[Avertissement : les propos qui suivent se veulent un simple témoignage à l’attention des futurs ex-fumeurs et de leur entourage. Ils ne reflètent qu’une expérience individuelle et ne doivent en aucun cas être compris comme une préconisation, ni même une recommandation et encore moins comme une publicité.]
« Et puis, naturellement, arrêtez de fumer ». C’est sur cette consigne lapidaire que se concluait la consultation de sortie, après que le neurologue m’ait simplement prescrit de l’aspirine. Une injonction purement verbale, mais conjuguée au présent de l’impératif !
J’avais été admis dans le service, en soins intensifs, six jours auparavant à la suite d’un petit AVC sans réelle gravité puisque je suis en mesure d‘en narrer moi-même les péripéties … Pendant cette grosse d’heures, je n’avais pas fumé, par la force des choses ; c’est sans doute pourquoi la perspective d’en « griller une » était beaucoup plus présente à mon esprit que l’élaboration d’une stratégie d’arrêt.
Pourtant, je ne manquais pas de ressentir très rapidement et très instamment l’affectueuse pression de mon entourage. Pour l’heure, il n’y avait pas encore péril en la demeure : le petit stock qui était mon ordinaire depuis fort longtemps n’était pas encore épuisé, sobriété forcée aidant ; je résolus de le mettre à profit pour gagner un peu de temps, naviguant à l’économie, tel un navigateur solitaire pataugeant malgré lui en plein pot au noir.
Il me fallut très vite convenir que si gagner du temps pouvait s’avérer une saine tactique, cela n’autorisait en aucun cas à élever cette décision purement dilatoire au rang de stratégie : gagner du temps, certes, mais pour en faire quoi ?
C’est alors que me revint à l’esprit la scène de l’étrange manège auquel j’avais vu se livrer, un an peut-être auparavant, une ancienne collègue de travail. Fumant beaucoup (pour le corps médical « beaucoup » qualifie toute consommation quotidienne supérieure à zéro) et bien entendu avec mauvaise conscience (ainsi qu’il est de règle pour l‘écrasant majorité de la confrérie), elle avait opté pour un ustensile qui de loin aurait pu passer pour un fume-cigarettes en métal argenté. Fait étrange, elle en usait sans s’isoler ni se dissimuler, bien que je la sache fort respectueuse des dispositions de la loi Évin.
Or l’appareil émettait de la fumée ; on le voyait très nettement lorsqu’elle en tirait des bouffées. Fait encore plus étrange : aucune odeur de tabac n’était perceptible. Aucune, rigoureusement aucune (et pourtant, on sait à quel point l’odorat d’un fumeur s’avère un outil d’une redoutable sensibilité sur cette longueur d’ondes, en lui permettant de repérer dès les premières millisecondes le fraudeur qui a cru se mettre à l’abri des soupçons dans les toilettes de l’avion …)
Elle m’expliqua alors qu’il s’agissait d’une « cigarette électronique », sans tabac, dont la virtualité lui permettait de renoncer au tabagisme réel. A tout hasard, je décidais de stocker l’information dans un coin de mémoire, pour l’en ressortir le moment venu.
Ce que je fis, ce moment semblant venu. Je l’appelais donc pour qu’elle me donne les coordonnées du produit miracle, qu’elle énonça sans barguigner, mais en me révélant toutefois qu’elle y avait renoncé dans l’intervalle, en raison d’un insupportable manque de fiabilité. Un homme averti en vaut deux : je m’empressai donc de parcourir Internet pour y découvrir d’autres sources.
Je dois reconnaître que je me suis arrêté au premier site trouvé, qui me paraissait clair et documenté, vendeur mais pédagogique :
« La cigarette électronique est tout simplement un produit « révolutionnaire » à destination des fumeurs de cigarette classique. Elle vous permet d’aspirer et d’expirer de la fumée sous forme de vapeur contrairement à la cigarette de tabac. La e cigarette est un concentré d’électronique dans un tube cylindrique, de même forme qu’une cigarette classique. L’emplacement du filtre, appelé « cartouche » contient un liquide aromatisé du nom de e-liquide (arômes de tabac ou autres arômes comme la pomme, la vanille, le café, etc …) se substitue au tabac et à ses composants nocifs pour la santé ».
« Le corps de la e cigarette est constitué le plus souvent de 3 parties :
· une batterie (par comparaison : le corps blanc de la cigarette classique), avec un microprocesseur et au bout de la batterie une diode qui s’allume lorsque l’on tire sur la cigarette,
· un atomiseur, le composant qui permet de transformer le e-liquide de la cartouche en vapeur,
· une cartouche, qui contient le e-liquide aromatisé et qui peut ou non contenir de la nicotine.
Ces trois parties constituent la cigarette électronique. Les derniers modèles récents, peuvent avoir la même taille que les vraies cigarettes ! Un bémol tout de même : plus un modèle est court et moins la batterie est performante en termes de longévité et de puissance délivrée ».
« Concernant son principe de fonctionnement, la cigarette électronique ne produit pas de combustion, c’est une très grande différence avec la cigarette classique. Cette dernière se consume et décuple sa dangerosité, par la libération d’infimes particules et la création de réactions chimiques nocives. Libération de monoxyde de carbone par exemple, gaz dangereux et mortel. La e-cigarette produit de la vapeur en chauffant jusqu’à 50°C à 60°C. La partie qui chauffe le e-liquide (liquide de la cartouche) est l’atomiseur, géré par un microprocesseur qui effectue le relais entre la batterie et l’atomiseur ».
« Les avantages de la cigarette électroniques sont donc nombreux, voici les principaux énumérés par les pionniers de cette nouvelle cigarette :
Avantages pratiques :
· pas d’odeur de tabac,
· pas d’odeur de tabacs froids sur les doigts ou sur les vêtements,
· vous pouvez fumer dans les endroits où normalement il est interdit de fumer ! (Lieux publics, restaurants, bars/pubs, au travail, en discothèque/club etc.),
· vous ne gênez plus votre entourage non-fumeur !
Avantages sur la santé :
· retrouvez le goût des aliments,
· vous améliorez votre qualité de vie,
· vous retrouvez votre forme sexuelle optimale,
· vous pouvez vous remettre à courir plus longtemps !
· la cigarette électronique ne contient ni goudron, ni ammoniaque, ni monoxyde de carbone ni aucune des 4000 substances toxiques ou cancérigènes de la cigarette.
Avantages financiers :
· elle est au final plus économique que la cigarette traditionnelle !
· vous allez économiser, comparé aux plus des 5€ d’un paquet de cigarettes, voir 9€ pour des cigarettes roulées avec les feuilles et les filtres ».
La mariée semble presque trop belle, même si certains arguments laissent un peu sceptiques ou demandent à être vérifiés. Mais après tout, l’enjeu ne dépasse pas les 60 € de l’investissement initial (plus les frais d’expédition car la commercialisation ne se fait que sur Internet) qui seraient perdus en cas d’échec ; c’est à dire, pour en revenir à un référentiel connu, à peine trois semaines de consommation conventionnelle … Le risque mérite assurément d’en être couru !
Parallèlement, je m’étais mis en devoir de parcourir divers sites d’« information » (la raison de ces guillemets sera expliquée plus loin) et de m’y évaluer au travers des six questions du test de Fagerström. Verdict : « Vous n’êtes pas dépendant(e) physiquement au tabac. Vous pouvez arrêter de fumer sans avoir recours à un traitement de substitution ou médicamenteux», confirmé lors d’une visite chez mon médecin référent. Le recours aux gommes ou aux patches nicotiniques serait donc inapproprié.
Quel dommage, nous le verrons plus loin, que je n’ai pas aussi découvert et mis en œuvre dans le même temps le test de Demaria-Grimaldi, cruellement absent du site de tabac-infos-service, et qui, lui, se serait traduit par « Votre test a été évalué à 10 point(s) ; vous avez des chances réelles de réussir à arrêter de fumer mais des difficultés à prévoir », un pronostic nettement plus nuancé !…
Le dimanche 18 avril, je passe donc commande (rassuré par le paiement sécurisé) d’un PCC (Portable Case Charger), boitier chargeur portable, lui même rechargeable sur le secteur ou sur une prise USB. Il abrite une batterie, un atomiseur et un échantillon de six cartouches de divers dosages en nicotine et pousse le mimétisme jusqu’à adopter la forme et les dimensions d’un paquet de cigarettes ; je le trouverai dès le jeudi 22, à mon arrivée sur mon lieu de villégiature où il m’attend depuis l’avant-veille.
Comme j’ai pu télécharger la notice avant mon départ, dès la confirmation de ma commande, je passe aussitôt à l’expérimentation. La mise en œuvre est enfantine et la sensation s’avère en effet plutôt proche de la cigarette réelle (à l’exception toutefois de celles des cartouches totalement dépourvues de nicotine). Chacune de ces cartouches représente peu ou prou une cigarette classique.
(à suivre … )
Curieux de voir la suite passionnant comme retour