On pensait que la croissance française atteindrait 1,9% en 2007, voilà qu'elle culmine finalement à 2,1. Aussitôt se pâment nos gouvernants : Sarkozy estime que ces chiffres "témoignent de la nécessité de garder le cap", Fillon juge que "C'est une très, très bonne nouvelle", y voyant une conséquence "des mesures que nous avons prises en faveur du travail" et Lagarde ne craint pas de se féliciter : "Vous accueillez ce matin un ministre de l'Economie qui se réjouit et qui jubile". Ces déclarations extatiques se justifient-elles ?
Voyons ce qu'en dit l'économiste Nicolas Bouzou, qui dirige la société d'études Asterès, qu'il a créée, et enseigne à Sciences-Po et à l'Université Paris VII. L'homme est un néo-libéral pur sucre, comme l'atteste ce concentré de propagande patronale que l'on peut lire sous sa plume dans son ouvrage Petit précis d'économie appliquée à l'usage du citoyen pragmatique, publié en mars 2007 : "Nous ne travaillons pas assez, les entreprises investissent trop peu, notre système fiscal pénalise la création de richesse et la croissance future. Quant à notre marché du travail, sa rigidité protège les salariés en place, mais ferme les portes de l'ascenseur social aux plus fragiles. L'Etat enfin, gaspille de précieuses ressources sans compter. Ces assertions reposent chacune sur des faits tangibles, et non sur des a priori idéologiques". Tu parles ! Que les Français ne travaillent pas assez est faux (voir Durée du travail en France : un mensonge d'État), la dénonciation du système fiscal est typique de la droite (purement idéologique, donc) – ce sont de semblables positions qui justifient le scandaleux bouclier à 50% – et le marché du travail, jugé trop rigide, est constamment flexibilisé depuis des années sans que jamais les travailleurs n'en bénéficient ! Pour preuve, depuis 1980, "la proportion des travailleurs à temps partiel est passée de 6 à 18% de l'effectif salarié total, et celle des autres formes d'emploi atypiques (intermittence, intérim, etc.) de 17 à 31% du salariat" (Le Monde, 30 novembre 2007). Dans le même temps, "le revenu salarial net n'a pratiquement pas augmenté depuis ces vingt-cinq dernières années" (Les Échos, 30 novembre 2007), tandis qu'ont explosé les profits des entreprises : "les approximations optimistes concèdent 16% d'augmentation seulement (des salaires) entre 1987 et aujourd'hui. C'est aussi en 1987 que naissait le CAC 40, avec un indice 1000. Il cotait 5697 points le 11 décembre dernier : + 470%, donc" (Le Monde diplomatique, janvier 2008). Voilà donc à quoi mène le flexibilisation du marché du travail que Bouzou appelle de ses vœux ! Toujours est-il que cet économiste, qui propage de façon aussi éhontée les dogmes libéraux, devrait se montrer enthousiaste à propos de l'embellie de la croissance qui fait sauter de joie le gouvernement. "La trentaine de mesures en faveur du pouvoir d'achat n'ont pas empêché la consommation des ménages de freiner fortement", estime-t-il pourtant, interrogé dans l'édition d'aujourd'hui des Échos. "Le gouvernement se réjouit de bons chiffres dont pas grand-chose de tangible ne montre qu'ils puissent être mis à son crédit", conclut-il.
Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'Economie et la fiscalité et ancien hôte de Bercy, est encore plus sévère en fustigeant "la fanfaronnade sidérante du gouvernement" : "Ce niveau de croissance atteint en 2007 reste faible, surtout au regard des résultats obtenus par nos principaux partenaires européens (2,6% pour l'ensemble de la zone euro, 2,5% pour l'Allemagne et 3% pour le Royaume-Uni). L'analyse des enquêtes de conjoncture montre une dégradation profonde et durable des indicateurs économiques en France". Exemple : "la production industrielle se tasse (-0,8% en mars 2008, NdA). L'autosatisfaction dont fait preuve le gouvernement est dès lors totalement déplacée et à tous égards inacceptable."
[img]http://www.blogoutils.com/images/a1.gif[/img] OLIVIER BONNET, j’aurai aimé retrouver l’article ou vous avez été plagié, pour venir témoigner, moi aussi, Dominque Dutilloy me l’a signalé par téléphone, mais je n’ai pas demandé le titre, je connais jute le nom de l’auteur, mais comme il produit « a la chaine », je ne sais pas quel l’article « incriminé », si vous pouviez me renseigner, ici, sur votre article, je me ferai un « plaisir » d’aller vous défendre, comme je défendrai TOUT auteur PLAGIE, j’ai eu le même problème, il y aquelques mois, et C4N, a retiré l’auteur de la liste!!! AVEC VOUS SOPHY
vos articles en économie sur toujours aussi intéressants et compréhensibles pour moi qui essaie depuis qques mois de m’intéresser à ce secteur, et surtout d’y comprendre qqch !
pourquoi, ne parle-t-on pas plus de « décroissance » ? cela n’aurait rien de honteux… ou bien forcément dans la tête de la plupart des personnes : décroissance = travailler et produire moins ?
alors que cela pourrait être un terme positif pour passer à une autre forme de croissance, positive et bénéfique pour la Terre, et qui d’ailleurs, à mon avis, nécessiterait vraiment de travailler avec des motivations plus noble que la rentabilité et l’appât du gain à tous prix !
je trouve que c’est fatiguant d’entendre toujours, en 2008, que « l’argent c’est le nerf de la guerre ».