Et en plus il est c*** ! Juste avant de partir pour Dublin, où il est attendu lundi prochain, Nicolas Sarkozy s’est laissé aller, devant les parlementaires UMP réunis autour de lui par "le président de tous les Français", à livrer sans détour son nouvel oukaze : "les Irlandais devront revoter".

Félicitons-nous de sa maladresse : s’il voulait plomber Lisbonne, il ne s’y prendrait pas autrement ! Espérons que les nonistes Irlandais sauront réserver à Sarkozy l’accueil qu’il mérite, pour lui signifier combien ils apprécient la contestation de leur souveraineté par l’agité de l’Elysée : concert de huées et lancer de tomates et oeufs pourris bienvenus ! Qu’ils vengent les Français à qui l’on interdit de manifester quand le chef de l’Etat est annoncé…

La réaction des officiels irlandais est du reste on ne peut plus embarrassée, comme le raconte La presse canadienne (les notes entre crochets sont nos observations) : "En Irlande, le ministre des Affaires étrangères Michael Martin a tenté de minimiser les commentaires du président français. "Le président Sarkozy se prononçait lors d’une réunion de parti privée", a-t-il souligné. [Le coup de la réunion privée : on rêve !] Lui, comme tout autre démocrate, a droit à son point de vue particulier sur la marche à suivre. [le terme de démocrate est savoureux, pour qui a refusé le verdict des référendums français et néerlandais de 2005 et rejette aujourd’hui l’issue de la consultation irlandaise] Il reviendra au peuple irlandais de décider comment nous avancerons après Lisbonne. En dernière instance, ce sont nous qui prendrons la décision." ["nous", ses dirigeants, ou "le peuple irlandais"  ? Parce que c’est pas pour dire, mais le peuple s’est déjà prononcé !] Le chef du Parti travailliste (opposition) Eamon Gilmore s’est montré moins diplomatique, estimant que M. Sarkozy avait "sérieusement mis les pieds dans le plat", s’interrogeant sur l’opportunité d’un tel commentaire à quelques jours de sa visite en Irlande. "On nous a expliqué qu’une des raisons principales de la visite du président en Irlande la semaine prochaine était de lui permettre d’entendre les points de vue des Irlandais sur ce qui doit désormais être fait", a-t-il noté. "Cependant, s’il s’est déjà décidé sur ce sujet, ce sera une écoute plutôt creuse". [Tartuffe est démasqué !] Le Sinn Fein (nationaliste), seul grand parti à avoir fait campagne contre le traité, a estimé par la voie du député Aengus O Snodaigh que ce n’était pas la première fois que des dirigeants européens tentaient d’"intimider" l’Irlande, et a rappelé que "le traité de Lisbonne est mort".

Hélas, non. Il le devrait, certes. Puisque la régle est que ce traité ne saurait entrer en application s’il n’est pas ratifié dans tous les Etats-membres, cette emmerdeuse d’Irlande comprise. Et que l’Irlande a dit Non. Voilà pourquoi "les irlandais devront revoter" ! Alors juste quelques questions en passant à Nicolas Sarkozy : Monsieur le Président, si les Irlandais s’étaient prononcés pour le Oui, devraient-ils également revoter ? S’ils choisissent à nouveau le Non, un troisième référendum se tiendra-t-il ? Les Irlandais devront-ils revoter jusqu’à ce que le Oui triomphe ? Et enfin, si l’on est fondé à réclamer un nouveau scrutin dès lors que le résultat n’est pas celui que l’on souhaite, pourquoi ne serait-il pas légitime de procéder à une nouvelle élection présidentielle pour non c'est non 2revenir sur le fâcheuse issue du 6 mai 2007 ?

PS : les visuels proviennent du site Non c’est non.