Adieu veaux, vaches, cochons, gazouillis d'oiseau et tintamarre de grillons…

La campagne française s'embourgeoise ou disparaît. Dans les deux cas, le constat est triste.

Ce matin, j'ouvre les volets. Le soleil dèjà haut dans le ciel illumine la colline verdoyante. Me voilà de très bonne humeur car le printemps est de la fête.

Oui mais voilà, ma fenêtre donne sur la route principale de mon village et tout d'un coup une pétarade de mobylette me donne la chaire de poule. Je hume l'essence nocive pénétrant mes poumons comme une trainée de poudre.

Tant pis, il faut bien partager la campagne.

Je lève les yeux et j'aperçois l'enseigne fluorescente du commerce qui a ouvert récemment. C'est vrai, j'avais oublié mais maintenant, je ne pourrai plus admirer le rayon de lune car la lumière clignotante et agressive éclaire l'intérieur de ma maison si je ne prends pas garde de fermer les volets.

Je sais, un village sans commerces est un village mort.

J'irais bien faire un tour de vélo un peu plus tard. Oui, mais si j'attends la sortie des bureaux, je risque de me faire faucher comme les blés par un automobiliste excédé après trois-quart d'heure d'embouteillage à la sortie de la ville.

Après tout, je n'ai qu'à m'organiser autrement.

Et si j'allais marcher sur le sentier qui serpente par-delà la vallée?

Oui, bien sûr mais la dernière fois, j'ai respiré l'odeur des motos-cross pendant bien 100 mètres.

Je sais, la campagne appartient à tout le monde. Enfin, en y réfléchissant, quel sentiment de supériorité nous fait croire que nous pouvons clôturer, sillonner, labourer, souiller et polluer les verts paturages?

La nature n'appartient à personne. Elle tente de nous le faire comprendre depuis plusieurs siècles mais elle va finir par nous donner une leçon magistrale.