Tous les candidats nous rebattent les oreilles avec leurs programmes « miraculeux », qui au mieux sont d'une démagogie éhontée et au pire d'un manque de bon sens évident.

Pourquoi, depuis le début de l'année, sommes-nous assaillis par ces discours où les candidats nous expliquent ce qu'ils feront, ou ne feront pas, une fois qu'ils seront présidents, sachant que le rôle du président de la République est clairement défini par la constitution du 4 octobre 1958 ?

Pour mémoire, je vous en retrace les grandes lignes :

  • Le président est hors des partis politiques, il est au-dessus d'eux et son rôle premier est de veiller au respect de la Constitution. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités, et c'est pour cela qu'il est le chef des armées, et le détenteur de la force de frappe nucléaire. 
  • Le président de la République nomme le premier ministre, choisi au sein de la majorité (législative et non présidentielle, ce qui explique les « cohabitations ») et il met fin aux fonctions du premier ministre sur la présentation par ce dernier de la démission du gouvernement. 
  • Sur la proposition du premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions.
  • Le président de la République promulgue les lois dans les quinze jours qui suivent la transmission au gouvernement de la loi définitivement adoptée par le parlement (c'est-à-dire qu'il rend obligatoire, par sa signature, une loi qu'il n'a pas votée) .
  • Il peut, avant l'expiration de ce délai, demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée.
  • Le président de la République, sur proposition du gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique ou sociale de la Nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.
  • Le président de la République peut, après consultation du premier ministre et des présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale.
  • Le président de la République signe les ordonnances et les décrets délibérés en Conseil des ministres.
  • Le président de la République accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères ; les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires étrangers sont accrédités auprès de lui.
  • Le président de la République est le chef des armées. Il préside les conseils et comités supérieurs de la Défense nationale.
  • La Constitution et la pratique institutionnelle lui reconnaissent aussi un rôle éminent en matière de diplomatie. On parle de domaine réservé. Il négocie et ratifie les traités. Il accrédite les ambassadeurs français à l'étranger, et réciproquement, les ambassadeurs étrangers en France sont accrédités auprès de lui. Il conduit la délégation française dans toutes les rencontres internationales ou européennes d'importance. Ainsi, même en période de cohabitation, le président garde sa prédominance en la matière et la France est systématiquement représentée par les deux têtes de l'Exécutif.

 

Donc, son seul vrai pouvoir se trouve dans les négociations internationales, et nulle part ailleurs !

Pourquoi les candidats ne nous parlent-ils pas UNIQUEMENT de ce qu'ils vont faire d'un point de vue international puisque c'est le seul domaine où ils pourront agir seuls ?

Quant au premier ministre, il est d'abord le chef du gouvernement.

  • Il « dirige l'action du gouvernement » (art. 21) et à ce titre, en principe, FIXE SES ORIENTATIONS POLITIQUES ESSENTIELLES (donc, lui devrait nous présenter son programme avant les élections).
  • Il doit également assurer la coordination de l'action gouvernementale et éviter, par son arbitrage, que différents ministres prennent des initiatives allant dans des sens opposés.
  • Il n'est pas le supérieur hiérarchique des autres ministres. Il ne peut jamais leur imposer de prendre une décision qu'ils ne veulent pas assumer, mais peut proposer leur révocation au président en cas de faute grave.
  • Ce rôle de direction de l'action gouvernementale est facilité par certains éléments. Le premier ministre, au nom du gouvernement, « dispose de l'Administration "(art. 20), de services propres localisés à l'Hôtel Matignon (Secrétariat général du gouvernement, cabinet…) et d'un grand nombre de services qui lui sont directement rattachés (Commissariat général au Plan, DATAR…)
  • Le premier ministre assure aussi l'exécution des lois et exerce le pouvoir réglementaire, sous réserve de la signature des ordonnances et décrets délibérés en Conseil des ministres par le chef de l'État. Il peut de manière exceptionnelle remplacer le Président à la présidence du Conseil des ministres.
  • Il est aussi responsable de la défense nationale même si, souvent, les grandes orientations sont fixées par le Président de la République.

En conclusion, celui qui assurera l'avenir politique de la France pour le prochain quinquennat ce n'est pas notre prochain président, mais bien celui qui sera présenté par la majorité législative et qui deviendra chef du gouvernement.

Le vote du président n'est donc qu'une affaire de goût personnel, ce sera un vote ‘affectif', sans plus… mais si le citoyen veut agir sur l'avenir politique, il devra participer aux élections législatives qui auront lieu en juin 2007, probablement les 10 et 17 juin… ET CE SERA L'UNIQUE VOTE UTILE !