Plus encore que les journalistes qui en avaient fait un sujet de prédilection – il n’y a qu’à voir le nombre de livres qui lui ont été consacrés – certains humoristes vont se trouver en panne d’inspiration depuis le retrait de Sarkozy. Stéphane Guillon, Didier Porte et Christophe Alévêque, en tête, ont perdu leur tête de Turc favorite. Quant à Gérald Dahan, il s’est affiché sans ambigüité au premier rang dans les meetings de François Hollande. On l’imagine mal railler un président qu’il a soutenu de façon aussi ostensible.

Quand on leur demande leur avis, ils proclament tous qu’ils veulent étriller le nouveau président à l’égal de son prédécesseur, mais on sait bien que le cœur n’y est pas. Entre Guillon et Sarkozy, c’était devenu une affaire personnelle, voire une haine qui tournait à l’obsession. L’humoriste rendait Sarkozy responsable de son renvoi de France Inter. On se souvient que Guy Bedos aussi  avait eu du mal à éreinter le pouvoir après 1981. Il faut dire que la façon de gouverner du président sortant, ses tics, ses colères l’exposaient forcément aux critiques des « bouffons du roi »qui n’avaient pas à forcer leur talent pour tourner en dérision l’hyper président.

Evidemment, pour l’instant, François Hollande en évitant les travers de son prédécesseur s’expose moins aux critiques. Même les Guignols ont du mal à le rendre ridicule. Il est néanmoins attendu au tournant mais le président "normal" s’est moins vendeur que le petit nerveux colérique.

Quand on demande à Christophe Alévêque , le fameux Super Rebelle, s’il ne craint pas d’être au chômage, il proclame :  «  Le boulot des humoristes est de s’attaquer au pouvoir. » Mais il reconnaît que c’était plus facile avec Nicolas Sarkozy. Il va devoir attendre les premiers faux pas pour monter au créneau mais c’est difficile de combattre quelqu’un pour lequel on a une certaine affection. Le ressort de l’humour repose aussi sur la méchanceté et le public en redemande, plus c’est féroce plus il adore.

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