18 000 policiers déployés, 1 900 arrestations, pour plus de 150 millions d’euros de médicaments contrefaits : tel est le bilan d’une opération gouvernementale chinoise pour freiner le développement de l’industrie grise du médicament.
Le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique chinois s’est félicité d’une vaste opération ayant conduit à 1 900 arrestations et la destruction de tonnes de médicaments contrefaits. Mais l’éradication de cette industrie florissante n’est pas assurée, même si le coup d’arrêt est massif.
Si moins d’un pour cent des médicaments circulant dans les pays développés sont des faux, ce taux peut grimper à, voire dépasser, un tiers en Afrique et d’autres zones, estime l’OMC.
Parmi les malades se tournant vers ces produits, ceux souffrant de malaria ou de tuberculose sont les plus mis en danger.
Le ministère de l’Intérieur chinois a promis de fortes primes à qui dénoncerait des trafiquants. Ces derniers risquent, pour les cas les plus graves, la peine de mort.
C’est peut-être le scandale dit des gélules contaminées, fabriquées avec de la gélatine industrielle à forte teneur en chrome et fabriquée à partir de chutes de cuir qui a poussé le gouvernement à ce véritable raid.
En mai dernier, après un mois d’enquête, 254 entreprises pharmaceutiques, soit près de 13 % des fabricants de gélules en Chine, avaient eu recours à ce procédé. 76 fonctionnaires locaux qui n’avaient pu prévenir cette pratique ont été sanctionnés.
Parallèlement, une campagne pour limiter les apports douteux dans la pharmacopée traditionnelle chinoise a été lancée. La contrefaçon touche tant la pharmacie que la parapharmacie, et des comprimés censés favoriser la perte de poids ont été fabriqués avec des produits dangereux.
Déjà, en juin dernier, à la suite d’une campagne de cinq mois, 30 000 affaires de contrefaçons éventuelles avaient été traitées, entraînant des enquêtes poussés dans 669 cas. Les médicaments contaminés par diverses substances étaient écoulés en ligne, mais aussi dans des zones rurales chinoises.
Dans l’Union européenne, les douanes ont saisi 27 millions de tels « médicaments » en 2011, contre trois en 2010. Près de la moitié des médicaments proposés en ligne seraient soit des placebos, soit surdosés (ou trop peu dosés), nombreux d’entre eux contenant des substances dangereuses.
La contrefaçon touche aussi les cosmétiques. Ce qui peut avoir des conséquences néfastes autres qu’économiques. Les parfums sont aussi très souvent imités et plus de 45 000 flacons imitant ceux de grandes marques (Givenchy, Kenzo…) ont été saisis le mois dernier par les douanes à Marseille-Fos. Les imitations étaient dissimulées par des exemplaires authentiques. Certains de ces parfums, tout comme les cosmétiques, peuvent provoquer des irritations ou des effets dommageables pour la peau.