Connaissez-vous cet homme ? Bernard Tapie, lui, le connaît. Il s’agit de François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée chargé des affaires économiques. Et il a reçu l’ancien radical de gauche reconverti au sarkozisme le 12 septembre dernier, au surlendemain de son audition à l’Assemblée nationale, concernant l’affaire d’État du scandaleux "arbitrage" qui lui a accordé une indemnité record au détriment du contribuable.
rencontre en catimini qui fait désordre. Toute la stratégie de défense de Tapie comme de Christine Lagarde, ministre de l’Économie officiellement responsable de la décision de recourir à ce dispendieux arbitrage privé, au lieu de laisser se poursuivre les procédures devant la justice de la République, a en effet consisté à nier l’intervention de Nicolas Sarkozy dans ce dossier, assertion proprement invraisemblable.
Que Tapie se rende discrètement à l’Élysée et l’on est fondé à se demander ce qu’il peut bien venir y faire, si la présidence n’a rien à voir avec son affaire. Voilà donc pourquoi, confondu par Bakchich.Info, il nie farouchement : « Vous rêvez ! », hurle-t-il. « Je n’ai pas de compte à vous rendre. Je ne suis pas un sous-citoyen et vous n’êtes pas un juge d’instruction. » Avant d’ajouter : « Si j’y étais allé, je vous le dirais, je vous raconterais même pourquoi et qui j’ai vu ».
Sympa Tapie ! Sauf que « Nanard » était bien dans la cour de l’Élysée ce vendredi en fin d’après-midi, une journaliste de Bakchich l’y a croisé. Double manque de chance pour lui, un confrère de Challenges confirme. De façon ultra précise : "Bernard Tapie a bien été reçu vendredi à l’Elysée par un collaborateur de Nicolas Sarkozy. A 16h05, très exactement, l’ancien homme d’affaires a été conduit devant le bureau du secrétaire général adjoint chargé des affaires économiques, François Pérol, au deuxième étage de l’aile droite de l’Elysée. « Ah, mais il y a du beau linge ici ! », se sont exclamés des membres de Matignon sortant du bureau."
Voici comment Aujourd’hui le Maroc résume l’affaire : "Dans les milieux qui suivent les aventures financières et juridiques de Bernard Tapie sous l’ère Sarkozy, l’information eut un effet retentissant. Et pour cause. Toute la stratégie de l’Elysée a été de nier toute implication de Nicolas Sarkozy dans cette affaire en établissant une sorte de cordon de sécurité et de distance hygiénique entre les deux hommes.
Et voilà que tout cet échafaudage risque de tomber." L’analyse est correcte, sauf que l’ "effet retentissant" s’avère extrêmement limité dans nos grands médias ! Entre François Pérol qui a fait répondre à Bakchich qu’il n’avait pas le temps de répondre aux questions de ses limiers, l’Élysée qui fait savoir officiellement qu’il… n’a pas de commentaire à faire et Pinocchio Tapie, vu par deux journalistes de médias différents mais qui ment comme un arracheur de dents, la presse va-t-elle faire son travail de donner un peu plus d’écho à ce lamentable nouveau foutage de gueule ?
Daniel Schneidermann, le taulier d’@rrêt sur images, s’amuse dans sa chronique du Neuf-quinze du fait que le fantôme de Tapie apparu à l’Élysée ait moins de retentissement que la vierge de Bernadette Soubirous, placée sous les feux de l’actualité par la visite papale : "L’AFP signale l’Apparition (de Tapie). Le Chateau se tait toujours. Au cours du week-end, l’Apparition gagne tous les sites de presse en ligne, de Libération au Monde, en passant par le Journal du Dimanche.
Ce sont des sites sérieux, d’organes de presse sérieux, à qui on ne la fait pas. Mais l’Élysée se tait obstinément. On se branche enfin sur les radios du lundi matin. Pas un mot." Puis il s’étonne dans un chat sur Libération : "Je suis soufflé par le silence des médias traditionnels sur la visite de Tapie à l’Elysée, vendredi dernier. Il y est aperçu par une journaliste de Bakchich au lendemain de son audition à l’Assemblée. Et ce alors que Lagarde a toujours affirmé que Sarkozy n’était pour rien dans son affaire. Ébullition dans la presse en ligne tout le week-end. Hier lundi, Challenge.fr confirme. Une de ses journalistes a bien rencontré Tapie à l’Élysée. Et rien au journal télévisé, et quasiment rien à la radio, et des brèves dans la presse papier. C’est à n’y rien comprendre."
Si : que l’information est bien malade en Sarkozie.
Et le nez s’allonge, s’allonge…