gouvernementales, hausses d’impôts et autres, qui sont en projet, n’affectent en rien la situation actuelle qui est la continuation de la politique laissée par l’ancienne majorité.

 

Donc, si la situation est devenue gravissime ce n’est que par les hausses d’impôts sur les entreprises, c’est la conséquence de leur défaut de compétitivité, elles n’ont pas su s’adapter à la concurrence mondiale, malgré les avantages qu’elles ont reçus.

 

Le rapport de Louis Gallois, d’après ce que la presse en donne, serait pour un choc de 30 milliards d’euros sur deux ou trois ans. Il proposerait une baisse des cotisations sociales patronales de 20 milliards et par 10 milliards des cotisations salariales de la branche famille de 5,4 points, ce que le gouvernement souhaite par ailleurs faire. Ces réductions concerneraient les salaires jusqu’à 3, 5 SMIC. En somme, ce choc de compétitivité serait supporté par la sécurité sociale qui verrait une baisse de son financement dont les conséquences seraient reportées sur les allocations familiales.

 

Pour financer ce choc, Louis Gallois proposerait une réduction massive de la dépense publique, au-delà de 10 milliards d’euros déjà prévus dans le projet de finances débattu au parlement, et que Laurence Parisot a qualifié dans le Figarode «trompe l’œil». Politique irréaliste quand on voit la nécessité d’augmenter les effectifs de la police, ceux de l’éducation nationale, et ceux de la justice. Pas étonnant que la droite soutienne ce rapport, il est le reflet de sa politique. Il n’était donc pas utile de changer de majorité gouvernementale !

 

À cela s’ajouterait une hausse de la CSG, et de la TVA pour pouvoir «être supportée pas les ménages», (ce qui mérite une explication), compte tenu des forts prélèvements qu’ils subiront en 2013. Si on devine bien, ces hausses CSG, et TVA devraient alléger les impôts sur les hauts revenus, et faire porter cet allègement sur l’ensemble des Français, ce qui est contraire à l’objectif du gouvernement. Une taxe écologique serait également proposée sur le diesel ce qui ne ferait pas l’affaire des constructeurs automobiles.

 

Pour faire passer la pilule aux syndicats, Louis Gallois verrait donner aux syndicats une voie délibérative dans les conseils d’administration des entreprises, une rigolade, et de lancer une grande négociation sur la compétitivité.

 

Il est évident qu’une telle conclusion, si elle était confirmée, ne peut que faire la joie de l’opposition puisqu’elle reprend, avec des aménagements, la politique qui a été mise en œuvre par le précédent gouvernement.

 

Si l’on recense les pistes sur lesquelles le gouvernement pourrait agir pour donner rapidement du souffle à notre compétitivité industrielle, il n’y a que la baisse des charges patronales, mais à quel niveau ? Ce ne sont pas les quelques 3, 32 %, (voir l’article ci-dessus présenté sur le faux problème des charges patronale), d’écart avec l’Allemagne qui feront repartir notre compétitivité. Il faut bien sûr beaucoup plus, et c’est dans des produits non concurrentiels que se trouve notre salut.

 

A cette baisse des charges sociales, si elle est possible, sans aggraver le pouvoir d’achat et la misère sociale, celle des allocations familiales pour les familles d’un certain niveau de revenu, bien que ce soit discriminatoire, pourrait compenser, avec un nouveau taux de TVA sur la restauration, la perte financière correspondante. Il y a aussi l’action de la banque publique d’investissement qui peut aider les entreprises en difficultés. Mais bien plus, elle doit aider au développement de nouveau produits compétitifs. C’est donc un ensemble avec une meilleure gestion de coûts salariaux des improductifs et de l’encadrement, une politique industrielle vers des produits porteurs et un markéting offensif, qui conduiront à une meilleure compétitivité. C’est bien pour cela, que c’est un pacte et non un choc comme l’opposition le clame ainsi que Louis Gallois.