Non, ce n’est pas selon la tête des clients de la banque Goldman Sachs que les traders et employés se voient récompensés, tous, mais diversement, pour leur bon travail en 2011… après une perte de profits de 67 % sur l’année. Et les bonus restent copieux.
Le Mail, qui fait un sujet sur la colorisation des photos par ailleurs, n’a pas jugé opportun de placer des images de la Grande Dépression américaine dans son article sur les bonus de Goldman Sachs. Mais le poids des mots peut suffire.
Aux États-Unis, le montant des bonus et des payes chez Goldman serait en baisse de 21 % alors que les résultats du dernier trimestre (nous le signalions ici hier, dans l’article sur l’Eurozone) ont encore baissé de… 58 %. Et 67 % pour l’année 2011. Mais, dans le même temps, des salaires ont été augmentés… en faisant quand même des « profits » sur la masse salariale puisque 2 400 employés ont été licenciés l’an dernier. Goldman a quand même réalisé 2,5 milliards de dollars.
La pieuvre vampire
GS est surnommée la Vampire Squid (la pieuvre sanguinaire). Elle n’est guère plus avide que d’autres.
Morgan Stanley plafonne bien cette année les versements à près de 100 000 euros au maximum pour les « meilleurs ». Cela reste, mettons, confortable.
Et comme les payes augmentent, le coût des licenciements des « meilleurs » qui ne le resteraient pas, croit en conséquence. Le client paiera…
Et puis, les bonus et primes entrent dans la catégorie globale des « frais opérationnels ». On peut y mettre un peu tout et n’importe quoi, les actionnaires n’y verront que du feu.
Le Daily Mirror rappelle que chez Goldman Londres, le salaire moyen est dix fois supérieur à celui du salarié britannique hors secteur bancaire.
Aussi qu’en dépit des licenciements (certes onéreux), c’est 42 % du revenu de GS qui passe en rémunérations… contre 39 % l’année précédente.
Il se passe à peu près la même chose en France. Un peu moins de primes, mais davantage en salaires.
Le Guardian, plus centre-gauche, publie une caricature : un représentant du FMI tend sa casquette à un employé de GS qui l’éconduit. Les « partenaires » (associés principaux) de GS vont engranger une prime de trois à six millions de dollars. Pas grave si l’action a baissé de 40 % et que le rendement sur les fonds des actionnaires (4,4 milliards d’USD au total) n’est plus que de 2,3 %, à 1,84 USD l’action. C’est d’un cynisme éhonté, absolument sans la moindre gêne. De toute façon, GS, qui tente de faire passer le candidat républicain contre Obama, ne risque rien de la part de la majorité des représentants démocrates.
Comme disent les Roumains descendant dans la rue : « majorité, opposition, même misère ». Mais pas également répartie. Dieu lui-même est avec Goldman Sachs dont le président dit, sans rire, ni même pouffer, concourir à « l’œuvre de Dieu ».
Dans Les Échos, cela donne laconiquement : « La banque américaine Goldman Sachs, qui a annoncé cette semaine à ses salariés que les bonus annuels vont fortement baisser, publie ses résultats pour le 4e trimestre. ». Fortement baisser ? Allons donc ! La Tribune est tout aussi pudique.
GS est aussi surnommée Golden Sacks. Mais la banque donne aussi à des institutions charitables. Avec sa fondation Goldman Sachs Gives (créée en 2007). Sa dotation sera, elle, réduite en fonction de la baisse des profits, mais un peu davantage.
La réduction serait de 75 %.