Le nouveau porte-parole de la communauté des banksters n’est nul autre que Tony Blair, qui fut stipendié par JP Morgan et d’autres, et plaide à présent pour la « responsabilité sociale » fondée sur le bon vouloir de ses clients. « Pendre 20 banquiers aux lanternes ne servirait à rien, » a-t-il considéré. Effectivement, une vingtaine, c’est peu…

Que vaut la parole d’un ex-Premier ministre britannique qui a manipulé les faits pour engager son pays dans la guerre d’Irak avec les résultats que l’on sait ? Que valent les déclarations d’un stipendié de la banque JP Morgan et de l’assureur Zurich Financial Services et qui a engrangé au moins 35 millions d’euros de 2007 à fin 2011 ? Tout comme Gerhard Schröder, « conseiller » de la banque Rotschild, président du consortium Gazprom, Tony Blair bénéficie de quelques avantages en tant qu’ancien dirigeant et ramasse environ 23 millions d’euros par année en allant papillonner de ci, de là, et jusqu’au Kazakhstan ou au Koweit, ou en raclant des fonds pour ses multiples fondations caritatives.
Et le voici déclarant qu’il n’est pas « contre la richesse » mais pour « la responsabilité sociale ». Laissez faire les philanthropes, en quelque sorte…

En fait, les bisbilles entre banksters et gouvernements ou populations proviennent pour lui du fait que les gens ne comprennent pas bien l’impact « d’une masse d’instruments financiers nouveaux ». Autant d’ailleurs ne pas trop cherche à le comprendre, car seuls des Tony Blair ou des banksters sont à même d’en discerner tous les fabuleux bénéfices pour les nations. D’ailleurs, lorsqu’il était lui-même à la tête du Royaume-Uni pour cinq ans, lui-même et ses ministres ne comprenaient pas bien ce dont il en retournait. Mais à présent, au contact étroit des banksters et des plus riches dirigeants (il conseille aussi LVMH), hop, c’est l’illumination.

Il a la Free (Trade), il a tout compris !

Jésus aime les banksters

Un secteur financier vigoureux est la clef d’un monde meilleur, dit-il textuellement. Ne serait-il pas assez vigoureux et dynamique actuellement ? Il faut croire que non, ce n’est pas suffisant.

Il ne faut surtout pas que, cédant à un sentiment de colère, les gouvernements se mêlent de réguler le secteur financier et les marchés. Tout était encore pire avant que Margaret Thatcher donne du mou aux banksters. Surtout, ne pas faire marche arrière.

Les Jeux Olympiques de Londres vont sans doute tourner au fiasco pour le contribuable britannique, mais sur Sky News, Tony Blair a vanté le rôle essentiel de son épouse, Cherie, pour emporter le morceau… On espère pour elle qu’elle en aura tiré un profit financier personnel.

Blair intervient partout, à toute occasion et pour tout propos. D’ailleurs, Jésus le guide. Lequel, sans doute, lui a soufflé qu’un « Printemps iranien » serait le bienvenu. Pour le reste, il faut rendre à César (Blair et les banksters) ce qui appartient à César, et ne pas mélanger les genres.

Bref, il n’y a plus qu’à attendre que les banksters veuillent bien désaltérer leurs clients en leur tendant une éponge imprégnée de vinaigre au bout d’une pique. Pas question non seulement de promener leurs têtes au bout de piques, mais de leur demander les moindres comptes.

On peut le comprendre autrement : les banksters seraient notre veau d’or, et l’ensevelir ou le noyer serait se ruiner. Mieux, il faut lui apporter d’autres présents, car lui seul sait les transformer en sources de bien-être.

D’ailleurs, en blanchissant l’argent de la criminalité, les banksters ne finissent-ils pas par la rendre respectable, deux ou trois générations plus tard, contribuant ainsi à la paix sociale ?

Prochaine étape pour Tony Blair, persuader tout le monde que les produits financiers sont des armes d’enrichissement massif pour le plus grand profit de tous. Surtout, surtout, ne pas toucher à l’arsenal.

Au final, on se demande bien pourquoi Tony Blair ambitionne encore de revenir aux affaires publiques (il souhaiterait une prébende politique au niveau européen). Logiquement, Jésus aurait dû lui souffler à l’oreille de devenir lui-même banquier.

Légères réprimandes

Au prétexte que la colère est mauvaise conseillère, il prêche l’amnistie générale pour les banksters. Cela devrait valoir aussi pour les cambrioleurs, les casseurs et les auteurs de hold-up, non ?

En Irlande, des niais viennent de procéder à l’arrestation de Sean Fitzapatrick, 64 ans, ancien dirigeant de l’Anglo Irish Bank,  qui s’apprêtait à s’envoler depuis l’aéroport de Dublin. Deux autres de ses acolytes, Willie McAteer et Pat Whelan sont poursuivis par la justice au fallacieux motif qu’il auraient trafiqué les cours de la banque au profit d’un cercle restreint d’investisseurs fortunés. L’Anglo Irish Bank a coulé, mais les contribuables irlandais ont consentis 30 millions d’euros pour la renflouer. Tous ces braves gens sont douillettement assignés à résidence dans l’attente d’un procès équitable… Qui parle de les lyncher ? Ils risquent au maximum cinq ans d’emprisonnement, sans doute généreusement assortis de sursis. Recommencez, mais discrètement… Prenez conseil auprès de Tony Blair…

Pour sa part, Lord Adair Turner, de la Financial Services Authority (FSA), l’autorité des marchés britanniques, reconnaît que son administration a trop peu fait pour tenir la bride aux banksters. Mais de toute façon, la FSA n’aurait pas pu faire grand’ chose, ou alors, cela aurait coûté trop cher. Moralité, si l’on ose : « il faut que les directions et les conseils d’administration des banques changent d’attitude au sommet (…), introduisent des contrôles plus efficaces pour contrecarrer les comportements frauduleux (…) pour changer l’image des banquiers. ». Hop, leur image étant restaurée, la confiance reviendra d’elle-même.

Qu’on se rassure, pour restaurer leur image, ils ne vont pas se pendre les uns les autres… Ils vont juste embaucher Tony Blair pour contourner efficacement toute nouvelle règle qu’ils consentiraient à s’imposer pour la galerie.

Il n’est pas sûr qu’il ait vraiment convaincu. Sur le site du Daily Mail, alors que les commentaires des autres articles s’affichaient, la mention “We’re sorry but reader comments are currently unavaible” suivait celui consacré aux déclarations de Tony Blair. On se demande bien pourquoi.