La FIFA a autorisé le port du voile dans le football féminin. Entre lobbying des monarchies du Golfe et argument du "mieux vaut un football voilé que pas de football du tout"… 

La décision de la FIFA d’accorder la possibilité aux femmes de jouer au football voilées a déclenché la polémique dans l’Hexagone. Une décision communiquée par la Fédération internationale de football, mais décidé par le comité médical de l’International Football Association Board (IFAB), l’organe garant des lois du jeu. En effet, ce comité a infirmé toutes les contraintes à la pratique du sport que pourrait représenter le port du voile, comme l’a déclaré Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA : "Cette initiative prise lors de notre dernier congrès avait été soumise à une décision finale du comité médical de la Fifa. Les réserves médicales et sur la sécurité ont été supprimées pour le port du voile et la mesure est donc approuvée".

 

Malgré tout, cette décision n’est pas anodine, et suscite des réactions fortes. D’un côté, les pays demandeurs de cette autorisation, ceux du golfe Persique se sont réjouis de cette "avancée". C’est une bonne nouvelle pour nous. C’est bon pour la communauté musulmane», a déclaré à l’AFP Alex Soosay, secrétaire général de l’AFC, la Confédération Asiatique de Football. En effet, cela permettra aux femmes de pratiquer un sport normalement interdit car on y joue en short et tee-shirt, ce qui laisse apparaître des membres du corps. Cette autorisation pourra donc s’appliquer dans des pays où une conception conservatrice de l’islam est en vigueur, comme la Jordanie, l’Arabie Saoudite, l’Iran ou le Koweït.

 

De l’autre côté, il y a ceux qui s’indignent de cette décision, notamment en France. En effet, cela contrevient aux principes de laïcité et de neutralité du sport, où aucune considération politique ou religieuse ne doivent intervenir. Aussi, les associations féministes, comme Ni putes ni soumises, considèrent que "cette décision transforme les femmes en objets", comme l’a déclaré à l’AFP la présidente de l’association, Asma Guénifi, dénonçant "une régression, une trahison des valeurs universelles et une violation de la charte de la Fifa". Les partis politiques, et particuliérement l’UMP, ont aussi dénoncé un recul pour le droit des femmes, ainsi que le risque que cette autorisation s’étende à tous les sports. En ce qui concerne l’instance la plus concernée en France, la Fédération Française de Football (FFF), elle a annoncé que le port du voile serait interdit dans le cadre des compétitions nationales.

 

En se posant en simple amateur de ce sport, on pourrait aussi se poser une question assez simple, hors de toute considération politique ou religieuse : le port d’un voile couvrant tout le corps ne nuit-il pas à la performance sportive elle-même ? En effet, les pays du Golfe persique, où s’appliquera la décision sont le plus souvent situés dans des zones arides. Mais comment pratiquer le football, entièrement couvert, sous 40° degrés, plein soleil ? De plus, cela risque de provoquer de nombreux tirages de maillot (ou de voile en l’occurence …), ainsi que des difficultés de vision complète du jeu pour effectuer des passes, ou nécessitera une habileté plus grande pour réaliser des têtes.

 

On voit donc que cette décision semble dictée bien plus par des motifs politiques et diplomatiques que par une volonté de conférer de nouveaux droits aux femmes. Le droit des femmes qui est d’ailleurs bien le cadet des soucis des pays concernés, comme l’Arabie Saoudite, qui interdit purement et simplement la pratique du sport à la gent féminine !

 

Sources : L’Express, Libération.