Bonne idée de Marianne et du Point : soutenir le livre de leurs journalistes, Mélanie Delattre et Emmanuel Lévy, Un quinquennat à 500 milliards (Mille et une nuits éd.). Sauf que le livre, dès parution, date. Sarkozy nous aura sans doute coûté (aux classes moyennes et inférieures) plus de 600 milliards d’euros, qui vont s’alourdir du fait que ce n’est plus triple AAA, mais de fait BBB que la France est notée. S&P a dévalué à AA, Moody’s suivra, Fitch sans doute aussi. Mais comme le dit Mélenchon, Sarkozy a bon dos : il n’est que le Papillon, l’ordonnateur des « menus » plaisirs d’un système, dont il profite bien sûr personnellement, mais uniquement dans la mesure où il sert ses « amis » qui sauront l’oublier vite…

Titre trompeur que celui du livre d’Emmanuel Lévy et Mélanie Delattre, Un quinquennat à 500 milliards.
En fait, sur l’immense dette de la France, qui dépasse les 600 milliards qu’ils considèrent au moment de la rédaction, ils imputent à Nicolas Sarkozy et ses libéralités, « réformes », et plaisirs au moins 520 milliards.

Commentaire du Point : « le titre l’arrondit à 500 ». C’est désormais bien davantage.
Ce qu’il faut retenir, pour le passé, c’est ce que Martine Orange consigne dans Mediapart : « En un mandat, Nicolas Sarkozy aura réussi l’exploit d’accumuler autant de dettes à lui seul que ses quatre prédécesseurs. ».

Ce que l’avenir retiendra sera largement plus lourd, puisque, jour après jour, semaine après semaines, mois après mois, l’inconséquence présidentielle aggravera encore très fortement le poids de la dette.
C’est déjà troisième poste budgétaire de l’État, qui risque de passer au second rang. Merci président « protecteur ».

Mais en fait, les auteurs pêchent dans la personnalisation en attribuant à la « crise » financière la différence entre les conséquences des actes présidentiels et la totalité de la dette. Mais qui est donc responsable de la dette, si ce n’est ce même président et son entourage, depuis qu’il fut ministre du Budget ? Les banksters ? Allons donc ! Qui les a fait ? Les mêmes… Qui nomme donc le gouverneur de la Banque de France ? Vous avez la réponse…

Aussi Jean-Luc Mélenchon se trompe-t-il en disant que la responsabilité de Nicolas Sarkozy est la responsabilité d’un système « dont Nicolas Sarkozy est l’agent ». Car Nicolas Sarkozy est lui-même le système. Non pas seul, et pas qu’avec Fillon, Baroin, Juppé, et tant d’autres. Car ils n’ont pas été que les agents, mais bien les acteurs d’une doctrine qui veut que plus les plus gros possédants s’enrichissent, plus les intermédiaires, les cadres, profitent, jusqu’au dernier des miséreux. Cette doctrine n’aurait pas tenu s’ils n’en avaient été les chantres et les organisateurs, de longue date.

Emprunt forcé

Mélenchon souhaite « une proposition d’affrontement qui retourne le choc contre l’expéditeur plutôt que de le répercuter contre le peuple français. ». C’est oublier que si le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, le peuple français a écouté, applaudi, plébiscité. Pourquoi envisager « un emprunt forcé sur les banques françaises » dont elles répercuteront le coût sur leurs clients ? Mais les emprunts leurs rapportent, et n’est-ce point avec l’argent du peuple français qu’elles ont fait leurs bénéfices, placé par leurs dirigeants dans des paradis fiscaux ? La proposition de Mélenchon vise certes à réduire les profits de la finance, qui doit toujours et encore en faire, en spéculant, ce qui alourdit les prix de tout.

Effectivement, les agences, rétribuées par les organismes financiers, voient bien que les mesures d’austérité vont conduire à la disparition de millions de consommateurs. Mélanchon a parfaitement raison de le souligner. Mais il prône la même logique : une relance de la consommation.
Quelle consommation ? Celle qui apporte un temps une sensation de meilleur être, mais nullement de satiété, et dont le fruit finit toujours par aller largement, très majoritairement, aux mêmes.

Serrer la ceinture

 

Où sont donc allés les fruits de la robotisation et de l’informatisation ? En partie chez les consommateurs et les producteurs, immensément dans les poches des spéculateurs. Il y a eu des retombées, notamment pour les cadres des « services » qui ont échappé au chômage.
Qui « se » sont eux-aussi délocalisés.
Les consommateurs, qui se voient par exemple offrir de multiples chaînes de télévision « gratuites » ont oublié que tout se paye, et qu’ils payent prioritairement. Ah, cela crée de l’emploi. Productif ? De quoi ?
Toute dépense est répercutée sur le consommateur final. Certains y échappent, nourris, logés, blanchis, &c., aux frais des autres. Certes, contre quelques prestations, comme le vibrionnant excès de déplacements et d’interventions de l’agité de l’Élysée, ou des heures à siéger dans des conseils d’administration (ou une Bernadette Chirac doit commencer à s’assoupir).

La réalité est qu’il faut se serrer la ceinture, et serrer la ceinture. En fonction des activités et des revenus, et en privilégiant un autre type de croissance. Productive de biens, certes, mais surtout de bien-être, lequel ne tient pas qu’aux biens matériels accumulés. Autrefois, la Chine exportait de l’opium, d’autres pays ont pris le relais. Mais la drogue la plus forte, c’est… la croissance. Telle que ses troubadours la définissent : qu’importe qu’il s’agisse de produire des armes, des objets de luxe, ou, effectivement, des drogues diverses, légales ou illégales, peu importe.

Valérie Pécresse a partiellement raison en disant : « ceux qui osent critiquer le président de la République n’ont aucune leçon à donner. » D’une part, parce qu’ils l’ont élu « majoritairement » (compte tenu des non-inscrits, du vote blanc, nul, de l’abstention, c’est assez farce). D’autre part parce qu’ils ont soutenu la même logique : enrichissons-nous. À tout prix, n’importe comment, aux dépens de n’importe qui.

Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch Ratings et les autres, stipendiés par ceux-là mêmes qu’ils fustigent, n’ont qu’une antienne : faites de la croissance qui nous profite, à nous et à nos fournisseurs et clients. N’importe laquelle, n’importe comment. Il ne s’agit pas de casser le baromètre pour le casser, mais déjà, d’économiser sur le coût du baromètre. Qui est détraqué.
Au final, elles dégradent les entreprises, les régions (en ce moment les communautés autonomes espagnoles), les pays, les banques, &c. Pour ne valoriser que les meilleurs en matière de plus-values, de profits. À cette aune, elles devraient valoriser les barons de la drogue en Afghanistan et Colombie, les seuls réels AAA+++ de la planète.
À ce stade, ce n’est plus le « système » qu’il faut corriger, il est incorrigible. Mais le changer.