Tous veulent y aller, s’y installer, y déposer leurs bagages pour un bail de 5 ans, fouler son sol parqueté et admirer son architecture avec ses salles magnifiquement décorées, hautes de plafond d’où descendent des lustres scintillants. Dans le livre de Julien Laurent, Histoires insolites des présidents et de l’Elysées, paru aux éditions City, on découvre plusieurs anecdotes tantôt souriantes, tantôt sérieuses mettant en avant la vie du palais présidentiel et de ses locataires.
A sa lecture, on se rend compte que l’ancien château de Madame de Pompadour rend hommage dignement à la France, la cuisine que l’on y sert est ce qui se fait de mieux pour les papilles. Bien que les résidents aient une tendance démocratique à changer, au niveau du personnel, on dénote une certaine stabilité. Depuis plus de 40 ans, le chef des cuisine est resté le même, Joël Normand et à l’écouter, à force de servir le premier des français, on peut découvrir les particularités de chacun d’entre eux.
Le grand Charles était ponctuel, un repas devait être servi à une heure précise, le retard n’était pas admis, sinon l’équipe risquait de recevoir des remontrances. Le dimanche, tel un rituel immuable, c’était la bouillabaisse, une soupe de poisson partagé avec son fils. Pompidou était adepte des plats traditionnels français, une blanquette de veau, un bœuf carottes, une poule au pot et il était ravi. VGE, traquant les calories, opta pour des plats minceurs notamment composés de poisson. Mitterrand se montra infidèle aux fourneaux élyséens, préférant s’octroyer les services du traiteur le Notre, un geste pris comme une claque pour tout le personnel hôtelier. Chirac, fidèle à son image de bon vivant, mangeait de tout, aussi bien les plats simples que les mets raffinés.
Pour accompagner l’ensemble du déjeuner ou du dîner, afin de saucer le repas, et même le matin, la baguette est inévitable. D’ailleurs, on y mange la meilleure de Paris. Une distinction méritée et délivrée après un concours acharné. Pour participer, il faut remplir des critères bien paramétrés, la pièce d’artisanat est observée par un jury de 15 personnes, dont des professionnels renommés et des élus parisiens. Pour le lauréat, le meilleur boulanger de Paris, c’est une véritable promotion, il devient le fournisseur officiel de l’Elysée pendant un an et ses ventes grimpent généralement en flèche.
Quoi de mieux pour se désaltérer le palais, qu’un bon vin. Les caves de l’Elysée en sont pleines à craquer. Là aussi, chaque élu avait ses petites manies, De Gaulle aimait le rouge et le champagne, souvent des grands crus et des millésimes réputés. Mitterrand, au contraire, préférait les vins bon marché, Chirac était plus amateur de bière et Sarkozy, le mauvais client, ne boit pas une goutte d’alcool, sauf quand Vladimir Poutine le force à boire de la vodka, donnant un show hilarant il y a quelques années.
A la fin du dîner, pour conclure en beauté, place au dessert. Tradition républicaine oblige, la fameuse galette des rois tirée à l’Elysée lors de l’Epiphanie, ne comporte pas de fève, il serait déplacé d’élire un roi en République. Les présidents voient leurs désirs gourmands satisfaits par une armée d’artisans talentueux, une fois de plus, ce sont les meilleurs de la ville qui sont sollicités.
De Gaulle adorait les soufflés à la vanille et les gaufres renommées de la grande usine à saveurs lilloise, Meert, des péchés mignons qu’il faisait exprès venir de sa ville natale. Pour Pompidou, c’était la tarte au citron meringuée, pour VGE, la crème brulée, pour Mitterrand, la ganache au chocolat, pour Chirac le Paris-Brest et sa garniture onctueuse et pour Sarkozy, les chocolats. Le président sortant est féru de la cabosse, dévorant des boîtes qu’il a l’habitude de recevoir en cadeau par ses proches ou ses admirateurs (si, si, ça existe…)
C’est sur cette touche sucrée que votre humble serviteur vous quitte. Si vous en demandez encore, vous savez quoi faire, en attendant le premier tour, plongez-vous dans la lecture de ce charmant recueil d’historiettes, pas trop non plus pour pouvoir aller voter dimanche.