Le 19 mai dernier, Calamity Dati était en visite à quelques kilomètres du QG de Plume de presse, à la maison d'arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône). Elle y a cherché à minimiser l'ampleur du problème des prisons françaises : "sur les 190 établissements que nous avons en France, ils ne sont pas tous en surpopulation, a-t-elle affirmé. Il y a, je crois, à peine 6% des établissements qui seraient en surpopulation". Les statistiques officielles donnent un tout autre pourcentage : 63%. L'erreur de la ministre de la Justice est donc de… 90,5%, rien que ça ! L'Observatoire international des prisons a par conséquent fustigé son "incompétence". Il est vrai que l'hypothèse est plausible. Mais n'écartons pas aussi rapidement la malhonnêteté : peut-être Dati est-elle à la fois incompétente et menteuse !

Mettons-lui en tout cas les points sur les i (excellent éditeur 😉 en rappelant que le rapport sénatorial sur Les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France de juin 2000 parlait d' "humiliation pour la république". Et lisons des extraits de la contribution de la section française de l'Observatoire international des prisons, rédigée en février dernier pour le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies : "Alors qu'elle avait été dénoncée par deux rapports parlementaires en 2000, la situation des prisons s'est sérieusement détériorée ces quatre dernières années, sous l'effet d'une politique pénale orientée vers l'incarcération – provoquant une forte inflation carcérale et générant une surpopulation record – et une politique pénitentiaire axée sur le renforcement de la sécurité. Les gouvernements sont restés sourds aux insistantes recommandations des instances nationales et internationales de protection des droits de l'Homme (…) L’inflation carcérale constatée depuis 2002 s’est largement aggravée en 2007. Un record historique de 65 046 personnes au 1er décembre 2007, soit + 6,6% depuis le 1er décembre 2006 (+ 4 016 détenus) et + 22,3% depuis le 1er avril 2002 (+ 11 853 détenus). Cette augmentation sans précédent a entraîné la hausse très rapide du taux de détention, passé de 77,1 pour 100 000 hab. en 2002 à 102 en 2007. Au 1er janvier 2008, 11 948 détenus sont en surnombre par rapport aux places disponibles. Appelé à se prononcer sur les questions de santé en prison, le Comité d'éthique a estimé que «la surpopulation carcérale entraîne le non-respect du droit à l’hygiène, à l’intimité, à la salubrité des locaux et à des conditions de vie non dégradantes pour la santé physique et mentale». Dès 2003, le Comité européen de prévention de la torture (CPT) avait estimé que les effets de surpopulation des maisons d'arrêt s'apparentaient à un «traitement inhumain et dégradant». Il avait recommandé de lutter résolument contre le surpeuplement par une réduction du recours à l'emprisonnement, afin que l’échéance du 13 juin 2008 fixée par la loi pour assurer l'encellulement individuel soit respectée. Le gouvernement a fait le choix rachida_datiinverse de durcir toujours davantage sa politique pénale". Terminons enfin par le nombre des détenus surpeuplant les prisons françaises au 1er mai 2008 : 63 645. Presque un record : en juillet 2004, elles comptaient 7 personnes supplémentaires. Mais avec les peines planchers, l'atténuation de l'excuse de minorité ou la rétention de sûreté, encore un effort, Cruella Dati : suivant le modèle américain cher à votre président, la France peut crever de nouveaux plafonds. Le 23 avril dernier, le New York Times sortait cette statistique étonnante : les États-Unis comptent 5% de la population mondiale mais 25% de la population carcérale de la planète, un détenu sur quatre. Sarkozy et Dati rêvent sans doute que le quatrième soit Français…