Le développement durable

 

Rio de Janeiro accueille la prochaine Conférence mondiale des Nations unies sur le développement durable (appelée Rio+20), du 20 au 22 juin 2012

 

Au menu : comment situer le développement durable dans le contexte de la crise économique actuelle, un développement articulé, de nos jours, autour de deux grands sujets : le  réchauffement climatique (provoqué par le rejet du CO2 dans l’atmosphère) d’une part, et l’économie verte d’autre part.

 

****

 

Disons d’emblée que plus les pays sont englués dans la crise, moins les grandes résolutions adoptées par les grandes Conférences, dans le domaine de l’environnement comme ailleurs, n’ont d’effets contraignants.

 

Et puisque toute nouvelle forme d’énergie (aujourd’hui l’éolienne et le solaire) a besoin d’atteindre une certaine taille pour être rentable, et qu’en plus les énergies traditionnelles doivent augmenter de prix (en raison de leur rareté coissante), pour permettre aux nouvelles d’atteindre cette rentabilité, il faudra encore attendre un certain temps avant que celles-ci n’atteignent la dimension qui leur permettront d’être rentables.

 

Ceci dit, il faut tenir compte également, si l’on compare, par exemple, l’électricité produite par le solaire ou par le vent, à l’électricité produite par des centrales atomiques ou fonctionnant au gaz, des coûts externes et des risques qui, dans le cas du nucléaire, sont complètement sous-évalués par les autorités officielles.

 

A cet égard, il a fallu l’accident de l’usine atomique de Fukushima, au Japon, pour que le problème de la sécurité ressurgisse partout à travers le monde, et pour que certains pays développés (songeons, par exemple, à l’Allemagne) s’engagent, à terme, à une cessation complète des activités dans ce secteur.

 

****

S’agissant maintenant des préoccupations écologiques elles-mêmes, le discours n’est pas le même, à ce sujet, selon que l’on se situe dans les pays en voie de développement, ou selon que l’on se situe dans les pays déjà complètement développés.

 

Ainsi, dans la mesure où les premiers nommés sont en train de procéder, de nos jours, à une industrialisation à outrance, toutes considérations écologiques jouent chez eux (on a en vue ici les lieux de pouvoir où se prennent les décisions) un rôle mineur.

 

Quant aux pays développés, même si l’écologie est, chez eux, mieux représentée sur le plan politique que dans les autres pays, encore celle-ci doit-elle prouver qu’elle est créatrice d’emplois en net (puisque la fermeture d’usines traditionnelles détruit des emplois que la création des entités nouvelles doit absolument compenser, voire surcompenser).

 

****

 

Une autre question surgit, quand le développement durable est discuté à l’échelon international, et qui consiste dans le fait que les pays en développement n’ont pas les moyens de protéger leur environnement, puisque cette protection a un coût. Or cette non prise en compte joue un rôle important puisqu’elle permet d’abaisser, toutes choses égales par ailleurs, les coûts des biens produits dans ces pays et qui seront vendus ensuite sur le marché mondial.

 

Mais là encore, les autorités de ces pays vont s’épargner de taxer, au nom de la protection de l’environnement, les entreprises polluantes, si elles-mêmes, entreprises polluantes, sont des compagnies multinationales disposant d’énormes moyens financiers; et si elles-mêmes, autorités, se laissent corrompre par les pots de vin offerts par ces entreprises.

 

Quant aux partis verts de ces pays, aussi longtemps qu’ils n’ont pas les mêmes moyens que les entreprises susnommées, ou que les partis défendant, dans ces pays, une croissance économique peu regardante sur les méfaits associés à l’industrialisation à outrance – leur contrepouvoir, par rapport au pouvoir sortant, sera plus formel que réel.
 

****

 

Tout cela pour dire qu’une Conférence mondiale sur le développement durable ne peut pas être contraignante, pour les participants, aussi longtemps que ceux-ci ne vivent pas sur le même pied.

 

Ce n’est pas tout : au même titre que les gens sont peu regardants, au moment d’aller poser leurs maisons au pied du Vésuve ou au pied de la fissure tectonique de Santa Monica à Los Angeles (et ce malgré l’avertissement de tous les scientifiques ayant étudié le dossier), au même titre les entreprises sont peu regardantes – et, avec, elles, les pouvoirs politiques chargés de les représenter au sein des gouvernements ou des parlements -, au moment de payer les coûts environnementaux provoqués par la pollution.

 

Quant à privatiser ce coût, comme certains économistes néolibéraux le préconisent, c’est  là une tarte à crème qui développera, ici comme ailleurs,  la prévarication ou la corrruption. Car qui va les évaluer, ces coûts, sinon des experts qui se feront graisser la patte par les entreprises polluantes, lesquelles font d’ailleurs le calcul suivant : elles ne graisseront  la patte des décideurs de la politique qu’aussi longtemps que le coût du graissage est inférieur aux économies réalisées par elles sur les coûts qu’elles devraient payer pour respecter les normes émises par les pouvoirs publics en matière d’environnement.

 

****

Et puisque le sujet de l’environnement a été abordé, mis à part les nuisances créées par les hommes eux-mêmes du fait de leurs activités économiques (déforestation, pollution atmosphérique et réchauffement planétaire en raison du CO2, pollution des rivières, des lacs ou des cours d’eau en raison des déchets industriels, pollution des sols et sousols en raison du dépôt ou de l’entrepôt des  déchets nucléaires bassement, moyennement ou hautement radioactifs; etc.), il faut tenir compte également des nuisances apportées à l’homme par les puissances de la nature (tsunamis, typhons, tremblements de terre, réveils des volcans, avalanches de neige ou de boue, etc).

 

Or la premiere sécurité, face à ces menaces d’ordre naturel, est de construire sa maison en des lieux moins susceptibles que les autres d’être atteintes par les catastrophes naturelles; et, deuxième mesure, de renforcer sa construction au cas où.

 

Mais là encore, toute disposition contraignante de la part des Etats sera chose vaine si les ressortissants de ces Etats n’ont ni les moyens de  bâtir et de vivre dans des maisons répondant aux nouvelles normes de sécurité, ni l’éducation nécessaire pour s’astreindre à ce genre de réglementation.

 

A titre d’exemple, certains bidonvilles des pays du tiers monde ne respectent aucune norme sécuritaire dans le domaine de la construction ou de la disposition des maisons, lequelles seront emportées, pour cette raison, au premier torrent de boue venu. Et tout cela car les habitants des bidonvilles vivent dans la misère, et qu’ils n’ont donc pas les moyens (ni d’ailleurs l’envie) de respecter des dispositions contraignantes.