Le parti républicain vient d’élire à sa tête Michael Steele, ex gouverneur adjoint du Maryland. Le vote ne s’est pas fait sans douleur : il aura fallu pas moins de 48 heures et de six scrutins pour que les électeurs se mettent d’accord. Détail d’autant plus remarqué que le nouveau chef du parti est un Afro-américain.

Remarqué ? Plutôt remarquable ! Car il se peut que le parti de Bush veuille tirer au plus vite un trait sur ce qui l’a mené à sa perte lors des dernières élections : le libéralisme sauvage qui a plongé les Américains dans la récession, la situation raciale critique (surtout à l’égard des minorités défavorisées) et l’idéologie guerrière qui a enlisé le pays en Irak et en Afghanistan. Ce républicain atypique se fait fort de porter la parole du parti et de se faire entendre des minorités noires, Latino-Américaine et autres.

 

 

 


 

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Que veut le nouveau chef du RNC (Republican National Committee)? Réformer le parti pour qu’il réponde aux aspirations des minorités. En jouant les gauchistes ? Il ne semble pas que la chose soit au programme ! Steele semble vouloir revenir aux fondamentaux de la culture américaine et à un conservatisme plus strict. Autrement dit, une politique rendue à la morale, un allègement des charges sociales, des comptes publics rééquilibrés et la défense de la démocratie dans le monde. Pour nous autres, Européens, la différence avec le gouvernement sortant, dite comme ça, peut ne pas sauter aux yeux… Précisons que pendant ces élections, Michael Steele est passé pour un modéré puisque membre du Republican Leadership Council, une organisation qui tente de revenir aux fondamentaux du conservatisme américain (1).

Un conservateur qui s’intéresse aux minorités sans donner dans le registre de la gauche dure comme Barack Obama (certains conservateurs le pensent réellement)? Il faut dire que dans une certaine mesure, de nombreuses minorités (ethniques ou pas…) sont enclines à voter pour les conservateurs. Ce qu’ils n’ont pas fait lors des dernières présidentielles, écœurés de ces huit années d’administration Bush.

 

Mais il est une autre donnée significative, concernant ce désir de séduire les minorités : leur poids démographique. Bien que les minorités aient d’ordinaire tendance à s’abstenir aux élections présidentielles au profit des élections locales (exceptée pour la dernière, bien sûr !), elles représentent, décidées à voter, une force électorale importante. Certes, les Afro-Américains sont plutôt démocrates…mais Steele est noir et se dit capable de parler à sa communauté. Les Latino-Américains sont traditionnellement plus républicains…et connaissent une forte expansion démographique. Si l’on ajoute les autres communautés (Asiatiques…), on en vient à constater que les descendants des WASP sont minoritaires dans les états de Californie ou au Nouveau Mexique, où ils représentent moins de 50% de la population. Une tendance qui devrait se généraliser avant 2050.

 

Le RNC a donc peut être compris qu’il était capital de « vivre avec son temps » en s’adressant à des minorités qui n’en seront plus dans un avenir proche (2). Quelques jours après l’ « Obamania » française, les Etats-Unis nous montrent qu’un homme noir  peut rouler pour le camp qui, pour nous, symbolise tout sauf le progrès.

 

Il est intéressant d’observer maintenant ce que vont en faire les commentateurs et les politiciens.

 

 

 

 

 

 

1. http://www.republican-leadership.com/

2.http://www.geopopulation.com/20080819/demographie-etats-unis-la-population-blanche-minoritaire-en-2042/