Parce que le porc sera banni des cantines de l’Élysée, des administrations et écoles publiques, parce que les délinquants seront placés dans des hôtels de luxe avec visites autorisées illimitées des copines de DSK, parce que les coiffeurs seront obligés de raser les chômeurs gratis, que le camembert pasteurisé aura le goût de craie défini par l’Union européenne, &c., électrices et électeurs de l’UMP, choisissez la suite, choisissez la fuite ! Pour un peu, ce serait le message, pas si subliminal, de l’UMP pour les législatives…
C’est la franche panique dans les rangs de l’électorat UMP¨de base, celui des ouvrières, employés, commerçantes… Effectivement, plus rien ou presque ne distingue le discours de l’entre-soi à l’UMP et au Front national. C’est évidemment encore plus marqué chez celles et ceux qui avaient voté pour Marine Le Pen et s’étaient reportés sur Sarkozy au second tour…
Faute de chars russes, soit les panzerdivisionen de Merkel sont massés de l’autre côté du pont de Khel à Strasbourg, soit les mutins de la marine grecque s’apprêtent à pilonner le port de plaisance des Sables-d’Olonne (qui ont « bien voté ») en représailles.
« T’as voté Hollande, tu vas dérouiller », telle est la remarque la plus « amicale » ou la moins vindicative que, quelle que soit sa condition ou presque, s’entend lancer quiconque susceptible d’avoir voté « rouge » de la part de connaissances, voire de plus proches. Pour un peu, ce serait comme si G. W. Bush avait été réélu et que les Californiennes et Californiens de « gôche » étaient sur le point de passer au Canada, voire à Cuba… mais à l’inverse.
Où fuir ? Au Royaume-Uni, au Luxembourg, voire au Maroc ?
Le slogan de l’UMP pour les législatives sera « Ensemble, choisissons la France », mais presque sous-entendu « notre France », sinon ce sera la valise ou la misère noire, les confiscations, voire le bagne pour dettes envers le fisc.
Il faut d’urgence « revaloriser le travail ». Comment ? En obligeant les bénéficiaires du RSA (et pourquoi pas du RMI, d’autres allocations sociales, comme la prime de rentrée scolaire ?) de travailler « au moins » sept heures par semaine. Pourquoi pas huit ? Où cela ? Ah, on ne sait trop. À vérifier dans chaque bus si tous les usagers sont bien munis de tickets ? Encadrés par les contrôleurs de la RATP ou des régies devenus superflus et réduits au RSA ? Non, disait-on lors des présidentielles, il faudrait former tout le monde. Soit trois millions de chômeurs (pour 500 000 emplois non pourvus au maximum). À raison d’un formateur pour dix apprenants, voilà de quoi donner du travail, d’abord aux formatrices de formateurs… L’utopie n’est pas que l’apanage de la gauche, en ce pays.
Baisser les cotisations sociales pour revaloriser les salaires ? Pourquoi pas ? Comment alors à la fois réduire les déficits et obliger les employeurs à répercuter le gain sur les salaires ? Bizarrement, il n’est pas question de retour aux 40 heures hebdomadaires, thème sous-jacent de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy…
Il faut réduire le déficit… en 2016. Pourquoi pas avant et comment ? En supprimant un ambassadeur sur deux, un trésorier-payeur général sur deux, un DDE sur deux, un amiral sur deux, &c. ? Eh, c’est logique : on ne va pas payer des gens à s’encadrer eux-mêmes : pour passer des commandes de missions à des officines privées, un subalterne suffirait.
Comment réserver un cinquième des marchés publics aux PMI et PME ? Il faudrait qu’il en reste qui ne soient pas des filiales de grands groupes… français ou étrangers. C’est déjà le cas pour la plupart des grands travaux, réservés sous le précédent quinquennat aux montages financiers et industriels des fameux contrats public-privé. On ne comprend pas trop pourquoi la suppression de deux normes « pour une supplémentaire créée » permettrait de protéger les emplois « en France » (allons plus loin : des seuls Français) mais allons-y : chaque compteur à gaz nouveau devrait être libéré de deux fonctions réglementées, ce qui devrait aussi s’appliquer aux anciens modèles.
Refusons aussi le droit de vote pour les étrangers, tous les étrangers, binationaux inclus. La burqa est déjà interdites dans les lieux publics, faisons de même dans les halls des grands hôtels de luxe, les zones de transit des aéroports : tolérance zéro…
L’UMP veut réduire les remises de peine pour les délinquants ? Qu’elle en parle avec Michèle Alliot-Marie et les précédents gouvernements qui ont bloqué cette mesure au parlement, et commence par exclure tous ceux en son sein ayant voté contre. En revanche, vu la surpopulation des prisons, oui, atteindre au moins 80 000 places ne serait pas superflu : avec les délits économiques mieux poursuivis, cela semble indispensable.
Pourquoi donc maintenir les allocations familiales à tout le monde et créer des solutions de gardes d’enfants supplémentaires ? Le déficit de 200 000 places, d’où vient-il ? Ne pouvait-il être mieux résorbé en cinq ans ?
Pour le reste, l’euthanasie, par exemple, déjà largement pratiquée, il faudrait peut-être songer à financer des lits dans les hôpitaux. Pour la PAC, pourquoi ne pas la supprimer au lieu de vouloir la conserver à l’identique ? On est contre l’assistanat ou pas ? Pourquoi vouloir garantir l’accès aux services publics dans les zones rurales après avoir supprimer des tribunaux, des centres de soin, des gendarmeries, des antennes de la sécurité sociale, &c. Comment donc les rétablir ?
Le plus beau, c’est le refus de la naturalisation « sans manifestation de la volonté de devenir français ». J’en connais qui ont introduit des dossiers en 2009, valides, devenus égarés en dépit de preuves, totalement à refaire, et qui se voient à présent conseiller, le dossier étant de nouveau validé, de le représenter dans deux ans. Sans garantie d’acceptation (on ne voit pas pourquoi ces personnes, bien insérées, changeraient de situation en deux ans). Et comment donc des enfants nés en France manifesteront-ils à leur majorité cette volonté : en participant à des concours de dégustation de pieds de cochons ? Attention aux retours d’Israéliens revenus enfanter en France…
Tout lire…
Bien sûr, ces remarques ne se fondent que sur le contenu d’un simple tract. Il convient de lire l’ensemble sur le site de l’UMP. Où l’on trouve des perles telles que la « lutte contre les dépassements d’honoraires inacceptables ». Quel en est donc le seuil ? C’est bien aussi de généraliser la formation par alternance : mais comment forcer les employeurs à fournir des stages ou des apprentissages à chacune et chacun ? Certaines mesures sont déjà de fort longue date appliquées. De plus, tout n’est pas à jeter et des questions comme l’accession de la Turquie à l’Union européenne fait débat dans de nombreuses formations politiques, pour des raisons parfois divergentes. D’ailleurs, certaines mesures du programme UMP semblent contradictoires (comme fusionner le G8 et le G20, la nouvelle entité étant dotée d’un secrétariat permanent, et d’autre part instituer une préférence européenne).
D’autres mesures sont des vœux pieux (du genre : faire confiance « aux parents qui restent les pivots de l’éducation de leurs enfants », peut-être en les faisant participer à des camps de rééducation ?). D’autres demandent à être précisées, comme celle portant sur la réforme de la dépendance (où cela ? dans les maisons privées qui ont défrayé la chronique tout au long du quinquennat ?).
L’UMP serait plus crédible si beaucoup moins de ministres sortants se présentaient à la députation. Au moins, Roselyne Bachelot, dont le frère, Jean-Yves Narquin, se présente sous la bannière d’un FN-bis, tire-t-elle les conclusions logiques du rapprochement de l’UMP avec le FN (et sans doute que l’UMP en a tiré les mêmes conclusions à son égard). Certains candidats UMP, dans des régions réticentes aux dérives droitières, n’en sollicitent pas moins son soutien, histoire de se démarquer (ainsi de Philippe Bennec, dans le Pays de Retz, qui l’avait invitée à la veille du second tour).
Au moins ce programme s’inscrit dans une continuité : exit le Grenelle de l’environnement déjà vidé de l’essentiel de sa substance. Mais il n’est déjà plus question d’une « banque de la jeunesse » (l’exemple de la Grande-Bretagne, où les étudiants ne peuvent pour la plupart rembourser leurs prêts a dû faire fléchir).
L’UMP va devoir aussi s’accommoder de 23 candidats de la Gauche moderne (de Jean-Marie Bockel) et de multiples candidatures « centristes ». La Gauche, même moderne, est-elle encore la France ? Et Thierry Coudert (3e Paris) qui se veut « sarkozyste de gauche » ?
Le tract de l’UMP est aussi visuellement une réplique au Front national, et une manière de rappeler à l’électorat la polémique sur la présence de drapeaux étrangers (dont des occitans et des bretons, notamment). Il va falloir que Rachida Dati mouille le chemisier… Pour l’appui de Nora Berra, ex-secrétaire d’État à la Santé, cela semble compromis : elle aurait voulu se présenter à Lyon sous l’étiquette radicale et l’UMP envisagerait de l’exclure.
Côté PS, on s’amusera de la bisbille entre Fatima Ogbi et Malk Boutih, tous deux candidats dans l’Essonne. Cela semble au moins démontrer que la « diversité » est effectivement diverse.
Ce qui est un peu cocasse, c’est que Laura Flessel, et non Tony Parker, portera le drapeau tricolore aux Jeux olympiques de Londres. L’escrimeuse guadeloupéenne, qui n’en peut mais…, fera-t-elle préférer l’original à la copie UMP ? Allons, heureusement, nous n’en sommes pas encore là… Je ne sais si elle a voté Sarkozy ou Hollande (et je m’en fous) mais, que l’on sache, elle ne demandera pas l’asile au Royaume-Uni en fonction des résultats aux législatives. Ouf !
Mais en voyant la façon dont s’oriente la campagne de l’UMP, on en viendrait à se demander s’il ne faudrait pas activer le slogan : « La France rose pâle, on l’aime ou on la quitte… ». Revenez quand vous voulez en touristes, cependant… faire provision de camemberts. 😉
Ils peuvent remporter ses législatives. C’est un bien ? That is the question…
Excellent article, [b]Jef Tombeur[/b] !
jf.