Déjà l’enfant parle de quand il sera grand. Et quand il dit ce qu’il sera, c’est le titre d’une profession qu’il donne. Déjà en lui est imprégnée la nécessité de travailler pour vivre et parler de soi. Et quand une grande personne se présente, elle se caractérise toujours par le métier qu’elle exerce. Parmi ces professionnels, il y a ceux qui aiment leur métier et qui en sont fiers et il y a ceux qui aimeraient être connus pour une autre particularité : leur passion à laquelle ils s’adonnent quand le métier qu’ils exercent par obligation leur en laisse le temps. Il y a même des métiers qui sont incompatibles avec certaines passions. Ainsi, celui qui se sait artiste ne peut se définir ainsi parce qu’il ne peut se consacrer à son art. Enfin, la professionnalisation dans chaque domaine s’étant grandement répandue ces derniers temps, il semble impossible désormais au militaire de se présenter comme Philosophe à moins d’être couvert de ridicule ou encore au fonctionnaire de se dire écrivain. Il faut agir pour être, mais il faut travailler pour être cru. C’est ainsi que celui qui n’exerce pas le métier de sa vocation ne peut vraiment parler de lui.
La règle des diplômes devient même une dictature pour l’enfant qui a grandi dans une ferme et qui est capable de reprendre le flambeau familial sans pour autant l’étudier à l’École tout simplement parce que ce métier est dans sa pratique quotidienne. Si prendre cette raison pour supprimer l’existence des diplômes serait aussi absurde que paraît stupide l’obligation d’obtenir un diplôme pour ce genre de personnes qui se destinent à ce genre de métier, pour autant, il faut bien reconnaître que même avec diplôme, des métiers rapportent moins que d’autres et que c’est pour cela qu’un Philosophe peut choisir de vivre sa vie dans l’Armée et être par conséquent décrédibilisé auprès des gens de ce milieu qui demande une grande ouverture d’esprit, ce qui est bien en contradiction avec la réputation de la pensée carrée des militaires, ou qu’un écrivain dans l’âme peut se retrouver dans la fonction publique et être ainsi connu pour cette vie qui ne serait plus alors que totale contradiction avec sa véritable personne qu’il ne peut exprimer au grand jour à cause d’un quotidien qui impose de survivre au lieu de vivre selon son entendement.
La nécessité des diplômes
Malgré les contraintes qu’ils peuvent imposer ou les frustrations, voire les déceptions qu’ils peuvent susciter quand ils ne sont pas obtenus, les diplômes sont une nécessité pour l’accès à un métier. En effet, le diplôme est un repère, un moyen de mettre chacun à égalité des chances ainsi que de repérer et de reconnaître officiellement dans la société les compétences de chacun. Le diplôme est la même règle du jeu pour tous. Personne, a priori, ne peut tricher ou être avantagé. Le diplôme est aussi ce qui relève le niveau des qualités de son acquéreur parce qu’aucun diplôme n’est donné, mais délivré après preuves, c’est-à-dire obtenu par celui qui s’est donné le plus. Un diplôme est toujours décroché avec mérite.
Et puis, un diplôme n’est pas la reconnaissance d’un jour, mais l’aboutissement d’une longue formation d’un parcours souvent difficile. Il est la validation d’acquis. Le diplômé est un compétent.
Professionnalisation et vocation
S’il est souvent reproché aux diplômes de ne pas vraiment préparer le candidat au métier qu’il est amené à exercer après l’obtention de ceux-ci, le véritable problème de cette exigence conventionnelle peut être en réalité tout autre. En effet, il est possible de s’orienter vers quelconques métiers à cause de contraintes différentes. Ainsi, il est possible que le véritable passionné n’exerce pas professionnellement la passion de ses rêves. C’est en général le cas pour les métiers les plus convoités. L’émergence de la précarité dans le travail ne fait que renforcer cette contrainte et l’obligation d’obtention de diplômes mélangée aux cruelles lois du libéralisme économique peut même aller jusqu’à tuer la vocation. C’est par conséquent la valeur du talent qui est rejetée du monde professionnel alors que le talent devrait être la principale cause de réussite. Ce n’est plus un secret, dans le monde d’aujourd’hui, le talentueux peut rester injustement dans l’ombre. Et c’est ce que l’Internet peut changer.
Internet ou l’accomplissement de soi
La majorité des hommes s’accomplissent dans le travail, quand ils ne définissent pas celui-ci comme une pure contrainte, parce que c’est celui-ci qu’ils exercent au quotidien et que l’accomplissement passe par une pratique quotidienne. Pour trouver la sérénité mentale ou ce que d’autres appelleraient tout simplement le bonheur, il faut exercer le travail de son désir. Ce qui n’est évidemment pas toujours le cas. Par conséquent, les hommes ne peuvent pas toujours avoir l’impression d’être pratiquement à l’image de leur personnalité (idéale) qu’eux seuls peuvent connaître parce qu’eux seuls peuvent l’imaginer.
Si l’Internet peut changer cette donne, c’est parce que lui seul peut vraiment permettre à une personne de faire ce qu’elle veut. Les sites communs et les blogs aident d’ailleurs à ce développement. Ainsi, par exemple pour le monde de la chanson, la télévision n’a plus le monopole de la découverte de nouveaux talents. C’est désormais en ligne que les futures vedettes mettent leurs premiers enregistrements et c’est le nombre de téléchargements acquis qui les propulse dans la cour des grands. Par conséquent, les forces injustes du devoir de la rentabilité financière d’un artiste n’ont plus le pouvoir de gâcher le talent des plus talentueux qui ne correspondraient pas à la mode du moment visée par la maison de production. Ce ne sont donc plus les grosses firmes qui imposent une star au public, mais le public, par le biais de l’Internet, qui impose son artiste aux plus grands producteurs. Et si jamais un artiste ne suscitait pas l’intérêt des internautes ou qu’il préférait ne jamais vivre financièrement de sa vie musicale développée sur Internet, il lui est toujours possible, pour le premier cas d’être réhabilité plus tard, et dans le second cas de jouir pleinement de cette liberté permise par le seul Internet.
Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est aussi en philosophant qu’on devient philosophe et c’est en écrivant des histoires qu’on devient écrivain. Ainsi, le militaire (ou autre) qui écrit des textes philosophiques a la possibilité d’être reconnu comme Philosophe en mettant en ligne ses textes comme l’écrivain qui travaille dans la fonction publique ou ailleurs peut y mettre également les siens. Cette démarche n’ayant pour finalité que l’accomplissement de soi, elle ne peut avoir aucune rentabilité financière et la professionnalisation est alors dominée par la vocation. L’honnêteté de l’amour d’une passion remplace ainsi le vice que peut susciter le désir absolu d’argent pour l’argent.
Le danger des imposteurs
Le fait que l’Internet puisse permettre aux hommes de s’accomplir et de se découvrir publiquement, c’est-à-dire d’exposer leur véritable personnalité au public, ne peut en aucun cas remplacer l’authenticité de leur identité. En effet, l’Internet doit être un moyen de réussir, mais il doit résister au danger auquel il est exposé : l’auto-proclamation injustifiée et sans sens. Les frustrés ou déçus de leur échec personnel dans tel ou tel domaine pourrait effectivement y avoir recours. Mais, ces imposteurs ne peuvent avoir leur place dans ce Monde où tout le monde peut venir en toute liberté qu’est l’Internet. En effet, publier ses œuvres sur Internet n’exclut aucunement tout jugement, bien au contraire. Publier sur Internet, c’est laisser l’internaute juger. Ainsi avec l’Internet, l’auto-proclamation ne peut exister. Et les web-philosophes, les web-écrivains, les web-historiens, les web-artistes, les web-scientifiques, ceux qui passent par Internet pour gagner le titre ne peuvent être que de véritables philosophes, écrivains, historiens, artistes, scientifiques ou autres encore. L’Internet est à la fois un chemin et un tremplin, mais à la différence des autres moyens, il demeure éternel et sans limites. En effet, contrairement à la télévision ou aux revues, il n’y a aucune présélection effectuée par un groupe particulier qui se réserverait le droit à la possibilité du succès, bien souvent par souci financier. Avec l’Internet, ce genre de manœuvres ne peut continuer. Sur ce dernier, chacun peut y venir et se proposer. Mieux que cela, si le succès n’est pas au rendez-vous, il est quand même possible de rester et impossible d’être enlevé. Quand aux imposteurs, chacun pouvant s’exprimer, il va de soit qu’ils ne pourront tromper les internautes puisque ceux-ci les dénonceront.
Internet ou la vocation
Internet est donc le seul moyen qui puisse vraiment appliquer la reconnaissance de la vocation. En effet, avec celui-ci, la contrainte est inexistante. La reconnaissance peut se faire à tout moment, même des siècles plus tard. Mais, le plus important, c’est qu’elle peut se faire par tous. Le monopole réductif n’existe plus. La vocation domine les contraintes imposées par la professionnalisation. L’Internet est même le moyen qui permet d’amener la personne à exercer professionnellement sa vocation. La crise de l’identité, du sentiment de ne pas être soi ou d’avoir raté sa vie peut disparaître définitivement. De plus, l’Internet a même créé avec lui ses propres vocations dont les plus connues sont celles de « blogueurs » ou « journalistes citoyens », si ce ne sont la même chose. Ainsi, un chômeur ou un retraité peut s’accomplir dans ce genre de passions encore inconnues lorsque l’informatique n’avait pas encore inventé le réseau numérique pour tous.
Permettant la véritable égalité des chances, étant véritablement démocratique et pilier de la démocratie pour cela, permettant absolument l’accomplissement de soi, l’Internet peut être le premier moyen, pour l’Homme, de réussir sa vie et d’accéder au bonheur.