Pas fastoche d’intéresser les enfants (ou ados, voire adultes) à l’Antiquité et sa statuaire. Mais les musées de l’Acropole grec tentent de les intéresser en leur faisant découvrir les statues polychromes des jeunes filles en retrouvant les teintes des ornements de leurs tuniques ou bijoux. Les peplos kore (tunique de jeune fille) se refont des tenues chatoyantes, y compris en ligne, et c’est peut-être l’occasion d’occuper les gamins, un jour de pluie, par exemple.

La plupart des statues du Moyen-Âge, ou celles des pardons bretons de pierre, étaient peintes, et dites originellement polychromes. Faute de certitude sur les teintes et coloris, la plupart des archéologues renoncent à les « rénover », mais celles et ceux de Grèce tentent le coup avec les statues féminines (les korai, pluriel de kore, jeune fille) de l’Acropole, dans le musée et en ligne, sur son site.

Les korai représentent, dit-on, Persephone, mais aussi parfois Athéna. Laquelle n’est pas forcément représentée casquée et armée. Pour s’en rendre compte, un site vous propose d’en découvrir les représentations lors d’une visite interactive (sur acropolis-athena.gr). À vous de déplacer votre curseur et de l’arrêter sur les zones éclairées pour agrandir et découvrir.

Mais le musée de l’Acropole propose aussi de « colorer » virtuellement l’une de ces statues. Pas fastoche non plus de le faire à la souris (voire au stylet de tablette graphique), mais heureusement, l’application pardonne les bavures si l’on si prend avec un minimum de délicatesse.

Mieux vaut aussi passer en mode plein écran.
Pour une réussite rapide, un seul clic par couleur peut convenir.

Voyez sur l’espace « peploforos » du site theacropolismuseum.gr. Les scientifiques du musée se sont fondé·e·s sur une rare documentation de ces époques (-500 environ), et de nouvelles techniques permettant de recréer des teintes estimées très proches des véritables.

 

Les statues de jeunes mâles, les kouroi, généralement représentés nus, étaient aussi peintes, le blond des cheveux signalant un jeune dieu, les athlètes et les guerriers arborant des chevelures plus foncées, signe de vaillance. 

À l’heure ou le pays broie du noir et à celle où une partie de la population interprète Paint it Black (des Stones, et de la couleur des uniformes des membres du parti Aube dorée), le sourire serein des korai est rassérénant.

Pour aller plus loin, mais plus près de nous, vous pouvez aussi vous intéresser à la Dame d’Auxerre, statue exposée au musée du Louvre,  mais dont des spécialistes de l’université de Cambridge ont tenté, sur reproduction, de restituer les couleurs. 

 

Vers la fin du XIXe siècle, les statues polychromes ont été dédaignées.

La virginité du marbre ou « la noblesse grave et sereine de la pierre », comme l’exprimait un académicien qui ne considérait pas la polychromie tel « un attentat contre le goût ». Très souvent, s’il était question de restauration d’une telle statue, on s’en tenait à reprendre les tons, souvent passés, ternis, sombres, de ce qu’on imaginait être l’état antérieur du siècle précédent.

En 1974, le curé de l’église d’Oradour-sur-Vayre avait fait repeindre toutes les onze statues de l’édifice en beige pour que « chacun soit sur un pied d’égalité ». 

Il y a pourtant fort à parier que les couleurs des statues étaient aussi éclatantes que celles des personnages des vitraux des églises. Mais il est rare d’en découvrir d’assez bien préservées pour être assuré des couleurs d’origine. Récemment, en mai dernier, trois statues polychromes ont été découvertes en fouillant le sol de la sacristie de la collégiale Saint-Loup de Brienon-sur-Armençon. Hélas, la plupart des couleurs était passée.