La BCE prépare un plan d’action

 

Les discussions ont déjà commencé en coulisses entre les représentants de la Banque Centrale Européenne (BCE) et ceux des Etats membres de la zone euro. Jeudi, le président de la BCE, Mario Draghi, a affirmé que l’institution ferait tout ce qu’elle pourrait pour sauver l’euro. Cette déclaration a soulagé les marchés qui sont ressortis fortement dans le vert, l’euro a gagné du terrain face au dollar et les rendements espagnols qui dépassaient les 7,7% sont retombés sous la barre des 7%, un seuil jugé intenable sur le long terme. Un plan d’action serait même déjà arrêté même si aucune déclaration officielle n’est venue confirmer cette information. Dans un premier temps, le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) achèterait de la dette publique sur le marché primaire pour pousser à la baisse les taux d’emprunt. Par la suite, la BCE interviendra en relaçant son programme de rachat d’actifs (SMP) qu’elle avait mis en pause depuis cinq mois. Environ 200 milliards de dette ont déjà achetés par la BCE dans le cadre du SMP. Enfin, le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui doit succéder au FESF en septembre, obtiendra une licence bancaire qui lui permettra de se financer auprès de la BCE. Ce plan est tout de même loin d’être mis en oeuvre car l’Allemagne est opposée sur le dernier point. Pour elle, le fait que le MES puisse se financer auprès de la BCE pour ensuite acheter de la dette sur les marchés revient à financer directement les Etats, ce que la BCE ne peut pas faire.Plus globalement, les Allemands sont de plus en plus réticents aux aides accordées. Ils en ont marre de payer pour les autres.

 

 

Aux Etats-Unis, la Fed va aussi agir

 

Comme son homologue en zone euro, la Réserve Fédéral (la Fed), la banque centrale des Etats-Unis, va certainement reprendre son programme de rachat d’actifs. Ce serait le troisième QE, les deux premiers ayant permis d’acheter 2 300 milliards de dollars de dette afin de soutenir l’activité et le crédit. L’économie américaine montre des signes de faiblesse. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1,5% en rythme annuel au deuxième trimestre, la plus faible progression depuis le troisième trimestre 2011. Au premier trimestre, la progression avait été de 2% en rythme annuel. Les Etats-Unis souffrent de la crise dans la zone euro qui ralentit la demande en provenance de l’Europe. Le pays est également coincé dans une impasse politique qui pourrait aboutir sur des coupes dans les dépenses et sur des hausses d’impôt au début de l’année 2013. Enfin, la consommation, le pilier de l’économie américaine puisqu’elle représente deux tiers du PIB, fait défaut. Les Américains, qui craignent le chômage, freinent leurs dépenses et reportent leurs achats, particulièrement dans le domaine de l’automobile. Les dépenses des consommateurs n’ont progressé que de 1,5% sur le deuxième trimestre, contre 2,4% au premier. Le taux de chômage s’élève à 8,2% et les créations d’emploi (environ 100 000 par mois) ne suffisent pas pour soutenir la croissance et la consommation.

 

Nouvelle restructuration en vue pour la Grèce

 

Les plans s’enchaînent mais ne suffisent pas à remettre le pays sur le droit chemin. Alors que les conclusions de la troïka, actuellement présente à Athènes, sont attendues pour la rentrée, et alors que le gouvernement de coalition tente de trouver 11,5 milliards d’euros de nouvelles économies qui conduiront à de nouvelles mesures d’austérité, la menace d’une nouvelle restructuration se fait de plus en plus pressante. Les créanciers du privé avaient accepté une décote de 70% du montant de leurs avoirs au début de l’année dans le cadre d’un effacement de dette de 107 milliards d’euros, auquel s’ajoute l’aide internationale de 130 milliards d’euros. En échange, les Grecs ont du accepter un resserrement budgétaire jamais égalé, mais les deux élections législatives du printemps ont freiné sa mise en place. Surtout, les spécialistes se rendent compte que l’objectif d’une dette s’élevant à 120% du PIB à l’horizon 2020 contre 160% aujourd’hui, est impossible. Par conséquent, l’idée d’une participation du secteur public est évoquée. Par secteur public, nous entendons la BCE et les banques centrales nationales. Elles détiennent entre 220 et 230 milliards de dette grecque, 100 milliards rien que pour la BCE. Une décote de 30% pourrait s’appliquer dans le but de réduire de 70 milliards d’euros l’endettement de la Grèce. Les banques centrales devraient être recapitalisées si un tel plan venait à se mettre en place. Le plan de la dernière chance.