A force de vouloir se différencier, François Hollande s’en retrouve à suivre les pas de Nicolas Sarkozy. Comme l’ex-chef de l’Etat, il vient d’installer une commission dont la mission sera de réflechir sur la moralisation de la vie politique. Tout un programme !

Comme un air de déjà-vu ! Comme Nicolas Sarkozy l’avait fait en 2007, en créant un comité de modernisation des institutions, François Hollande a annoncé la constitution d’une commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique. De pures différences d’intitulé pour un objectif commun affiché : moraliser la vie politique, en ces temps de disette budgétaire. Mais les ressemblances ne s’arrêtent pas là.

 

Premièrement, le chef de l’Etat actuel a nommé celui qui lui avait confié les clés du camion socialiste en 1997, pour devenir Premier Ministre de Jacques Chirac, Lionel Jospin. Un mentor qu’il sort du placard. Etrangement, Sarkozy avait nommé à la tête de son comité un certain Edouard Balladur, qui lui avait ouvert les portes de son gouvernement, en le nommant ministre du Budget, en 1992.

 

Aussi, en 2007, Nicolas Sarkozy, tout à sa volonté d’ouverture à l’opposition, avait débauché un ténor socialiste peu en cour à cette époque, en l’occurrence, Jack Lang. Sur ce point, François Hollande a imité le dernier locataire de l’Elysée, en faisant nommer dans cette commission Roselyne Bachelot, elle-aussi en difficulté au sein de l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire) après ses virulentes critiques sur la ligne droitière adoptée par Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la campagne pour sa réélection.

 

Malheureusement, les résolutions du comité Balladur 2007, n’avaient pas eu un grand retentissement. Ses propositions sur le non cumul des mandats et l’introduction d’une part de proportionnelle dans le scrutin législatif avaient vite été remisées par le gouvernement, sous la pression de nombreux parlementaires. Cette fois-ci, le menu sera tout aussi copieux pour Jospin et ses acolytes : proportionnelle, droit de vote des étrangers, parité, non-cumul des mandats, ou encore financement des campagnes électorales.

 

Mais pour quels résultats ? C’est à la lumière de l’expérience du comité Balladur que l’on peut se poser la question. Et c’est ainsi qu’a été perçue cette énième commission par les différents partis politiques, qui ont exprimé leur manque d’enthousiasme. Trop clanique pour le PCF (Parti Communiste Français) : ce comité traduit "une diversité politique limitée". Chez EE-LV (Europe Ecologie-Les Verts), on doute que cette "commission socialo-universitaire apporte un éclairage significatif sur des sujets que députés et sénateurs maîtrisent parfaitement".

 

Seul le MoDem (Mouvement Démocrate) de François Bayrou a réagi positivement à l’instauration de cette commssion Jospin. "En mettant en place une commission chargée de réfléchir à la moralisation de la vie publique, le président de la République semble répondre positivement à cette revendication majeure souhaitée par François Bayrou" a constaté Yann Wehrling, porte-parole du parti. Ce dernier a d’ailleurs eu une idée constructive visant à ce que cette commission ne soumette pas une nouvelle fois des propositions aussitôt oubliées. "Nous souhaitons que la commission présidée par Lionel Jospin travaille en toute transparence (…) et que ses conclusions fassent l’objet d’un référendum". Un référendum qui permettrait de passer outre les intérêts des principaux intéressés que sont les parlementaires.

 

Sources : Libération, Le Monde.