Alors que l’on commémore les 70 ans de la rafle du Vélodrome d’Hiver, en ces 16 et 17 juin 2012, les résultats du sondage de l’institut CSA frappent. En effet, 60% des 18-24 ans ne disent rien connaître de cette page sombre de l’histoire française.
Parler d’anniversaire serait décalé… autant faudrait-il savoir ce qu’il s’est passé les 16 et 17 juillet 1942 au Vélodrome d’Hiver, à Paris. Et ce n’est pas le cas pour 60% des 18-24 ans, interrogés par l’institut CSA, ainsi que pour 42% de l’échantillon questionné, tous âges confondus. En ce qui concerne l’implication de la police française dans la rafle, le taux de réponse devient famélique chez les 18-24 ans : 32%.
Pour l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), à l’origine du sondage, cela implique une réponse forte du gouvernement. Surtout quand l’on voit que la plupart des jeunes disent tirer leurs connaissances en majorité des documentaires ou films sur le sujet, et non pas des savoirs transmis à l’école ; seuls 49% de ceux qui connaissent les événements du Vel d’Hiv l’ont appris par l’école. "Nous voulons demander à François Hollande de faire de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une grande cause nationale, ce qui n’a jamais été encore le cas, dit Jonathan Hayoun, président de l’UEJF. La connaissance de l’histoire nous paraît incontournable pour lutter contre l’antisémitisme."
Quant aux historiens, ils se veulent plus mesurés et positifs sur les résultats du sondage de l’institut CSA. Henry Rousso, directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) considère que "chaque fois qu’un sondage porte sur un événement historique précis, les réponses sont faibles. Elles sont plus consistantes, les connaissances moins floues, lorsqu’il porte sur des périodes plus étendues, des questions plus générales, ou des personnages historiques." Aux yeux du chercheur, l’événement des 16 et 17 juin 1942 serait trop précis pour que sa connaissance soit répandue. Pour Annette Wieviorka, également directrice de recherches au CNRS, "il n’y a pas de quoi s’affoler. Ces résultats ne sont pas mauvais, je trouve même que ce n’est pas mal comme pourcentages. Il faudrait étendre la question: voir de quels événements historiques se souviennent les jeunes".
Ces deux historiens ne partagent pas le point de vue de l’UEJF. Selon eux, il n’y a pas de véritable problème dans la transmission du savoir historique sur les bancs de l’école. La réflexion serait simplement à mener pour Henry Rousso, "sur la façon d’articuler les phénomènes historiques comme la Shoah avec des phénomènes du présent [pour] qu’ils soient intégrés dans la conscience."
Il est aussi bien vrai que le savoir sur cet événement peut venir des nombreux documentaires et films ayant traité du sujet. En particulier depuis que la réalisatrice Rose Bosch a porté cette tragédie pour la première fois au cinéma, en 2010. Avec un titre des plus sibyllins : La Rafle.
Sources : Libération, Le Figaro.
Laissons faire les médias et l’ educ nat : ce sont des pros !
L’UEJF devrait faire plus et mieux que protester. J’étais, avec mon fils de 16 ans, au mémorial de la Shoah le 16 juillet. Nous avons vu et écouté des survivants de la rafle témoigner. Mon fils était de loin le plus jeune de l’assemblée, et avec mes 50 ans, je pense que j’abaissais la moyenne d’âge. Amenez des jeunes, même un dimanche de juillet, accompagnez-les pour écouter des personnes qui ne seront plus là longtemps pour nous dire leur terrible enfance, avec émotion et pudeur. Mon fils pourra dire dans 50 ans qu’il a entendu des témoins, des primary sources comme disent les historiens. Il n’y a pas que les medias et l’éducation nationale: j’ai entendu parler Srge Klarsfeld sur France Inter dimanche matin, j’ai proposé à mon fils qui était d’accord, et nous y sommes allés, au lieu de buller tout un dimanche après-midi! Cessons de geindre et agissons!
Malheureusement, je n y crois pas de trop que ce sont des pros
Oh, je serais modéré. Je pense surtout que c’est les programmes scolaires qui sont mal fichus. On étudie la 2nde guerre mondiale en 3ème et en 1ère, et encore au lycée, c’est en fin de programme. Je serais pour que l’on fasse + d’histoire contemporaine, et en particulier + d’histoire sur la 2nde guerre mondiale, dès le collège.
La manière d’enseigner, après ça dépend des profs ; les programmes par contre, il me semble qu’ils peuvent être améliorés.
samdu50,
n’etant plus toute jeune, (61 ans), je ne me souviens pas avoir entendu parler du Vel d’Hiv à l’école. On ne parlait pas de l’implication de l’administration dans la persécution juive. Nous Français , étions, soit résistants, gaullistes ou communistes, soit à Londres, soit en Afrique au coté des Alliés!!! les seuls méchants, c’etaient les Allemands!
Je n’ai découvert l’existence de cette rafle que vers 26/ 28 ans en allant voir le grand film de Losey avec Delon, « Mr Klein » , un choc… N’oublions pas que « le Chagrin et la Pitié », censuré ne sortit en salles qu’en 71, et uniquement à Paris.
EN province, nous etions loin de tout cela. Les livres français sur ce sujet etaient peu nombreux
En 58, Bousquet etait acquitté et se lançait en politique; ce n’est vraiment que dans les années 80 qu’on a commencé à parler du Vel d’Hiv et de la honte française; et c’est Chirac en 93 qui l’a officialisé.
Meka : bien sur, je suis d’accord avec vous là dessus, la culture vient aussi de ce que l’on peut faire en dehors de l’école.
Isa3 : J’ai eu la chance vu mon jeune âge (18 ans) d’avoir un enseignement non imprêgné (ou moins influencé) par la vision gaullienne de la résistance. Càd des Français tous contre l’ennemi allemand. Un enseignement qui était à l’époque pure propagande et fausse. Il y avait tout de même peu de résistants, et aussi pas mal d’autres qui ont collaboré avec l’ennemi ou avec Vichy. Dont la police française pour cette Rafle. De ce point de vue Isa3, il est vrai que la connaissance de cette page sombre n’a jamais été aussi bonne que maintenant !