Il n’a jamais été facile d’être jeune, cependant être un jeune européen d’une vingtaine d’années n’a jamais été aussi difficile. Quatre ans après le début de la crise la génération perdue de l’Europe est devenue le sujet des débats au sein des réunions de ‘sauvetage’ de l’UE.
Le chômage est peut-être le plus gros problème pour les pays européens derrière la crise de la dette. Selon ‘Eurostat’, 16,3 millions de personnes sont au chômage dans les 17 pays qui ont adhéré à l’euro. Le taux de chômage en Espagne a bondi à 22%, et entre les jeunes de 24 ans il est de 51,4%, en forte augmentation depuis 2008, n’étant à l’époque qu’à 18%, c’est à cette même année que le marché de l’immobilier en Espagne s’est effondré. En Grèce, le taux de chômage chez les jeunes a atteint 46,6%, 30,7% au Portugal et en Italie de 30,1%.
Chaque pays a dû sacrifier quelque chose de différent lors de l’adoption des mesures d’austérité. Ce que tous ces pays ont sacrifié en même temps c’est la main d’œuvre. Le manque d’espoir d’un avenir meilleur a amené les jeunes à tenter leur chance dans d’autres pays européen voir même plus loin.
L’exode de ces jeunes pourrait avoir un effet dévastateur sur la croissance futur d’un pays. Sachant que la plupart de ceux qui partent à l’étranger font partie de l’élite intellectuelle. De dizaine de milliers de jeunes ont quitté la Grèce au cours des deux dernières années, la plupart d’entre eux ayant des études supérieures.
‘Je ne travaille plus depuis un an. C’est difficile. Je suis décoratrice d’intérieur mais notre industrie a été durement touchée par la crise. J’ai cherché du travail en tant que secrétaire ou vendeuse mais personne ne m’engage. Je conte chaque centime et je compte sur mon père pour m’aider, même si c’est aussi dur pour lui. J’ai envoyé ma candidature en Angleterre et à Amsterdam’ a déclaré Evangelia, une jeune grecque de 26 ans.
La jeunesse espagnole, elle, se tourne vers l’Argentine, dont l’économie à augmenter ces dernières années. Pendant de nombreuses années l’Espagne a été un aimant pour les immigrants, mais en 2011 près de 50.000 personnes ont quitté le pays vers des lieux plus prospères.
Les portugais préfèrent retourner dans leurs anciennes colonies. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 70.000 Portugais ont tenté leur chance en Angola en 2010. Les autorités s’attendent à la même quantité pour 2011. Pour le Portugal, qui a une population de 10,5 millions de personnes, ce nombre est significatif.
D’autres portugais préfèrent l’économie brésilienne qui recherche de nombreux ingénieurs et experts dans plusieurs domaines. Le Brésil a récemment diminué ses restrictions pour les immigrants afin d’attirer l’élite intellectuelle. En 2011, le nombre d’immigrants espagnols a augmenté de 45%.
Les jeunes irlandais ont opté eux pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont plus d’accords favorables avec l’Union européenne en matière de visas. 40000 irlandais ont fui leur pays en 2011, dont une majorité de femmes.
Quand les jeunes entreprenants et instruits quittent leur pays en vagues massives, à long terme l’économie va en souffrir. Le pays a investi dans leur éducation, qui est devenu un bien, mais cette propriété sera utilisée dans un autre pays. C’est dans cet autre pays qu’ils vont gagner de l’argent, payer des impôts, acheter des biens et des services, dont leur pays a besoin pour surmonter la crise.
Bien sûr, l’émigration réduit les coûts d’indemnisation du chômage et d’autres services, mais qui payera les dettes du pays si toute la jeunesse part ?