Après les personnalités et les joueuses et joueurs de tennis, qui se voient décerner des Prix Orange (flatteur), et Prix Citron (un peu moins), ne serait-il pas temps d’en créer de similaires pour les produits de parapharmacie ? Exemple avec le produit « miracle » contre le surpoids et l’obésité, BioCitrin, à base de citrons ou de pamplemousses, dont les laboratoires l’ayant créé relancent des campagnes de com’ promettant des résultats limite faramineux.

Les compléments alimentaires et autres (huiles forcément « essentielles » ou produits cosmétiques) ne sont aucunement présentés comme miraculeux aux diverses autorités de contrôle.

Mais les laboratoires laissent la presse faire le travail de réclame à leur place.
Cela arrange « tout le monde » (et surtout les régies publicitaires et les agences de relations publiques ou de presse), notamment au cœur de l’été, lorsque l’actu permet moins de remplir les pages ou les écrans.

Dans le cas de Biocitrin, mon attention a été alertée par la presse roumaine qui, parfois, peut contribuer à créer un engouement pour une formule « stupéfiante » pour gagner au loto à coup(s) sûr(s) ou presque.
Titre du site Agendo.ro : « Perdez un kilo par jour ».

Bof, c’est du déjà vu, lu, entendu, depuis près d’un siècle. Voire bien plus longtemps.
Oui, mais, l’article attribue à BioCitrin des propriétés plus qu’étonnantes car il ne s’attaque pas qu’à l’excédent d’eau dans les tissus adipeux – ce qu’il facilite bien sûr incidemment – mais bel et bien à la mauvaise graisse.

Ce qui a surtout retenu mon attention, c’est que ce produit aux propriétés décrites fantastiques (avec les légers bémols d’usage) est attribué à un laboratoire français ? Ah bon ?

“Produs fabricat in Franta”, signale en tout petit le site roumain. Où cela donc ? Et produit par qui ? Mystère. On ne le saura pas davantage en consultant un site anglais recommandant plutôt un produit concurrent et concluant que BioCitrin « semble rassembler tous les drapeaux rouges qui devraient alerter lorsqu’on recherche des compléments alimentaires. ». Le site biocitrin.com aurait été enregistré en Bulgarie (par Bioprogama EAD), tandis qu’un autre, pour Bio-Citrus, renvoie à un site canadien encore en construction ou… à une mousse antimicrobienne pour les mains de Biosecur Lab Inc.

En revanche, une variante, non pas cette fois en gélules mais en gouttes, est commercialisée par le Laboratoire Phtobiolab de Plaisance-du-Touch, près de Toulouse. Ce serait à usage interne (mélangé à des jus de fruits) ou externe (3 gouttes par cuillère à café de crème Oemine derm).

 

Pour BioCitrin (ou Bio-Citrin parfois), l’emballage change en fonction des pays ou zones de commercialisation. En flacon très pharmaceutique, très austère dans les pays de langue anglaise, en  petites boîtes attrayantes pour les autres.

On trouvera aussi une lotion israélienne de ce nom pour éliminer les peaux mortes et blanchir la peau. Une autre, homonyme, retirée du marché australien, pouvait provoquer des dommages capillaires.

 

Adevarul mentionne aussi « un laboratoire français renommé ». Pour le moment, je n’ai trouvé qu’une adresse pour un fabricant de Biocitrin (labellisé Biocitrin-1000) à Singapour.

 

Mais dès 1963, un produit homonyme (ou éponyme, allez savoir), fabriqué en Australie, promettait de stopper un rhume en 48 heures.

BioCitrin est aussi commercialisé en Pologne et Hongrie et il devait l’être internationalement par eBay. Malheureusement, le site eBay précise que, malheureusement, dû à des restrictions légales dans divers pays, la page a été bloquée.

J’ai retrouvé un produit « concurrent » asiatique, le Fruta Planta, contenant pratiquement tous les ingrédients du BioCritin. Ce ne serait pas efficace… en revanche, un autre produit concurrent, lui, bien sûr, le serait. On risque donc de voir la concurrence distiller des avis négatifs visant ce produit pour en recommander un autre.

On met bien sûr le citron à toutes les sauces, y compris dans des produits ménagers récurant un peu tout (et aussi récurrents que garantis 100 % efficaces sans huile essentielle de coude). Ou pour détartrer cafetières, fers à repasser, &c. Eh, si c’est efficace à l’extérieur, cela doit l’être assurément aussi à l’intérieur.

Quant au lien de BioCitrin avec la France, peut-être est-ce dû au fait que la Hayes Clinic, de Paris (mais au Texas) vend un produit Biocitrin™ dont les bienfaits n’ont pas encore été constatés par la Food & Drugs Administration (FDA).

Mais bon, puisque « la presse en parle » et que l’adage « à beau parler qui vient de loin » prend souvent le pas sur cet autre, « à beau parler qui n’a cure de bien faire », on peut toujours croire aux vertus si diversifiées du citron.
Quant à son prix en gels, huile, gélules, poudres, pastilles, &c., c’est une toute autre histoire. 

Importés ou exportés, ces produits font gonfler la taille du PIB et le volume de la TVA récoltée.

Quant à la ligne de la balance des paiements, là, c’est une toute autre silhouette…