Passer du centre au démocrate

Le député européen et conseiller régional de Rhône-Alpes, Thierry Cornillet, a lancé un Manifeste pour un vrai centre. Il a trouvé quelque écho sur la blogosphère, en particulier chez KaG, chez Sébastien Pereira et chez Raphaël Tassin.

D’abord, analysons le constat. L’UDF, a été créée en 1978, pour contrer le RPR créé par Jacques Chirac pour donner suffisamment de poids au Président de la République d’alors, Valéry Giscard d’Estaing. Il s’agissait d’une confédération de divers partis du centre (CDS, Parti social-démocrate, Parti radical) et de la droite non-gaulliste (Parti républicain, héritier des Républicains indépendants) d’où venait Valéry Giscard d’Estaing. Le tropisme de l’UDF était donc à droite, droite modérée mais à droite.

Alors que le RPR était unifiée pour porter son chef à la présidence, les composantes de l’UDF se bataillait en interne pour contrôler le parti. Au bout de vingt ans, l’attelage a commencé à céder. C’est en 1998, et non 1997, que le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, à la suite d’alliances de 3e tour aux élections régionales avec le Front national.

En 2002, Jacques Chirac, Alain Juppé et Jérôme Monod veulent créer un parti de la majorité rassemblant UDF, RPR et DL. Il s’agit dès lors de la survie du centre en France. Là, l’UDF est vidée de ses élus qui rejoignent l’Union en mouvement (future UMP) pour se faire réélire. Elle est désormais réduite au CDS, devenu Force démocrate.

Il faut donc que l’UDF réduite à la portion congrue (22 députés, 28 sénateurs) résiste à l’orge UMP alors tout-puissant. Le seul créneau est celui du centre dans la majorité mais indépendant. On assiste à l’émergence du centre en France et l’UDF remprend du poil de la bête: 12% aux élections régionales, puis aux élections européennes.

Ensuite, 2007 arrive. La campagne de François Bayrou a été très belle. Il obtient 18,57% et près de 7 millions de suffrages. Ses électeurs ne sont pas tous sympathisants de l’UDF, loin de là. Son discours sur le rassemblement au-delà des clivages et la résorption de la dette a éveillé un électorat qui n’y croyait jusqu’alors. Nous étions rendus au-delà de l’UDF, mais pas encore au Mouvement Démocrate. Le centre a son plus haut historique.

François Bayrou n’aurait obtenu que 12 à 15%, seul la possibilité de partenaire poil-à-gratter de la majorité était envisageable. Il semble que cela était souhaité pour beaucoup car plus confortable à négocier. Or, à 18,5%, François Bayrou a été dépassé par la démarche qu’il avait initié. L’UDF était devenue du passé. Il ne pouvait plus soutenir Nicolas Sarkozy au 2d tour, et ne pouvait pas soutenir Ségolène Royal. Or, il n’était arrivé que troisième. Quelques erreurs pendant l’entre-deux tours, des députés inquiets pour leur réélection, une direction semble-t-il contestable, mais, c’est la campagne présidentielle qui a sonné le glas de l’UDF.

Ensuite, il fallait traduire ce changement. L’UDF était connotée au centre-droit, et le raccourci a fait que l’on ait retenu droite plutôt que centre. Il fallait transcender l’UDF et créer la famille politique de l’élan présidentiel. Le Mouvement Démocrate était né et l’incroyable vague d’adhésions à ce nouveau mouvement a montré que beaucoup voulaient construire cette troisième force.

Or, les modes de scrutin aux élections législatives et municipales ont eu raison de nos candidats. Sans alliance de 1er tour, sans investiture suffisamment préparées à l’avance, des candidats souvents trop neufs, nous ont amené à un faible bataillon d’élus aux législatives. Le mode de scrutin des municipales étant légèrement plus favorable, notre bataillon d’élus a augmenté.

C’est au cours des européennes et des régionales de 2004 que nous avons réussi à remettre l’UDF en selle. Ce sera aux européennes de 2009 et aux régionales de 2010 que nous mettrons en selle le MoDem. Nos supposés amis centristes (mais de droite) l’ont bien compris. D’où l’idée d’Epinay du centre de Jean-Pierre Raffarin.

Dès lors, il nous faut construire, développer notre logiciel programmatique, nous structurer, changer notre gouvernance interne, retrouver l’élan de l’élection présidentielle, préparer correctement les prochaines échéances.

Je crains que Thierry Cornillet n’ait pas compris que l’UDF a disparu le 22 avril 2007 lorsque François Bayrou a obtenu plus que son score "nucléaire". Il faut donc cesser de râbacher sans cesse cette chimère de l’histoire prétendue radieuse de l’UDF.

Si nous donnons au Mouvement Démocrate les moyens de réussir, si nous en faisons réellement le parti du 21e siècle, nous pouvons faire de celui-ci une des deux forces majeures du paysage politique français. La SFIO a réussi à dominer les Radicaux, le PCF a réussi à dominer la SFIO, le PS a réussi à dominer le PCF, le RPR a réussi à dominer l’UDF. D’autres mouvements l’ont déjà fait, le MoDem peut réussir à le faire.

Cessons de nous tourner vers le passé, construisons l’avenir !

Jérôme Charré

Le député européen et conseiller régional de Rhône-Alpes, Thierry Cornillet, a lancé un Manifeste pour un vrai centre. Il a trouvé quelque écho sur la blogosphère, en particulier chez KaG, chez Sébastien Pereira et chez Raphaël Tassin.

D’abord, analysons le constat. L’UDF, a été créée en 1978, pour contrer le RPR créé par Jacques Chirac pour donner suffisamment de poids au Président de la République d’alors, Valéry Giscard d’Estaing. Il s’agissait d’une confédération de divers partis du centre (CDS, Parti social-démocrate, Parti radical) et de la droite non-gaulliste (Parti républicain, héritier des Républicains indépendants) d’où venait Valéry Giscard d’Estaing. Le tropisme de l’UDF était donc à droite, droite modérée mais à droite.

Alors que le RPR était unifiée pour porter son chef à la présidence, les composantes de l’UDF se bataillait en interne pour contrôler le parti. Au bout de vingt ans, l’attelage a commencé à céder. C’est en 1998, et non 1997, que le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, à la suite d’alliances de 3e tour aux élections régionales avec le Front national.

En 2002, Jacques Chirac, Alain Juppé et Jérôme Monod veulent créer un parti de la majorité rassemblant UDF, RPR et DL. Il s’agit dès lors de la survie du centre en France. Là, l’UDF est vidée de ses élus qui rejoignent l’Union en mouvement (future UMP) pour se faire réélire. Elle est désormais réduite au CDS, devenu Force démocrate.

Il faut donc que l’UDF réduite à la portion congrue (22 députés, 28 sénateurs) résiste à l’orge UMP alors tout-puissant. Le seul créneau est celui du centre dans la majorité mais indépendant. On assiste à l’émergence du centre en France et l’UDF remprend du poil de la bête: 12% aux élections régionales, puis aux élections européennes.

Ensuite, 2007 arrive. La campagne de François Bayrou a été très belle. Il obtient 18,57% et près de 7 millions de suffrages. Ses électeurs ne sont pas tous sympathisants de l’UDF, loin de là. Son discours sur le rassemblement au-delà des clivages et la résorption de la dette a éveillé un électorat qui n’y croyait jusqu’alors. Nous étions rendus au-delà de l’UDF, mais pas encore au Mouvement Démocrate. Le centre a son plus haut historique.

François Bayrou n’aurait obtenu que 12 à 15%, seul la possibilité de partenaire poil-à-gratter de la majorité était envisageable. Il semble que cela était souhaité pour beaucoup car plus confortable à négocier. Or, à 18,5%, François Bayrou a été dépassé par la démarche qu’il avait initié. L’UDF était devenue du passé. Il ne pouvait plus soutenir Nicolas Sarkozy au 2d tour, et ne pouvait pas soutenir Ségolène Royal. Or, il n’était arrivé que troisième. Quelques erreurs pendant l’entre-deux tours, des députés inquiets pour leur réélection, une direction semble-t-il contestable, mais, c’est la campagne présidentielle qui a sonné le glas de l’UDF.

Ensuite, il fallait traduire ce changement. L’UDF était connotée au centre-droit, et le raccourci a fait que l’on ait retenu droite plutôt que centre. Il fallait transcender l’UDF et créer la famille politique de l’élan présidentiel. Le Mouvement Démocrate était né et l’incroyable vague d’adhésions à ce nouveau mouvement a montré que beaucoup voulaient construire cette troisième force.

Or, les modes de scrutin aux élections législatives et municipales ont eu raison de nos candidats. Sans alliance de 1er tour, sans investiture suffisamment préparées à l’avance, des candidats souvents trop neufs, nous ont amené à un faible bataillon d’élus aux législatives. Le mode de scrutin des municipales étant légèrement plus favorable, notre bataillon d’élus a augmenté.

C’est au cours des européennes et des régionales de 2004 que nous avons réussi à remettre l’UDF en selle. Ce sera aux européennes de 2009 et aux régionales de 2010 que nous mettrons en selle le MoDem. Nos supposés amis centristes (mais de droite) l’ont bien compris. D’où l’idée d’Epinay du centre de Jean-Pierre Raffarin.

Dès lors, il nous faut construire, développer notre logiciel programmatique, nous structurer, changer notre gouvernance interne, retrouver l’élan de l’élection présidentielle, préparer correctement les prochaines échéances.

Je crains que Thierry Cornillet n’ait pas compris que l’UDF a disparu le 22 avril 2007 lorsque François Bayrou a obtenu plus que son score "nucléaire". Il faut donc cesser de râbacher sans cesse cette chimère de l’histoire prétendue radieuse de l’UDF.

Si nous donnons au Mouvement Démocrate les moyens de réussir, si nous en faisons réellement le parti du 21e siècle, nous pouvons faire de celui-ci une des deux forces majeures du paysage politique français. La SFIO a réussi à dominer les Radicaux, le PCF a réussi à dominer la SFIO, le PS a réussi à dominer le PCF, le RPR a réussi à dominer l’UDF. D’autres mouvements l’ont déjà fait, le MoDem peut réussir à le faire.

Cessons de nous tourner vers le passé, construisons l’avenir !

Jérôme Charré

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