Comment en sommes nous arrivés à ce qu’il se passe aujourd’hui ? Les faits sont nombreux, complexes et les explications données dans les média dépendent souvent du point de vue de celui qui les évoque. Mais en quelques mots simples, nous allons essayer ici de vous en faire comprendre les principaux tenants et aboutissants. C’est en fait comme une histoire que l’on pourrait raconter comme n’importe quelle autre…
Il était une fois… Un monde paisible où avant la crise tout allait pour le mieux. Il y avait plus ou moins de croissance selon les pays mais en général ça allait. Les entreprises avaient du travail, elles investissaient et les taux d’intérêts étaient assez bas. Avec tout cela l’inflation, soit la hausse du volume de monnaie en circulation dans l’économie, aurait du se produire selon le schéma traditionnel connu en économie. Mais cette fois ci ça n’a pas été le cas. D’une part car les banques centrales (cf. 🙂 faisaient leur possible pour limiter l’inflation et d’autres parts car les pays émergents tels que la Chine pratiquaient des prix très bas et épargnaient beaucoup (cela limitant donc la masse monétaire en circulation puisqu’elle était « gardée »).
Suite à cela les montants des primes de risques, qui auraient existé en cas d’inflation, ont stagné. Car la prime doit, en gros, protéger contre le risque de modification d’un prix lors d’un échange avec paiement sur le long terme et donc risque de d’appréciation de la valeur de la monnaie d’échange ou pour éviter que les taux d’intérêt soient diminués de l’inflation. Les banques sont alors devenues moins rentables puisque la plupart de leurs gains se faisait sur ces primes de risques. Elles ont du trouver un moyen de « vendre » d’autres choses pour être plus rentables face à aux actionnaires.
L’arrivée des supprimes (« la peau de banane ») : les banques américaines ont eu l’idée de créer de nouveaux crédits qui seraient destinés aux ménages à risques, puisque les autres ménages étaient la plupart du temps déjà propriétaires. Ces crédits proposaient notamment une clause alléchante, la clause reset, qui permettait de petites anuités sur les deux premières années et la revente du bien hypothéqué (pour lequel le crédit avait été sollicité) en cas d’impayé. Le tout bien sur avec une plus value, puisqu’à l’époque le marché de l’immobilier se portait plutôt bien. Mais les banques devaient trouver un moyen de contourner le ratio Cook car ce dernier les obligeaient à détenir une partie du capital qu’elles prêtaient, afin d’éviter une faillite en cas d’impayés. Alors pour déjouer le ratio Cook, elles ont « déguisé » les crédits subprime en titres échangeables sur un marché et ce grâce aux émetteurs, des sortes de sociétés qui leur permettaient de sortir ces crédits de leurs comptes et se chargeaient de les transformer en titres, dans le même genre que des actions. Pour trouver acquéreurs de ses titres, les émetteurs distinguaient les plus risqués des plus sûrs avec une note attribuée par un organisme indépendant (mais tout de même payé par les émetteurs eux mêmes…) et promettaient de ne pas vendre les plus risqués. On avait alors les titres seniors peu risqués, les titres mezzanine de risque moyen et les equity les plus risqués et donc non vendus sur le marché. Et évidemment tous ces titres, tout de même plus risqués que les titres habituels, avaient une rentabilité promise plus élevée. Tout cela se faisait aisément des marchés contrôlés, mais surtout sur des marchés dit Over the counter où la solvabilité et l’identité des acheteurs n’étaient pas une condition d’acquisition du titre.
Mais alors que s’est il passé ?
Au bout des deux premières années des premiers subprimes, les impayés ont fait leur apparition comme il était prévu pour des ménages à risques. Mais le problème est qu’entre temps le marché de l’immobilier n’était plus aussi porteur, et tous les biens hypothéqués se retrouvant sur ce marché n’ont pas trouvé preneurs. Ou du moins ils ont trouvé des heureux propriétaires moyennant une moins value considérable. De ce fait les émetteurs ont fait faillite rapidement et les titres ne valaient tellement plus rien sur le marché, qu’il y a même eu une suspension de cotation (on ne donnait même plus de valeur aux titres). Les propriétaires de ces titres, des entreprises connues ou moins, des particuliers, des investisseurs etc. se retrouvaient avec des titres sans valeur et l’argent investit était alors perdu.
Mais pourquoi aujourd’hui tout le monde glisse sur cette « peau de banane » ?
Et bien parce que souvenez-vous que la plupart des échanges se faisaient sur un marché non contrôlé. Donc en réalité, on ne savait pas trop qui étaient les acheteurs. Donc le jour où tout le monde commence à être au courant de la perte de valeur des titres, tous les acteurs (entreprises, investisseurs etc.) que l’on soupçonne d’avoir pu acheter ces titres, se regardent un peu en chien de faïence. Et surtout les banques, qui avaient pour habitude de se prêter de l’argent entre elles, se questionnent sur la position de leurs ex-collaborateurs qui, bien évidemment, n’ont pas acheté ce genre de produits (c’est un peu comme quand les gamins font une bêtise… c’est jamais eux qui l’ont faite…).Les banques ne se font plus confiance et ne se prêtent plus d’argent. Sauf que cet argent qu’elles se prêtaient était l’essentiel de leurs ressources pour allouer des crédits aux entreprises et aux particuliers. Les prêts interbancaires (la plupart du temps fait en dollars) diminuant, la demande de dollars diminue aussi et la valeur de ce dernier augmente, défavorisant les exportations et entraînant une hausse des taux d’intérêt. De l’autre coté les banques n’ayant plus les ressources pour allouer des crédits, notamment aux entreprises, les acteurs des marchés financiers perdent confiance dans les entreprises puisqu’elles ne perçoivent plus autant d’aides des banques qui d’ordinaire finançaient leur fonctionnement. La confiance baisse donc le cours des actions baisse et si ce cours baisse alors le revenu des ménages qui possédaient des actions baisse aussi. A la fin que voit-on : une baisse du revenu, une hausse des taux d’intérêt et une baisse des crédits alloués. Donc les ménages consomment moins. Mais si ils consomment moins, les entreprises produisent moins, d’autant plus qu’elles manquent de financement. Et si elles produisent moins et bien elles licencient. Et nous voila parti dans le cercle vicieux de la crise.
Le dénouement, on espère tous que la phrase de fin soit « : « mais le super héros arriva remis tout le monde debout et assura à tous qu’ils vivront heureux et auront beaucoup d’enfants » (Non Barack Obama n’est pas un super héros qui porte un costume de président des USA, le pauvre homme fera ce qu’il peut) ;Mais ce que peu osent dire c’est qu’une autre vague de crédits à risques (mais moins risqués lorsqu’on les alloué que les subprimes) vont connaître le même sort que les subrpirmes : impayés en série. Car si effectivement ils étaient moins risqués il y a quelques années, ce sont aujourd’hui des prêts appartenant à des personnes touchées par le chômage la plupart du temps à cause de la crise. Et de plus les politiques de relance pratiquées ne font que reproduire la situation initiale : injection d’argent dans le système = plus de monnaie en circulation. Et si l’on ne permet toujours pas l’inflation comme avant la crise, et bien on reproduit le même scénario.
Donc que dire d’autre sur le dénouement à part qu’il y a tellement de choses à revoir qu’on ne sait pas par où commencer et que rien que le dénouement est lui même une autre histoire en train de se dérouler.
Il est dommage d’écrire aussi bien pour rester dans l’apparence des choses : vous n’avez saisit rien d’autres que ce que les papiers des uns et des autres relatent.
Vous seriez surpris si vous pouviez voir derrière le miroir qu’on tend complaisamment à votre attention.
Oui c’est vrai que je ne prétends pas pouvoir en dire plus que ce qu’on a bien voulu m’expliquer ou du moins que ce que j’ai pu comprendre.
Je me disais juste que c’était plus agréable de le présenter sous la forme d’une histoire avec des mots plus accesibles que ceux utilisés dans les journaux.
Merci tout de même jmarc2006 pour avoir pris le temps de me lire 😉
Je vous suis régulièrement, mais je ne partage pas toujours votre façon de présenter justement. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier votre façon d’écrire.