Pour avoir chanté une "prière punk" dans le coeur de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, 3 des membres du groupe Pussy Riot ont vu requis contre elles une peine de 3 ans de camp de travail.

 

Triste preuve de l’autoritarisme qui règne toujours en Russie ! Depuis fin juillet, 3 jeunes femmes du groupe Pussy Riot subissent les conséquences de l’arbitraire judiciaire dans le pays de Poutine. Jeudi 7 août, Marina Syrova, la présidente du tribunal de Moscou a requis contre elles une peine de 3 ans de camp de travail. Elles encourraient jusqu’à 7 ans de prison, pour des faits qualifiés de "hooliganisme et d’incitation à la haine religieuse". Petit rappel des faits en question.

 

21 février 2012. 5 jeunes femmes du groupe de musique punk Pussy Riot montent sur l’estrade de l’autel de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, cagoules sur la tête et guitares à la main, pour entonner une prière au titre politiquement incorrect (surtout en Russie !) : "Sainte Marie mère de Dieu, chasse Poutine !". Arrêtées quelques jours plus tard, 3 des jeunes protestataires sont placées en détention immédiatement pour cet acte considéré comme doublement sacrilège : envers l’Eglise orthodoxe, mais surtout contre le règime Poutine.

 

Dans ce procès, le premier motif sert de prétexte commode pour camoufler la mise au pas du système judiciaire par l’Etat russe. Elles ont " offensé tous les croyants ", renchérit Larissa Pavlova, une avocate représentant des croyants orthodoxes qui réclament réparation. Pour la défense des jeunes femmes, ce procès est tronqué et a des motifs politiques. "N’importe quel verdict autre qu’un acquittement sera considéré comme illégal", a déclaré un des avocats des Pussy Riot, Nikolaï Polozov. De fait, les peines de prison encourues semblent bien excessives et plusieurs témoins de la défense ont été récusés par la présidente du tribunal.

 

Les jeunes femmes ont réaffirmé le caractère politique de leur acte, pour dénoncer la collusion entre Eglise orthodoxe et pouvoir politique. En outre, elles ont protesté contre leurs conditions de détention ; l’une d’elles, Violetta Volkova, a annoncé qu’elle allait saisir la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, pour dénoncer les privations de nourriture et de sommeil.

 

Dans une tribune publiée par le Monde, Mikhaïl Khodorkovski, oligarque russe visé par la disgrâce et condamné à 10 ans de camp de travail, a apporté son soutien aux Pussy Riot et a décrit les conditions de détention qu’elles pouvaient subir, du fait qu’il a connu le même traitement. Il décrit les conditions du procès, où les accusés sont installés dans une cage en verre, un "aquarium". "En été, on s’y sent comme un poisson tropical : il fait chaud, et l’air conditionné de la salle n’y pénètre pas". Dans ce bocal, "les filles n’ont même pas la place de poser un bloc-notes". En prison, "elles subissent 2 fouilles corporelles humiliantes, à l’aller puis au retour". Le trajet pour aller de leur geôle au tribunal est de 6 heures par jour, aller-retour. Le sommeil semble réduit à la portion congrue : 4 à 5 heures par nuit, pas plus.

 

Comme le résume Khodorkovski, "le procès de ces filles est une honte pour notre grand pays".

 

Source : Le Monde.