Tout va très bien. Une bonne centaine d’amateurs de whisky sont disposés à claquer plus de 120 000 euros pour obtenir la très convoitée carafe de la marque Diageo (Johnnie Walker), une édition spéciale lancée à l’occasion du jubilé de la reine d’Angleterre. À ce prix, on a droit aussi à deux verres. Profonds ? Pas autant que les besoins en financement de la Grèce et du Portugal…
Que sont les équipements sportifs des derniers Jeux olympiques de la Grèce devenus ? Ils sont pratiquement à l’abandon depuis deux-trois ans, car trop chers à entretenir.
Que deviendra le pavillon de l’Utopie, devenu Pavilhão Atlântico après l’exposition universelle de 1998, qui accueillera le spectacle Disney on Ice en mars prochain ? Les prix les plus bas sont à 28 euros, et il n’est pas sûr que la salle fera le plein.
En Grèce comme au Portugal, la dette engendre de la dette, et les profits de la dette rendent le flacon de whisky très abordable… y compris pour les plus riches Grecs dont la fortune est placée ailleurs, exempte d’impôts. À Londres, par exemple.
Pour Laurent Pinsolle, un souverainiste français dans la tradition gaulliste, il faut sortir de l’euro. La Grèce d’abord, le Portugal suivant ensuite. Certes, des économistes de renom pensent de même. Mais le Premier ministre grec considère qu’un rapport, qu’il vient de demander à son ministre des Finances établira que la sortie de l’euro, et une dévaluation (de 50, 60 ou 70 %), dressera l’ampleur d’une catastrophe humanitaire à venir bien supérieure à ce qu’il est déjà constaté en Grèce. Or, le tableau est très sombre : SDF, suicides, abandons d’enfants, émigration. Certes, comme l’exprime Nicolas Sarkozy, le devenir d’un pays dépasse celui des personnes tentant d’y subsister, mais un pays, n’est-ce point aussi une nation ?
En Grèce, alors que vient d’être admis 150 000 mises à pied dans la fonction publique (que deviendront tous ces gens ? la troika s’en embarrasse peu…), les négociations semblent encore patiner alors que les syndicats appellent à descendre dans la rue. À Bruxelles, après l’allocution conjointe de Merkel et de Sarkozy, on fait encore grise mine : sauf revirement des Grecs, qui accepteraient de se présenter aux élections d’avril en ayant cédé sur l’essentiel, l’affaire semble mal partie. Mais, tant bien même accepteraient-ils, que deviendra la Grèce, avec l’euro préservé ? Il n’est pas du tout sûr qu’individuellement, les Grecs soient vraiment en meilleur état qu’en mendiant des drachmes.
Le Portugal dément…
Les dirigeants portugais estiment que leur pays est plus proche de la situation de l’Irlande (qui rembourse ses emprunts) que de la Grèce. La dette portugaise serait « soutenable ». Pour qui ? Selon un rapport de Thomson Reuters, le Portugal consulterait pour obtenir une restructuration (soit un effacement partiel, comme en Grèce) de sa dette. Ce serait faux, a promis un porte-parole du gouvernement portugais. En fait, via l’assouplissement quantitatif, le Portugal est déjà sous perfusion de la Banque centrale européenne qui, globalement, à doublé la semaine dernière le montant de ses interventions (124 millions contre 63 la semaine précédente).
Si la troika lâche du lest sur la Grèce, le Portugal demandera sans aucun doute davantage de souplesse. Globalement, la dette européenne grimpe à présent à plus de 103 000 milliards d’euros (87,7 % du PIB global, pays de l’Union européenne hors zone euro inclus).
Les banques toujours fragile
Le Financial Times a considéré que les suggestions proposées par 30 des plus grandes banques européennes pour se recapitaliser sont soit irréalistes, soit insuffisantes. L’allemande Commerzbank n’est pas la plus crédible. En fait, des banques ont commencé à se financer auprès de leurs plus gros clients, de très grandes entreprises. L’italienne Unicredit a pu lever des actions mais dans des conditions qui ont dissuadé d’autres banques de faire de même. L’espagnole Santander assure, à ce jour, avoir pris des mesures adéquates, sans faire appel aux investisseurs.
Mais on se demande qui sera la prochaine. Fitch Ratings vient une nouvelle fois de dégrader des établissements financiers italiens : Intesa SanPaolo, Banca Monte dei Paschi di Siena et Banco Popolare (BBB à présent pour ces deux dernières, soit à la limite de la dangerosité).
Du coup, Herman Van Rompuy déclare, à l’université Humboldt (Berlin), que l’Union européenne continuera de soutenir la Grèce. Un peu comme la corde le pendu ? Il en appelle à la solidarité des pays européens mais admet que la sortie du marasme n’est pas pour demain, ni proche.
Pour le syndicaliste Yiannis Panagopoulos, il n’y a pas de négociation, juste un « chantage cynique visant un peuple tout entier. ». Tout entier ? Sans exceptions ? Pour son homologue de l’Adedy (fonction publique), Ilias Iliopoulos, la vérité, « c’est que 500 000 familles ne gagnent même pas un euro par semaine et qu’un autre million n’ont du travail qu’épisodiquement. ».
Pour le Financial Times, les mesures déjà annoncées pour la Grèce seraient, selon la BCE et le FMI, insuffisantes. Même si les Grecs disaient qu’ils pourraient consentir à d’autres mesures d’austérité, le pourront-ils vraiment ? La Grèce avait une dette de 120 % de son PIB en 2009, selon les calculs des analystes, il en sera de même en… 2020, si les négociations réussissent.
Et tout le monde estime, comme Mujtaba Rahman, de l’Eurasia Group, que « le Portugal sera la prochaine victime » si des mesures plus importantes ne sont pas rapidement prises. Pedro Passos Coelho, le Premier ministre portugais, le dément. Pour combien de temps ?
Pour le moment, Merkel et Sarkozy n’ont rassuré que celles et ceux qui veulent l’être à tout prix…
Le Portugal, comme beaucoup d’autres pays est à l’image de cette personne qui tombe du 10ème étage.
En passant devant chaque fenêtre on l’entend dire « jusqu’ici, ça va ! ».
La chine et Oman viennent d’acheter 40% de la compagnie de distribution de gaz et d’électricité.
Le présent économique et social est dans un piteux état, l’avenir est compromis par les privatisations massives.
Est-ce que vendre les bijoux de famille est un gage de solidité ?